Chapitre 17

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NDA: Au vu du contenu du chapitre précédent, et pour ceux qui n'auraient pas pu le lire, je ne vous fais pas trop attendre. Bonne lecture !


Gabriel retint son souffle lorsque les doigts d'Aliénor lâchèrent la rambarde. Son cœur manqua un battement, la terreur s'insinuant dans ses veines comme un poison. Pendant une fraction de seconde, le monde sembla s'arrêter, chaque goutte de pluie suspendue dans l'air, chaque son éteint, alors qu'il fixait, horrifié, la silhouette de la femme qu'il aimait.

Tout ce qu'il pouvait voir, c'était ses mains qui se détachaient du métal froid, son corps vacillant dangereusement en avant. Le pont semblait se rétrécir autour de lui, ne laissant plus que cet espace infime entre Aliénor et la chute, entre la vie et la mort. Et pourtant, quelque chose dans son regard, quelque chose dans l'infime mouvement de ses épaules lui fit comprendre qu'elle avait fait ce choix.
Pas celui de sombrer, mais celui de lui revenir.

Elle tourna lentement la tête, ses yeux rencontrant à nouveau les siens. Le vide qui y régnait, ce gouffre noir, semblait se remplir peu à peu de quelque chose de différent, une lumière vacillante, fragile, mais bien présente. Gabriel ne savait pas s'il osait encore respirer, mais il savait qu'il ne pouvait pas se permettre de fléchir maintenant.

— Aliénor... murmura-t-il, tendant la main vers elle, chaque syllabe chargée d'une émotion brutale, presque douloureuse.

Elle fit un pas en arrière, repassant du côté sécurisé de la chaussée et laissant la rambarde derrière elle. Gabriel la rejoignit en un instant, son cœur battant si fort qu'il craignait qu'il n'éclate. Il ne perdit pas un instant de plus et l'enveloppa dans ses bras, la tirant contre lui avec une force qu'il ne se savait même pas capable de posséder. Elle se laissa faire, épuisée, abattue, son corps tremblant contre le sien, ses vêtements détrempés collant à sa peau.

— Mon Dieu... Aliénor... balbutia-t-il, la voix brisée par l'émotion. Je suis là... je suis là, tu es en sécurité maintenant...

Il sentit sa propre respiration s'accélérer, ses mains caressant ses cheveux mouillés, ses épaules, son dos, comme pour s'assurer qu'elle était bien là, qu'elle n'allait pas lui échapper. Elle ne disait rien, enfouissant son visage contre sa poitrine, ses doigts s'accrochant désespérément à sa veste.

— Je suis désolée... souffla-t-elle, à peine audible sous le vacarme de la pluie.

Gabriel secoua la tête, serrant ses yeux pour retenir les larmes qui menaçaient de couler.

— Non... non, Aliénor... ne sois pas désolée... tu es là, c'est tout ce qui compte... murmura-t-il en la berçant doucement. Je t'aime... je t'aime tellement...

Il ne savait plus s'il tremblait de froid ou d'émotion, peut-être des deux, mais il refusait de la lâcher, refusait de la laisser seule un seul instant. Elle était fragile, encore sur le fil, et il devait tout faire pour la ramener avec lui, pour l'aider à retrouver un semblant de paix.

Après ce qui lui sembla une éternité, Gabriel s'écarta légèrement, juste assez pour pouvoir la regarder dans les yeux. Son visage était ravagé par la fatigue, les larmes se mêlant à la pluie, mais il y avait dans son regard une lueur qu'il n'avait pas vue depuis trop longtemps. Une lueur d'espoir, aussi faible soit-elle.

— On rentre à la maison, d'accord ? murmura-t-il, sa voix douce mais ferme, cherchant à l'ancrer à cette réalité, à ce moment où elle avait choisi de rester.

Elle hocha lentement la tête, comme si chaque mouvement lui coûtait un effort immense. Gabriel passa un bras autour de ses épaules, et appela son chauffeur pour qu'il vienne les chercher. En attendant son arrivé il retira sa veste pour la passer sur les épaules de la jeune femme qui lui semblait au bord de l'hypothermie. Elle refusa au début mais très vite Gabriel ne lui laissa pas le choix et elle n'était pas en mesure de refuser bien longtemps. L'odeur de Gabriel l'entourait maintenant et elle se sentait plus calme, comme apaisée par cette odeur si familière. La voiture arriva vite et Gabriel la guida doucement, la soutenant alors qu'ils se dirigeaient vers sa voiture garée non loin. Le trajet fut silencieux, ponctué seulement par le bruit régulier des essuie-glaces qui balayaient la pluie incessante. Aliénor restait blottie contre lui, épuisée, comme une poupée de chiffon, mais il sentait qu'elle était là, avec lui, qu'elle luttait encore.

Sous haute protection T.2 [Gabriel Attal Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant