XXIII Ellora

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Ava était allongée là, sa peau autrefois parfaite et radieuse maintenant d'une pâleur maladive, presque translucide. Les blessures et les contusions couvraient ses jambes, ses bras, chaque marque semblant raconter une histoire de douleur et d'angoisse. Les cheveux d'Ava, désormais emmêlés et sales, étaient éparpillés autour de son visage comme un voile de désespoir. Ses yeux, à peine ouverts, étaient remplis d'une brume de souffrance, et chaque respiration semblait lui coûter un effort insurmontable.

La vue de son amie dans un état si pitoyable et déchirant fit naître une colère brûlante en Ellora. Ses larmes coulaient à flots, mélangées à une rage pure et incontrôlable. Elle sentait sa vision se brouiller sous l'impact de la douleur et de l'incompréhension. La colère était maintenant un torrent impétueux, déferlant sans retenue.

Ellora se leva brusquement, ses mouvements brusques et déterminés. Sans un mot, elle se dirigea vers Kael, dont la présence semblait tout à coup insupportable. Son esprit était en proie à une tempête, incapable de formuler des pensées cohérentes. Le chagrin et la rage se mêlaient en un tourbillon dévastateur.

— C'est de ta faute... dit-elle calmement.

Kael se retourna, la surprise et la confusion se lisant sur son visage. Il se leva pour faire face à Ellora, levant les mains en signe de défense.

— Ellora, je te jure que ce n'est pas moi.

Mais Ellora ne voulait rien entendre. Son cœur était un champ de bataille, et elle était prête à laisser libre cours à sa douleur. Sans prévenir, elle leva le poing et le frappa de toutes ses forces. Le coup fit vaciller Kael, qui recula sous l'impact, mais il se ressaisit rapidement.

Ellora s'effondra presque immédiatement après, les larmes coulant en torrents incontrôlables. Elle se laissa tomber contre Kael, tout en continuant de lui frapper le torse. Ses sanglots déchirants résonnant dans la cellule froide. Kael, bien que surpris, réagit rapidement. Il enroula ses bras autour d'elle, la tenant fermement contre lui, essayant de lui offrir un réconfort maladroit mais sincère.

— Désolé.

Ellora ne répondit pas. Ses pleurs étaient incontrôlables, chaque sanglot secouant son corps. Le poids de l'inquiétude et de la douleur d'Ava l'accablait, et elle se raccrochait à Kael pour la seule raison qu'il était là, malgré tout. La chaleur de son étreinte était une source de réconfort paradoxal, un contraste avec le froid glacial de la cellule.

— Ellora, il faut l'a soigner. Prends la couverture, nous devons l'emmener dans ma chambre, ordonna Kael, sa voix trahissant une légère tremblante sous la pression.

Ellora hocha la tête, ses larmes toujours aux yeux, et se leva avec une détermination fiévreuse. Ses mains tremblaient alors qu'elle attrapait une couverture usée dans un coin de la cellule. Elle la déplia rapidement, le tissu frémissant sous ses doigts agités, et s'approcha d'Ava, essayant de la couvrir avec une délicatesse maladroite.

Kael, malgré la tension évidente dans son regard, resta étonnamment impassible. Ses traits étaient marqués par une inquiétude profonde, mais son expression restait résolue et calme. Il souleva doucement le corps affaibli d'Ava, chaque mouvement empreint d'une précaution extrême, comme s'il avait peur de causer encore plus de douleur à la femme qu'il portait.

— Suis-moi, murmura Kael en se dirigeant vers la porte, ses pas lourds et mesurés résonnant dans le couloir silencieux.

Cette impassibilité, cette absence de panique dans l'attitude de Kael, eut un effet paradoxalement apaisant sur Ellora. Tandis qu'elle le suivait dans les couloirs du château, ses pensées chaotiques ne trouvant de réconfort que dans l'action. Ils traversèrent le labyrinthe de couloirs, leurs pas résonnant dans les pierres anciennes.

La chambre de Kael était située à l'extrémité du couloir, loin des zones les plus fréquentées du château. Lorsqu'ils arrivèrent enfin devant la porte, Kael l'ouvrit avec une lenteur calculée. Il entra dans la pièce, posant doucement Ava sur le lit aux draps encore froissés.

Ellora se précipita à ses côtés, l'esprit tourmenté, cherchant désespérément des signes de vie. Elle observa Kael préparer rapidement la pièce, cherchant des fournitures médicales et tentant de rendre l'endroit aussi accueillant que possible dans l'urgence.

