XVII Ellora

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Un jour, un seul jour avant d'arriver à Auronis. Ellora commençait à reconnaître les paysages familiers qui annonçaient leur proximité avec la capitale. Dès qu'elle et Shadow avaient franchi Maldriss, l'une des villes voisines, un frisson glacé avait parcouru son dos. Le souvenir de l'épreuve qui l'attendait la paralysait presque, mais elle remercia intérieurement Shadow pour son refus obstiné de prendre le bateau. Bien que l'embarcation n'aurait pris qu'une trentaine de minutes, ils avaient préféré continuer à cheval, rallongeant ainsi leur trajet à environ cinq heures.

Une véritable course contre la montre s'engagea.

Ellora cherchait désespérément une solution, une échappatoire, quelque chose, n'importe quoi pour se libérer. Réfléchis, Ellora, il doit bien y avoir un moyen, se répétait-elle en boucle, s'accrochant à l'espoir comme à une bouée de sauvetage.

Elle ferma les yeux un instant et murmura une prière à Lyris espérant un miracle. Mais rien ne se produisit. Ses liens restaient aussi serrés, et Shadow la maintenait toujours fermement, le regard fixé sur l'horizon. Peut-être que Néthar m'aidera, pensa-t-elle alors. Avec une foi renouvelée, Ellora murmura une prière au dieu de la nuit, le suppliant de lui venir en aide.

À peine eut-elle terminé sa prière que quelque chose changea. Shadow, d'un coup, talonna le cheval qui accéléra brusquement, comme s'il pressentait un danger. Ellora sentit la tension dans les muscles de Shadow, une nervosité qu'elle n'avait encore jamais perçue chez lui. Elle leva légèrement la tête et vit ses yeux fixés derrière eux, scrutant les arbres qui se faisaient plus denses. Il était inquiet, et ce n'était pas à cause d'elle.

Son cœur battait plus fort. Quelque chose ou quelqu'un les suivait.

D'un coup d'œil rapide, Ellora aperçut deux silhouettes à la lisière du bois, à peine visibles parmi les ombres des arbres. Deux hommes, à cheval eux aussi, semblaient se rapprocher, déterminés à rattraper Shadow. Ils étaient encore assez loin pour ne pas être une menace immédiate, mais leur présence expliquait l'attitude tendue de Shadow.

C'était peut-être l'occasion qu'elle attendait. S'ils réussissaient à le distraire, même brièvement, elle pourrait en profiter pour s'échapper.

Elle tenta de garder son calme malgré la vitesse du cheval et l'angoisse qui la rongeait. Son esprit fonctionnait à toute allure. Mais avant qu'elle ne puisse finaliser son plan, les hommes se rapprochèrent davantage, suffisamment pour qu'elle entende l'un d'eux crier d'une voix forte et autoritaire.

— Kael ! Putain arrête-toi !

Ellora fut secouée par cette révélation. Kael ? C'est son vrai prénom ? La question resta en suspens alors qu'elle observait la réaction de son ravisseur. Shadow—non, Kael—ne réagissa pas. Il se contenta de talonner encore plus fort son cheval, essayant de distancer les hommes, mais il était clair qu'il était déstabilisé.

Les deux hommes ne relâchèrent pas la pression. Ils se rapprochaient de plus en plus, leur détermination palpable. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres lorsqu'ils frappèrent, chacun se plaçant de part et d'autre de Kael. Leurs chevaux l'encerclèrent, forçant le sien à ralentir sous la pression.

— Allez Kael, c'est fini, arrête-toi ! cria le deuxième homme d'une voix ferme.

L'ordre ne laissait aucune place à la négociation. Kael se tendit, son regard furieux se posant sur ses assaillants, mais il savait qu'il était coincé.

Les trois chevaux ralentirent progressivement, jusqu'à ce qu'ils soient complètement à l'arrêt, pris dans une danse silencieuse de tension et de menace. Kael avait perdu.

L'Âme des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant