La malédiction

Prologue : Flashback

Je tiens à préciser que cette histoire est uniquement un délire entre amies que je vous partage, aucune critique ne sera admise !

*** = plus tard (souvent plusieurs lunes)

- À partir de ce jour, tu t'appelleras Cœur de Blé. Le Clan rend hommage à ta bravoure et ta loyauté.

- Pelage de Citrouille ! Tempête de Brume ! Cœur de Blé ! s'exclama le Clan.

Nuage Argenté s'efforça de crier le nom de Cœur de Blé encore plus fort que les autres. La jeune chatte avait découvert ses sentiments pour le beau chat roux clair peu après son baptême d'apprentie, et c'était réciproque. Toutefois, ils avaient décidé qu'ils attendraient leur baptême de chasseur pour devenir officiellement un couple.

Nuage Argenté s'approcha de son compagnon en ronronnant.

- C'est un nom parfait, chuchota-t-elle tout près de son oreille.

- Le tien sera encore plus parfait, j'en suis sûr, répondit-il sur le même ton.

***

- Des... chatons ? bredouilla Museau Argenté, non sûre d'avoir bien entendu.

- Oui, ronronna Cœur de Blé. Je serai tellement heureux d'avoir des chatons avec toi.

- Je ne me sens pas prête.

- Oh... je comprends.

Cœur de Blé baissa la tête. Pour la relever quelques instants après, un grand sourire sur le visage.

- Ce n'est pas grave ! J'attendrai que tu sois prête. Je t'aimerais toujours, avec ou sans chatons.

***

- Vous n'aurez jamais les Rochers du Soleil ! Ils nous appartiennent !

- Dans tes rêves, face d'écureuil !

Les meneurs des Clans de l'Aube et de la Rivière se jetèrent l'un sur l'autre, leurs camarades suivant le mouvement. Étant la plus jeune guerrière, Museau Argenté avait été éloignée des combats, chargée d'épauler Plume Givrée.

La guerrière était inquiète. Son compagnon s'était fait attaqué par un chat domestique récemment. Le guerrier l'avait sous-estimé et c'était retrouvé avec une patte tordue et les oreilles déchirées. Il était à peine remis physiquement, et psychologiquement, il ne digérait toujours pas le fait qu'Etoile de Nuit l'ai nommé Oreille Déchirée en punition, car il n'avait pas été capable de battre un chat domestique.

A présent, Museau Argenté le voyait se jeter sur un ennemi brun, comme au ralenti. Lorsque son adversaire donna un coup puissant dans sa patte blessée, Oreille Déchirée poussa un hurlement à glacer le sang. Museau Argenté rabattit ses oreilles sur son crâne et planta ses griffes dans la terre afin de s'empêcher d'aller porter secours à son compagnon.

- Ramène Aile de Velours ici !

Le cri de la guérisseuse arracha la jeune chatte à la vision du guerrier. Son regard se posa sur la vétérane aux yeux bleus qu'un guerrier bicolore laissait pour morte, au milieu de la bataille. Le pelage crème de la guerrière était tellement gorgé de sang que la vraie couleur de sa fourrure n'était plus visible. Une balafre sanglante courait le long de sa patte arrière, et la femelle haletait avec difficulté. Il semblait que chacun de ses souffles saccadés allait être le dernier.

Museau Argenté surgit de derrière la souche où s'était réfugié quelques blessés. Elle s'approcha le plus discrètement possible d'Aile de Velours.

- Est-ce que tu peux marcher ?

Quelle question stupide ! Évidemment qu'elle ne pouvait pas marcher ! Museau Argenté hissa son aînée sur son dos et repartit aussi vite que possible vers la souche.

Plume Givrée fit un rapide examen de la blessée, qui s'était évanouie. Elle étouffa un cri.

- C'est encore plus profond que je ne le pensais ! Museau Argenté, va me chercher autant de toile d'araignée possible !

Avant que la jeune chatte ne puisse esquisser un geste, un hurlement retentit. Un hurlement qui arrêta la bataille comme si on avait appuyé sur le bouton pause. Un hurlement horriblement familier à Museau Argenté.

- Cœur de Blé !

Oubliant Ailes de Velours, les toiles d'araignée et le nouveau nom de son compagnon, elle se rua vers la source du cri. Au pied des Rochers, trempant dans une mare de sang, gisait Oreille Déchirée, agité de violentes convulsions.

- PLUME GIVRÉE !

Museau Argenté s'approcha de son compagnon. Non loin de lui, une chatte au beau pelage noir le fixait, une lueur de culpabilité brillant dans ses yeux. Elle se recroquevilla sur elle-même.

- Je suis désolée... Je voulais pas... Il... Tomber...

Elle éclata en sanglot, tandis que Museau Argenté posait sa truffe sur la tête de son compagnon mourant. Son regard se posa sur la guérisseuse qui l'avait rejoint.

- Qu'est-ce que tu attends ? Sauve-le !

- On ne peut plus rien pour lui, Museau Argenté. Je suis désolée.

***

- J'ATTENDS DES CHATONS ?

- Oui tu as bien entendu, maintenant j'aimerais préserver mes tympans et soigner mes patients dans le calme alors arrête de crier !

Museau Argenté aurait pu être la chatte la plus heureuse du monde, si seulement Cœur de Blé avait survécu (Elle continuait à l'appeler ainsi, car elle trouvait son nom injuste). Ils auraient eu leurs chatons, les auraient élevés, les auraient vu passer leur baptême d'apprenti puis de guerrier, une larme au coin de l'œil. Mais son compagnon était mort. Et pour toujours.

***

Plume Givrée déposa le dernier-né devant les yeux de Museau Argenté pour qu'elle puisse l'admirer. La reine ronronna un court instant avant de la rapprocher de son ventre, à côté de ses deux frères. La petite chatonne téta avidement, tout en poussant de minuscules miaulements. Museau Argenté était épuisée. La mise bas avait duré toute la nuit et une bonne partie de la matinée.

- Repose-toi, miaula la guérisseuse. Tu pourras nommer tes petits plus tard.

Museau Argenté ne se dit pas prier et s'endormit à la seconde où elle ferma les yeux.

Lorsque Museau Argenté se réveilla, elle ne sentait plus la chaleur des petits corps contre elle. Elle ouvrit les yeux. Pourtant, ses chatons étaient bien là...
La reine se rendit compte que leur cœur ne battait plus.

Elle eut alors la réaction la plus étrange qui soit. Elle se mit à parler dans le vide.

- Je vous déteste. Vous avez pris tout ce qui faisait mon bonheur. Mon compagnon, mes chatons... Rendez-les moi.

Elle avait craché les derniers mots. A sa grand surprise, une voix lui répondit, murmurant dans son esprit.

- Que serais-tu prête à sacrifier pour ça ?

- ...

- Alors ?

- ... Tout.