Il y a fort longtemps, alors que les Croisades étaient monnaie courante, un paisible village niché au cœur d'une épaisse forêt, loin dans les terres pleines de légendes de l'Irlande. Bien qu' isolée du monde, la petite bourgade s'était développée au fil des siècles, passant d'un simple hameau de quelques maisons à une petite cité entourée de champs pour les cultures et les bêtes avec même un petit château en son centre. Les anciens y mouraient, les enfants y naissaient. La vie semblait avoir béni ces lieux et permettait aux humains qui s'y étaient réfugiés de vivre en paix. Un petit monde à part des autres avec sa culture et ses croyances et où il faisait bon vivre et où chacun respecte l'équilibre naturel de cette vallée.
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Alors que le soleil automnale commence à se coucher derrière les collines bordées d'arbres, les cloches de l'église sonnent, comme pour appeler les retardataires à revenir à l'abri des murailles. Les agriculteurs rentrent avec leurs bêtes et les femmes reviennent de la rivière ou de la forêt calmement. Parmi tout ce paisible petit monde, une enfant se glisse furtivement entre les passants en souriant, tenant dans ses mains une corbeille couverte d'un linge.
Folle de joie, elle traverse les rues jusqu'à la petite maison où elle vit avec ses parents. Son père n'est pas encore rentré et sa mère termine de coucher son bébé lorsqu'elle revient.
« Maman! Maman! » appelle-t-elle joyeusement.
« Moins fort, ma chérie. » gronde-t-elle gentiment en la rejoignant. « Qu'est-ce qu'il t'arrive? »
« Regarde les fruits que j'ai trouvés dans la forêt aujourd'hui! » sourit l'enfant en posant sa corbeille et retirant le linge, montrant de beaux fruits chargés de soleil. « Il y en avait plein et ils étaient tous bien mûrs! »
Mais alors que la fillette sourit, sa mère s'horrifie en voyant les fruits qui ne sont plus de saisons. Relevant sa tête, la petite voit l'effroi sur le visage de l'adulte et s'inquiète à son tour.
« Maman? » appelle-t-elle, la susnommé semblant commencer à réagir en prenant un des fruits et en le scrutant.
« Où as-tu trouvé ça? » demande la mère, sa voix remplit d'horreur.
« Oh, dans la forêt! » répond la gamine tout simplement.
« Dans quelle partie de la forêt? » insiste sa mère en montrant le fruit. « Ce n'est pas un fruit que l'on peut encore trouver en automne! »
« Il y a un endroit de la forêt où tout est en fleur, c'est tellement beau! Il y avait encore du muguet, des jonquilles et aussi des perce-neiges, c'était merveilleux! Et les fruits! Ils sont prêts à tomber dans nos bouches, tellement qu'ils sont gros et juteux! » s'extasie l'enfant à la gardienne de maison sans voir la peur qui prend place sur ses traits. « On dirait que l'automne n'a pas encore touché cette partie de la forêt! »
Remettant le fruit dans la corbeille, la mère plaque sa main sur sa bouche avant de s'agenouiller devant sa fille en lui prenant les épaules.
« Te rends-tu compte du danger, malheureuse? Tu as eu de la chance qu'ils ne t'ont pas vu! »
« Quoi?... mais Maman... » s'étonne la fillette avant que sa mère n'explique:
« Cet endroit que tu as trouvé, c'est le sanctuaire des Trois Cerfs! C'est un endroit sacré! Personne n'a le droit d'y entrer! Tu aurais pu rencontrer l'un d'eux et cela aurait pu être dramatique! »
L'enfant se fige aux mots de sa mère, tremblant de la tête aux pieds... mais la femme soupire avec un petit sourire.
« Le principal, c'est que tu ailles bien. Tu as eu de la chance que le Cerf Rouge ne t'ait pas vu. Mais promets-moi que tu n'y mettras plus les pieds. »
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Les Dieux Cerfs
FantasíaDans un village isolé d'Irlande, la population vénère encore deux Cervitaurs, créatures mi-cerf mi-homme. L'un de couleur rouge sang apporte la Mort, l'autre au pelage blanc accorde la Vie. Cachés dans un sanctuaire au cœur de la forêt, ils protègen...