Fourrure vivante

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Dans ma cervelle se promène,Ainsi qu'en son appartement,Un beau chat, fort, doux et charmant

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Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand it miaule, on l'entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.

Cette voix, qui perle et qui filtre
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit come un philtre.

Elle endort les plus cruels maux
Et contient tous les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.

Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon cœur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux !

                Baudelaire, C. (1857). Les fleurs du mal, Le Chat (LI, I).

Echoes of the Wild : Poetry in PicturesWhere stories live. Discover now