Chapitre 2

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J'ai mal... j'ai l'impression que tout se brouille... malgré tout j'arrive a voir la Méchante Chatte Noire qui se bat avec Maman. J'ai mal... je sens le goût du sang dans ma gueule... est-ce que je vais mourrir ? Je ne veux pas. Je veux rester avec Maman et Papa. Et surtout avec Petit Trèfle et Petite Gouttelette. J'ai pas envie que la dernière chose que je leur ai dite soit qu'ils étaient des pauvres souris mouillée, caché tout au fond de la pouponnière. Mais j'ai mal... Maman se bat toujours. C'est pour moi qu'elle se bat. J'ai mal... Tiens, elle ne bouge plus. Qu'est-ce qui lui arrive ? La Méchante Chatte Noire lui saute dessus et Maman tombe. J'espère qu'elle n'est pas trop blessée. J'ai mal... Je vais mourir. C'est sur. Maman... fais moi un dernier câlin. J'essaye de t'appeler mais je n'arrive pas. Il n'y a que des gargouillis intelligibles qui sortent de ma gueule. J'ai mal... La Méchante Chatte Noire se tourne vers moi. Elle va me tuer. J'ai mal... Adieu Maman. Adieu Papa. Adieu ma fratrie qui est à la fois énervante et drôle. Je promets que je veillerai sur vous tous au Clan des Étoiles. Vous allez me manquer.

*Noir*

- Tu crois qu'on peut sortir ? chuchota Petit Trèfle à sa sœur.

- Je ne sais pas ! Tais-toi maintenant, j'essaye d'entendre ce qui se passe dehors.

Les bruits des combats avaient cessé depuis longtemps, mais les chatons ne savaient pas s'ils devaient sortir ou bien rester cachés le temps que leur mère vienne les chercher.

Ils se décidèrent soudain lorsqu'ils entendirent une voix inquiète les héler. La voix de leur père. Museau Argenté n'avait pas dû lui dire où se trouvait les chatons.

Petite Gouttelette se glissa hors de la pouponnière, suivie de près par son frère. Oreille Déchirée les aperçu et, fou de joie, commença à leur lécher le haut du crâne.

- Merci, Clan des Étoiles, de ne pas me les avoir tous pris, murmura-t-il.

Petite Gouttelette l'entendît.

- Tous pris ? releva-t-elle. Comment ça ? Qui t'a pris quoi ?

Oreille Déchirée eut l'air gêné. Puis, malheureux, il jeta un coup d'œil derrière lui. Au centre de la clairière, deux corps étaient allongés. Un grand et un petit. Ils paraissaient endormis. Petite Gouttelette reconnut sa mère. L'autre chat lui semblait familier mais il était trop loin pour qu'elle le reconnaisse. Heureuse de voir que sa mère allait bien et que ses blessures ne semblait pas trop graves, elle s'approcha. Petit Trèfle la suivit.

Aussitôt, tous les regards se tournèrent vers le frère et la sœur. Des regards de pitié. Des regards de peine pour les deux chatons qui étaient trop jeunes pour devoir subir ça. Des regards pleins d'incompréhension. Des regards de compassion, aussi. Des regards emplis de douleur et de tristesse. Des regards pleins de haine, prêts à venger leurs camarades.

- Ce n'est pas l'odeur de Maman, dit Petit Trèfle. Il avait murmuré, mais le camp était tellement silencieux que tout le monde l'entendît.

Plume Givrée s'approcha.

- Je suis désolée, mes petits. Vous êtes bien trop jeunes. Vous ne devriez pas connaître le deuil si tôt.

Les chatons mirent quelques instants à comprendre ce que cela voulait dire.

- Maman... est morte ? demanda Petite Gouttelette, incapable de la croire.

- Je suis désolée, répéta la guérisseuse.

- Et Petit Chêne ? Il était parti aider Maman.

A ces mots, Pelage de Feu sembla se réveiller d'une transe.

- EH BIEN C'EST UN CHATON STUPIDE ! S'IL ÉTAIT RESTÉ SAGEMENT DANS LA POUPONNIÈRE, PERSONNE NE SERAIT MORT ! IL A TUÉ MUSEAU ARGENTÉ !

Tous (sauf les chatons) savaient qu'il n'en pensait pas un mot. Il s'en voulait simplement de ne pas avoir pu sauver la compagne et le chaton de son fils.

Mais le frère et la sœur hérissèrent leur pelage de chaton duveteux.

- Ne dit pas de mal de Petit Chêne ! couina Petite Gouttelette, impressionnée par son aîné mais désireuse de défendre son frère.

- En plus c'est pas sa faute ! Petit Chêne aurait jamais fait ça ! Il était gentil avec tout le monde.

La voix du chaton se brisa et il éclata en sanglots. Il n'en fallu pas plus à sa sœur qui fit de même.

Et les larmes de leur frère défunt, qui les regardait tristement, coulèrent. Puis l'averse éclata.

***

- Je dois les voir.

- C'est impossible.

- Et pourquoi ?

- La Forêt a été scellée. Il est impossible de communiquer avec les vivants.

- Mais alors...

- ...

- Le sacrifice...

- Tes enfants sont perdus. Leur âme sera volée par le Lac.

- Non...

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Est-ce que j'ai oublié de préciser que l'histoire ce passait dans l'ancien territoire ?
Sans aucun doute.

Ça peut vous paraître bizarre étant donné qu'on parle d'un lac mais c'est important pour la suite.

Salut tout le monde 👋🏼

La malédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant