Derrière Le Masque

Prologue

Depuis aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours vécu dans l'ombre.

 Celle de mon frère, ce fils parfait que mes parents adoraient sans jamais hésiter. 

Il avait tout ce que je n'avais pas : leur amour, leur attention, leur fierté. Moi ? J'étais là, mais jamais vraiment remarquée.

 Comme un murmure dans une pièce trop bruyante. Jamais vue. Jamais aimée.

Je me suis construite dans ce vide, apprenant à sourire même quand ça faisait mal.

 À cacher mes larmes sous un masque de force. 

J'ai fini par devenir experte à ce jeu-là : faire semblant. Chaque fois qu'un homme entrait dans ma vie, je me disais que cette fois-ci, ce serait différent. Que je trouverais enfin cet amour dont j'avais tant manqué. 

Mais au fond, ils ne s'intéressaient qu'à une chose.

Coucher avec moi.

 Je n'étais pour eux qu'un moyen de satisfaire leurs désirs, un joli visage, un corps à conquérir. Une fois qu'ils avaient ce qu'ils voulaient, ils s'en allaient. 

J'étais un trophée, jamais une priorité. Jamais un cœur à aimer.

Les trahisons se sont succédées, laissant une trace à chaque fois. 

J'étais de plus en plus seule, me sentant comme un fantôme parmi les autres, oubliée, négligée. À force, j'ai fini par comprendre que je n'étais qu'un bouche-trou pour tout le monde. 

Quelqu'un de passage. 

Personne ne se souciait vraiment de ce que je ressentais. Chaque fois que je tentais d'ouvrir mon cœur, de parler de ce que je vivais, ça se retournait contre moi. 

Les rares moments où j'ai osé me confier, on a utilisé mes mots, ma vulnérabilité, pour me blesser davantage. Tout ce que j'avais révélé, ils s'en sont servis pour m'enfoncer un peu plus.

C'est pour ça que maintenant, je n'arrive plus à exprimer ce que je ressens.

 Les mots restent coincés en moi, parce que je sais que personne n'écoute vraiment. 

Je ne suis qu'un écho perdu dans le vide. Je suis fatiguée de sourire, fatiguée de faire semblant, mais je ne sais plus comment m'en sortir. J'ai beau essayer, il me semble que personne ne voit à quel point je souffre. Mon monde s'effondre et personne ne s'en rend compte.

Peut-être que c'est mieux ainsi. Après tout, je ne suis qu'un second choix.