Chapitre 2

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Œil droit, puis gauche. Je m'amusais à ce petit exercice, essayant de recouvrer une vision nette, tandis que le plafond cessait lentement d'être flou. Finalement, le néon au-dessus de moi s'afficha avec clarté, éclairant la pièce d'une lumière froide et clinique. Àma droite, le bip régulier du moniteur cardiaque me parvenait, rassurant dans son rythme constant. À ma gauche, une perfusion gouttait doucement, reliée à mon bras, tandis qu'une autre s'enfonçait dans un endroit bien moins agréable que je préférais ne pas mentionner. La fenêtre, à l'opposé de mon lit, laissait entrevoir une ville inconnue, ses silhouettes imprécises flottant dans la nuit, comme des ombres informes à peine éclairées par quelques lumières tremblotantes.

Finalement, le silence fut brisé par le bruit soudain d'une bassine métallique chutant lourdement sur le sol. Une infirmière venait d'entrer, visiblement surprise par ma présence éveillée.

-Oh merde ! s'exclama-t-elle en récupérant la bassine qu'elle avait presque lâchée.
-Je suis si moche que ça ? dis-je en essayant d'adopter un ton détendu malgré ma confusion.
-Hein ?répliqua-t-elle, encore sous le choc. C'est que... vous étiez dans le coma il y a encore une heure. Je venais pour la toilette.
-Quelle toilette ? Non, attendez, depuis combien de temps suis-je ici ?
-Trois jours, murmura-t-elle avant de quitter précipitamment la pièce pour chercher un médecin.

J'essayai de bouger, mais mon corps semblait ancré dans le lit, chaque mouvement demandant un effort immense. Mes membres étaient lourds, engourdis, comme si je sortais d'un sommeil interminable, mes muscles refusant de répondre. Bientôt, un homme d'une cinquantaine d'années entra, accompagné d'une poignée d'étudiants en blouse blanche. Il avait les cheveux courts, une allure résolue, et un humour un peu particulier qui, étrangement, ne parvenait pas à alléger la gravité de la situation.

-Je me suis permis de faire venir quelques étudiants, dit-il en souriant légèrement. Vous êtes leur premier cas de foudroyé.

Son attitude décontractée face à ma situation me déstabilisa, mais il enchaîna immédiatement avec une série de questions, avant de laisser ses étudiants prendre le relais. Ils semblaient fascinés, prenant des notes avec frénésie, leurs regards se croisant à chaque réponse que je fournissais, comme s'ils ne pouvaient croire ce qu'ils entendaient. Parmi leurs interrogations, certaines étaient particulièrement préoccupantes, mais c'est surtout la douleur sourde qui s'éveillait à l'arrière de mon crâne qui retenait mon attention. Une pression écrasante, annonçant l'arrivée d'une migraine redoutable.

-D'après vos parents, la foudre vous a frappé de plein fouet, continua le médecin, revenant à son explication clinique. D'une certaine manière, vous avez eu de la chance. Le courant est entré par le crâne mais n'a touché aucun organe vital, bien qu'il ait laissé une cicatrice particulière.

-Quelle cicatrice ? demandai-je, intrigué.

Il me tendit un petit miroir de poche. En retirant le pansement qui couvrait ma joue gauche, je découvris un motif étrange gravé dans ma peau, une sorte de fougère éthérée descendant le long de mon cou pour disparaître sous ma chemise d'hôpital, réapparaissant plus bas sur mon bras. Je soulevai lentement le drap qui me recouvrait, constatant que la marque se poursuivait sur ma jambe pour finalement s'estomper sous mon pied. En caressant doucement ces lignes sinueuses, je ressentis une chaleur diffuse émaner de cette cicatrice, comme si la foudre avait laissé une empreinte brûlante de son passage.

-Je vais vous garder en observation quelques jours, poursuivit-il. Si vous ressentez des problèmes respiratoires, de l'anxiété, des difficultés à dormir ou quoi que ce soit d'autre, je veux en être informé immédiatement. En attendant, je vais autoriser vos parents à entrer.

-Ils sont là ? demandai-je, encore sous le choc.

-Ils campent depuis trois jours devant votre chambre, en attente de nouvelles.

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