— Kael, il faut vraiment qu'on l'emmène chez un médecin. Elle a besoin de soins urgents, déclara Ellora, sa voix empreinte de panique.

Kael acquiesça, son visage sérieux.

Kael, toujours impassible, se dirigea rapidement vers une armoire murale où il sortit des fournitures médicales avec une efficacité mesurée. Il se prépara à soigner Ava, ses gestes précis et méthodiques contrastant avec l'urgence de la situation.

— Pour l'instant, évitons d'alarmer tout le château. Si on découvre que j'ai fait s'échapper deux prisonnières, je serai dans la merde, expliqua Kael, son ton résolu mais légèrement fatigué. Donne-lui de l'eau pour l'aider à reprendre des forces.

Ellora, malgré le tumulte intérieur et les larmes qui coulaient encore sur ses joues, se concentra sur les tâches pratiques. Elle prit une petite cruche d'eau et, avec une délicatesse attentive, en donna quelques gouttes à Ava, espérant que cela lui apporterait un peu de réconfort. La peau d'Ava était brûlante et déshydratée au toucher, et chaque gorgée semblait un petit répit précieux pour elle.

En même temps, Ellora entreprit de laver les plaies visibles sur les jambes d'Ava. Elle appliqua doucement de l'eau tiède et du savon sur les coupures et les éraflures, nettoyant soigneusement la saleté et le sang séché. Cependant, en déplaçant le tissu de la couverture, elle découvrit une zone encore plus inquiétante au niveau de l'entrejambe. Les blessures étaient plus graves ici, les tissus abîmés et enflés, laissant transparaître une douleur profonde et violente.

Putain.

Ellora sentit une nouvelle vague de désespoir et de colère monter en elle. Ses mains tremblaient davantage alors qu'elle poursuivait son travail avec une précaution extrême. Elle avait du mal à contenir ses larmes en découvrant l'ampleur des blessures d'Ava. Elle appliqua doucement une compresse stérile sur les plaies les plus sévères, essayant d'alléger la souffrance de son amie tout en essayant de préserver sa dignité.

Kael, de son côté, se déplaça avec une rapidité méthodique. Ses yeux restaient impassibles, mais chaque mouvement révélait une détermination inflexible. Il sortit des bandages et des pommades antiseptiques de l'armoire, se préparant à traiter les blessures d'Ava avec une précision professionnelle.

En observant Kael appliquer les traitements, Ellora ne pouvait s'empêcher de penser qu'il devait avoir une vaste expérience dans ce domaine. Après tout, si son rôle de prince avait peu à voir avec des soins médicaux, ses compétences en tant que tueur à gages l'avaient sans doute amené à maîtriser les arts de la guérison et de la dissimulation. Son efficacité dans ce moment de crise ne faisait qu'accentuer l'impression qu'il était plus habitué à la gestion des blessures que ne le laissait supposer son titre.

Kael entreprit de nettoyer et de bander les plaies d'Ava avec une expertise tranquille. Il appliquait les pommades antiseptiques avec une précision méticuleuse, s'assurant que chaque coupure était correctement traitée avant de l'envelopper dans des bandages stériles. Son calme professionnel contrastait avec l'urgence et la détresse qui régnaient dans la pièce, et cette maîtrise impressionnante offrit un répit inattendu à Ellora, lui permettant de concentrer ses efforts sur les gestes qu'elle pouvait accomplir.

Même si Kael avait une part de responsabilité dans cette situation, Ellora ne pouvait pas lui en vouloir en cet instant précis. Malgré ses propres frustrations et la douleur qu'elle ressentait, elle voyait qu'il faisait de son mieux pour sauver Ava. Son calme et son efficacité dans ce moment critique étaient évidents.

Ellora était confuse, incapable de saisir entièrement pourquoi Kael avait choisi de les aider. Pourtant, elle ne pouvait nier sa gratitude envers lui.

— Kiann...

Kael murmura le nom avec une colère contenue.

— Ce bâtard...

À ces mots, les doutes d'Ellora se dissipèrent comme une brume au soleil. La confirmation que Kiann était derrière tout cela fit naître une rage brûlante en elle. La vérité était claire maintenant : Kiann était le responsable. Et Ellora savait une chose avec une certitude renouvelée : elle allait le tuer.

L'Âme des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant