Un crépuscule, un pont et une décision

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C'était un de ses soirs où le soleil, cet astre du jour si majestueux, s'éteignait dans son propre sang sur l'horizon de Yokohama. C'était un soir aussi lumineux qu'obscur, un soir nimbé de mystères...

Observant le ciel rougeoyant, un jeune homme se tenait perché sur la rambarde d'un pont. Ce pont n'avait rien de particulier. Il surplombait simplement le port de la ville. Du haut de son perchoir des plus précaires, le garçon, dont les longues jambes plongeaient dans le vide, soupirait à en fendre l'âme. C'était un de ces soupires chargés de souffrances inombrables. Un soupir pratiquement hanté par la mort elle-même. 

Le dos vouté, ses épaules endolories par une fatigue poisseuse, accablante, il restait statique dans le crépuscule. Il n'était pas lui, là-haut, suspendu entre mer et ciel. Là, il était personne. Plus personne. Juste un gamin un peu ­— très ­— perdu et tourmenté par la vie. Un jeune adulte dans le déni de sa propre existence. Une silhouette. Rien de plus, rien de moins. Libérée, d'une certaine façon, du lourd fardeau de son existence.

L'heure tardive peignait de rouge l'impression d'un jugement quelconque attenant le moment fatidique pour s'abattre. Il lui semblait être prisonnier du tic-tac incessant de l'horloge. Une prison insoluble qu'il ne pouvait fuir sous aucun prétexte. Seul, impuissant face à une angoisse à peine étouffée par l'habitude. Seul face aux secondes qui ne lui laissaient aucun répit, juste cette urgence du temps qui passe sans fin.


Tic, et si on arrêtait. Tout.

Tac, oui, c'est si... sombre ici.

Tic, si c'est trop lourd...

Tac, alors... pourquoi pas...


Pourquoi, pas.

Le temps insaisissable continuait de fuire entre ses doigts fins pendant que l'astre solaire laissait sombrer ses derniers rayons sur les eaux du port. Une eau salée, comme ensanglantée par les derniers instants du jour couchant.

Ses sombres vêtements flottant dans la brise marine, Dazai Osamu ressemblait à un ange attendant l'heure fatidique de sa déchéance. Les rayons rougeoyants, se dissipant peu à peu, lui laissaient une impression de jugement dernier. Pareille à une obscure vérité, ces lueurs écarlates illuminaient le visage du garçon. Ces morceaux de lumière semblaient être le reflet des multiples délits qu'il perpétrait en ce bas monde. 

Il fallait bien le dire, cet être, aussi remarquable fût-il, tenait sûrement plus des enfers que du ciel... 

Le garçon exécutait presque trop facilement n'importe quelles basses besognes sans plainte ni remord. Il trouvait un peu de lui même dans toute cette violence, rassemblant, se disait-il, un peu des pièces de son âme éparpillées par l'enui, l'une de ses éternelles souffrances. Une souffrance sans fin qu'il voulait taire aussi tôt que possible, faute de mieux.

Crimes. 

Sang. 

Désespoir.

Trois mots qui décrivaient à eux seuls son quotidien. Ses jours interminables à peine allégés pas la présence solaire de son partenaire et de son meilleur ami.

Passé maître dans ľart du crime depuis son plus jeune âge, il se contetait de ses sombres années de vie. Il savait maintenant se faire respecter malgré son jeune âgée et son désespoir et avait rapidement gravi les échelons de la mafia jusqu'à inspirer la peur chez leurs plus farouches ennemis.

Oui, oui, ce "garçon" détenait le titre du plus jeune cadre de la mafia portuaire. Un démon que tous disaient assoiffé de sang. Un démon au cœur de glace selon les uns, où tout simplement sans cœur selon les autres. 

Nuit de clair-obscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant