L'enfance(chapitre 1)

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Bonjour,je me présente,je m'appelle Pedro Jũno.Je suis espagnol,né dans les faubourgs de Barcelone le 7 Juillet 2007,et aujourd'hui,je vais vous raconter toute mon histoire.Vous êtes prêts ? Alors commençons...

Je me rappelle,étant petit,avoir grandi dans un quartier pauvre dans la banlieue de Barcelone,à El Raval précisément.Mon père,était un ouvrier d'origine marocaine travaillant sur les chantiers du centre-ville,tandis que ma mère,elle, espagnole de souche,occupait un poste de vendeuse dans un petit magasin à une environ une demie-heure de notre maison en bus.N'étant malheureusement pas souvent là,mes parents m'obligèrent rapidement,dès ma plus tendre enfance,à me débrouiller.Pour aller à l'école par exemple, situé à une vingtaine de minutes du quartier,j'étais soit accompagné de mon ami Fernando,soit de mon oncle,Ernesto,qui n'était pas souvent disponible non plus.Il m'arrivait également,même si cela était relativement rare,d'aller jusqu'à l'école tout seul,et ce,à à peine quatre ans.Cela paraissait quelque peu inconscient,entre les passages piéton à traverser et les dangers de la rue,mais il n'y avait pas vraiment le choix.Cela semblait bien la seule solution pour faire subsister la famille,et surtout,je compris rapidement qu'ils faisaient ça pour moi.Pour me nourrir.Pour m'offrir une vie plutôt correct malgré leurs faibles revenus et pour que je puisse m'instruire.Je me souviens encore des paroles de ma mère :
-Mon fils, j'espère de tout mon coeur que tu ne deviendras pas comme nous.Tu as la chance de pouvoir aller à l'école, profite en,sois sérieux,et tu auras une vie bien plus agréable.
J'avais du mal à comprendre pourquoi mes parents s'e GGn voulaient autant, puisque tous leurs efforts étaient tournés vers moi.Et cette phrase de ma mère,"J'espère que tu ne deviendras pas comme nous"me faisait mal.J'avais senti les regrets dans sa voix et je trouvais cela assez cruel.Mes parents avaient pourtant tellement de compassion et une bonté de coeur particulièrement belle.Et malgré cela,ils vivaient dans la misère.Encore une fois,cela était réellement dur de les voir se démener seulement pour survivre,et non pour vivre.Puisque qu'ils n'avaient pas de vie.Ils travaillaient en effet tous deux 7 jours sur 7,mon père de six heures du matin à vingt heures,et ma mère de neuf heures à vingt-et une heure.Et rebelote chaque jour.Même pendant les vacances,ils trouvaient d'autres petits boulots afin de gagner le maximum d'argent pour pouvoir me préparer un repas le soir.De mon côté,j'étais un garçon assez particulier.À l'école,ce n'était pas vraiment ça.Malgré tout ce que ma mère m'avait dit pour m'encourager à avoir de bonnes notes,je n'y parvenais pas.Et mes conditions de vie y étaient sûrement pour quelque chose.Notre appartement exigu d'une trentaine de mètres carrés n'était pas vraiment un endroit propice à la concentration,entre les bruits de voitures et les enfant criards à quelques pas de là.De plus,les trajets allers-retours ajoutés aux nuits difficiles dans un lit à moitié cassé ponctuées de sirènes de police et d'aboiements de chiens ne facilitaient pas ce quotidien déjà difficile.Mais une nouvelle fois,je n'en voulais absolument pas à mes parents,qui n'étaient pas responsables.Face à ces difficultés,je suivais à l'époque une assistante sociale,Mme Garcia,qui me convoquait chaque jour après les cours,à seize heures.Elle me posait alors divers questions,comme "Comment s'est passé ta journée ?"ou bien "Comment ça va à la maison ?"ou encore "Tu as besoin de quelque chose ?".C'était une femme très gentille,très à l'écoute,mais en réalité,cela me couvrait de honte plus qu'autre chose.J'avais l'impression d'être traité différemment,d'avoir besoin de l'aide des autres pour m'en sortir,et parfois même de profiter de leur gentillesse.Je n'aimais donc pas vraiment ces rendez-vous qui ne faisaient que me rappeler mon quotidien déjà difficile.Et si l'on pouvait penser que l'école était comme un exutoire pour moi,c'était en réalité loin d'être le cas.Je n'avais pour ainsi dire pas beaucoup d'amis,j'avais du mal à suivre et plusieurs personnes se moquaient de moi ou me rejetaient à cause de mon apparence,et des vêtements que Mme Garcia m'avait gentiment offerts.Ce n'était pas de la grande qualité,mais c'était déjà mieux que rien.Et à ce moment-là,je n'avais pas le droit de me plaindre.Je me contentai de faire ce qu'on me disait,ne faisant pas la fine bouche et acceptant tout de même à contrecoeur ce qu'on me donnait.
En dehors de l'école,je n'avais quasiment pas la moindre passion,si ce n'était la musique et les dessins animés que je regardai aux côtés de mon ami Fernando,un jeune immigré marocain d'un père d'origine espagnole,avec qui j'avais de suite accroché.C'était un garçon de bon coeur,mature pour son âge,et surtout,avec une gentillesse extraordinaire.Malgré sa situation,qui se rapprochait quelque peu de la mienne,il n'hésitait pas à donner quelques morceaux de son pauvre sandwich au thon à quelques mendiants tendant la main dans la rue.J'admirais son attitude,et l'écoutais raconter ses projets pour le futur :
-Moi,plus tard,je rêve devenir avocat ! Pour me battre contre les injustices !Et toi,Pedro ?
"Comme je rêve de devenir comme toi, Fernando", songeais-je souvent.
Face à sa question,j'hésitai durant quelques secondes,puis répondis :
-Je ne sais Fernando,je ne sais pas.
Cette réponse que j'avais formulé me ramena à la réalité.J'avais alors cinq ans,me semble-t-il.Certes,il était tôt pour réellement avoir une idée du métier que l'on souhaitait exercer plus tard.Bien trop tôt même.Mais face à la détermination de Fernando,je me sentais relativement vide,"nul". Quasiment toutes les personnes de ma classe avaient déjà quelque chose en tête : "Astronaute","Policier","Médecin","Boulanger".Et moi,lorsque la question m'était posée,je bafouillai simplement en me grattant la nuque :
-Je ne sais pas maîtresse.
Des rires éclataient alors autour de moi.Je me rappelle même les remarques de certaines filles à la sortie de l'école :
-Tu es vraiment un cancre,Pedro ! Mais que vas-tu devenir ?
Face à cela,je baissai simplement la tête,et ce,sur tout le trajet jusqu'à la maison.Je me posai alors sur le canapé,tout en réfléchissant,à tout et à rien,à ma vie...etc.
-Mais qu'est-ce que je vais faire sérieusement ! m'entendis-je crier,tout en mettant ma tête entre mes mains.Je n'avais pas vraiment d'espoir,entre mes résultats scolaires mauvais et mes passions inexistantes.Rien,absolument rien,ne semblait aller en mon sens.Mes parents,tentaient de comprendre,en vain."C'est peine perdue"soupirai-je un soir.
Finalement,mon anniversaire arriva.C'était un 7 Juillet 2012,et ce jour-ci,mes parents avaient miraculeusement réussi à obtenir un jour de congé.Ma mère,s'abaissant alors vers moi,me prit dans ses bras,tout en me disant :
-Joyeux anniversaire mon chéri.Désolée de ne pas être suffisamment présente pour toi avec ton père.Je te promets que nous allons faire des efforts.
Ce fut au tour de mon père de me souhaiter "Joyeux anniversaire",tout en me faisant un bisou sur le front.Il déposa ensuite une petite tartelette à la fraise sur la table,sur laquelle était posée une bougie.
-Voici ton gâteau d'anniversaire mon fils,c'est tout ce que nous avons pu faire.J'espère que tu es content.
Je hochai la tête,tout en confirmant :
-Oui,je suis très content.Merci papa,merci maman.
Ce qui comptait le plus pour moi,était le geste.En réalité,mon père ne se rendait pas compte de tout ce qu'il avait donné pour moi,et encore une fois,il s'excusa.Je détestai cela,puisque c'était grâce à mes parents que je pouvais aller à l'école,que je pouvais avoir un toit,que je pouvais avoir une vie minimum correct,tout simplement.Puis,ma mère se retourna,prit le cadeau entre ses mains,puis me le tendit :
-Tiens mon chéri,ton cadeau !
C'était un cadeau de taille moyenne,enveloppé dans un papier aux couleurs de l'Espagne.Curieux,et surtout, impatient,je soufflai ma bougie,dégustai la tartelette,puis me précipitai sur le cadeau,dont je commençai à arracher l'emballage.
Ma surprise fut grande à la découverte de celui-ci.

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