Nuit de clair-obscur

Dernière danse

TW : idée noire, description de tentative de suicide, sang

On entendait parfois,
Dans le silence de la nuit,
La douleur obscure d'un être déchu.

Au cœur d'un ciel, aux étoiles teintées de vermeil,
Un jeune homme ​tout de noir vêtu soupirait.
Il était si las d'être simplement assis,
Oui, si las de ne pouvoir se laisser tomber,
Sombrer dans les mystérieuses abîmes du vide,
Et s'échouer sur les noires berges de la faucheuse,
Telle l'épave d'un trop vieux navire.
Courtisant mort, désespoir et douleur,
Il s'était égaré dans les affres du soir.
Son temps passait, implacable, et avec lui,
Toujours un peu plus de sang et de désespoir.
Ce garçon, Dazai, était un être au bord du gouffre.
Ses pensées étaient tournées vers la nuit sans étoile,
Celle dont personne ne revenait jamais.
Entre faux-semblants et au revoir,
Il dansait vers le crépuscule de sa vie.
Rien n'arrivait à le retentir ici-bas,
Et ce soir comme bien d'autres,
Il se faisait cavalier de la mort.
Ses pas étaient délicats, élégants, enjôleurs
Mais sa partenaire restait insaisissable,
Loin, si loin de lui qu'il s'en languissait.
Elle, vêtue de sa plus belle robe,
Une robe d'un noir encre, perlée de larmes,
Brodée de tristesse, et parsemée de rubis,
Et maquillée de sombres cauchemars,
Était la parfaite femme fatale.
Inatteignable.
Dazai ne voulait qu'une chose ce soir-là,
Il voulait que cette fois soit sa dernière.
Quand bien même sa belle lui ferait la sourde oreille,
Il n'en avait rien à faire. Il allait la rejoindre.
Aujourd'hui.
Sans tarder un seul instant de plus.
Une dernière valse aux bras de son aimée,
Dansser pour mettre fin à ses souffrances.
C'était là son seul vœu.
D'une main pâle, mais tremblante de désir,
Il fit couler une première rivière écarlate.
La deuxième ne tarda pas à rejoindre la première.
Puis bien d'autres encore plus profondes
Pour lui, elles étaient explosion de sensations
Pour ce corps presque sans vie,
C'était une pâle lueur dans ces vives ténèbres.
Il voulait mourir. Il voulait vivre pour mourir.
Il voulait mourir pour vivre.
Il était éblouis par la saveur acidulée de sa souffrance,
Cette saveur métallique, poisseuse, rougeoyante.
Une saveur rouge, l'Alice d'une enfance oubliée,
Massacrée à coup de sang et de rêves délaissés.
Ce soir, il voulait danser. Il voulait prendre une vie.
La sienne. Mettre fin à la mascarade.
S'offrir à la mort comme seul et unique cadeau.
Il voyait rouge. Il voulait prendre une vie.
La sienne.
Il voulait que sa folie ressemble à un meurte
Et que son meurtre ressemble à un suicide.
Il voulait... il voulait...

Une porte s'ouvrit à la volée. Elle claqua violemment contre le mur d'une salle de bain où un désordre sans pareil régnait. Vêtements et serviettes étaient éparpillés à même le sol avec de longues bandes de bandage blanc emêlées. Certaines étaient tachées de sang. Savons, shampoings  et bouteilles d'on ne sait trop quoi étaient entassés près de l'évier. Son livre rouge préféré reposait à moitié ouvert face contre terre. La baignoire débordait, robinet maintenant fermé, et l'eau envahissait plus de la moitié de la pièce. 

Chuuya se figea un instant devant le désastre. Pourtant il ne pouvait pas s'énerver tout de suite contre le désodre causé par son andouille de partenaire. Il avait, par ailleurs, plus important à s'occuper dans l'imédiat. Il se devait de lui demander des explication sur sa brillante absence à la dernière réunion de Mori... quand bien même tout ce bordel lui apparaissait comme une énième tentative de suicide raté. En avisant la silhouette avachie à même le carrelage inondé, il s'approcha du coupable d'un pas déterminé.

Chuuya
Espèce d'insupportable maquereau suicidaire ! Si tu veux mourir à ce point fait le, mais bordel Dazai m'implique pas dans tes stupidités !