Chapitre 10 : DayDream

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    M. Klaus était dans une fatigue qui le rendait fragile et sensible, il ne savait plus où il en était exactement. Il avait pris des médicaments pour tenir. L'appel commença avec ses mots.

— « Gianni... » Sa propre voix semblait venir de loin, étrangère, comme si un autre parlait à sa place. « Je... Nous devons parler. »

    Il y eut un silence, une pause qui semblait suspendre le temps. Klaus s’imagina le visage de l’adolescent, probablement surpris par cet appel nocturne. Puis la réponse vint, calme, posée, mais avec cette teinte de curiosité qui trahissait l’intérêt de celui qui l'écoutait.

— « Pourquoi maintenant, monsieur Klaus ? Je suis chez moi, seul. Vous voulez discuter par appel ? »

    Ces mots, si innocents en apparence, portaient en eux une promesse de danger. L'enseignant sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale. Il savait que ce rendez-vous serait un tournant, peut-être le point de non-retour qu’il redoutait tant. Mais il était trop tard pour faire marche arrière. Il devait savoir, devait affronter ce qu’il avait longtemps tenté de fuir.

— « D’accord, » répondit-il enfin, d’une voix plus ferme qu’il ne se sentait. « Je viens. Tu aurais un lieu ? »

    L'appel se termina quelques minutes après, il raccrocha, le cœur battant à tout rompre, conscient que cette nuit marquerait un avant et un après. Il attrapa une veste, enfila rapidement ses chaussures, et sortit de l’appartement sans même éteindre les lumières. Le besoin de faire face, de trouver des réponses, était plus fort que tout autre considération.
    L’air nocturne était frais, mordant, alors qu’il se dirigeait vers sa voiture. L’obscurité n’avait jamais semblé aussi menaçante. Mais il n’y prêta pas attention. Tout ce qui comptait, c’était l’urgence de mettre un terme à cette spirale infernale. Et si cela impliquait d’affronter Gianni, alors il était prêt à prendre ce risque.

    Peut-être allait-il se libérer. Ou peut-être n’y aurait-il que davantage de noirceur. Mais il ne le saurait qu’une fois arrivé à destination.

    Klaus conduisait en silence, ses mains crispées sur le volant, chaque tournant l'éloignant un peu plus de la sécurité relative de son appartement et l'approchant inexorablement du point de rupture. Les rues, désertes à cette heure, semblaient étirer leur longueur, comme si le monde entier retenait son souffle en attendant le dénouement de cette nuit. Il ne savait plus vraiment ce qu'il faisait, tellement la fatigue était forte. La dernière consommation l'assommant.
    Il repensait aux mots de Gianni, leur banalité dissimulant une menace implicite. « Pourquoi pas, maintenant, monsieur ? Vous pouvez venir, chez moi. Il n'y a personne... » L'image de l'adolescent, dans son refuge isolé, prenait forme dans son esprit, un mélange de curiosité et de danger. Que voulait vraiment Gianni ? Était-ce une simple confrontation, une discussion qui mettrait tout à nu ? Et lui-même, que voulait-il ? Ou y avait-il quelque chose de plus sinistre derrière cette invitation nocturne ?
    Chaque minute de silence renforçait l'écho de ces questions, la tension dans l'habitacle devenant presque palpable. Gianni, ce gamin à l'apparence innocente, cachait quelque chose que Klaus n'arrivait pas encore à cerner. Mais ce soir, il était décidé à découvrir ce que c'était, même si cela signifiait plonger encore plus profondément dans le côté morbide.

    Le trajet jusqu’à la maison de Gianni semblait interminable, mais lorsque Klaus arriva enfin, une étrange calme l’envahit. Ce n’était plus le moment de douter. Il devait affronter ce qui l’attendait, sans reculer.
    La maison, seules quelques lumières diffuses filtraient à travers les rideaux. Le professeur sortit de la voiture, sentant le froid de la nuit s'insinuer sous sa veste. Chaque pas sur le chemin de pavés semblait résonner dans le silence environnant, comme un compte à rebours vers l'inévitable. Qu'est ce que je fais ici ? Qu'est-ce que je fou là ? Pourquoi je me laisse porter...

Sous le poète et le professeur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant