Animateur de télévision, Jimin propose chaque semaine à ses concitoyens de réfléchir sur les circonstances d'un crime. Mais un jour, il découvre qu'un psychopathe reproduit dans les moindres détails les crimes décrits dans son émission. Heureusement...
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Assis dans un vieux fauteuil usé au dossier canné près du lit de sa mère, Jungkook prit sa main dans la sienne. Un sourire bienveillant aux lèvres, Jeon Haneul contempla avec tendresse, son fils aîné de ses grands yeux lumineux. D'épais cheveux noirs ondulés encadraient son visage délicat dont le teint mat évoquait les plages de Busan, ville de sa naissance. Dans deux mois, elle fêterait ses soixante ans, mais sa beauté rayonnante tournait encore la tête de nombreux clients de la boutique. Si Nari lui ressemblait beaucoup, Jungkook, lui, malgré sa peau hâlée, tenait davantage de son père, un grand Coréen brun aux yeux ébènes. Il lui cala avec douceur, un oreiller dans le dos et elle se laissa aller avec un soupir de fatigue. Il songea subitement à son père, Jeon Dongwon. Quand Jungkook était enfant, il avait l'habitude de venir le réveiller tous les matins, rasé de près et toujours impeccable dans son uniforme de patrouille, sentant bon l'eau de Cologne et le dentifrice. Mais quinze ans auparavant, lorsque Jungkook en avait dix-sept et Nari seulement deux, l'équipier de son père avait frappé à leur porte au milieu de la nuit pour leur apprendre la terrible nouvelle qui avait bouleversé leur vie : un cambrioleur dans un magasin de vins et spiritueux, une course-poursuite dans une ruelle sombre et une seule balle avaient suffi à leur ravir celui qu'ils aimaient le plus au monde, le pilier de leur famille.
Jungkook referma le livre de Yeats dont il avait lu un extrait à sa mère et le rangea à sa place sur la table de nuit près de la photo de mariage de ses parents. Dans le cadre en argent, Jeon Dongwon se tenait devant sa Ford 1955, le pied posé avec fierté sur le chrome rutilant du pare-chocs. A ses côtés, Haneul rayonnait dans sa robe toute simple en taffetas blanc dont la coupe cintrée mettait en valeur sa taille de guêpe. Un jeune couple heureux... Avec un soupir mélancolique, Jungkook jeta un coup d'œil à la pendule. Minuit. En bas, un cliquetis de clés se fit entendre dans la serrure de la porte d'entrée. C'était Nari qui rentrait, respectant le couvre-feu qu'il lui avait donné avant de partir, malgré ses jérémiades. Il borda doucement sa mère endormie et l'embrassa sur la joue.
_ Dors bien, murmura-t-il tendrement. Je suis sûr que Appa viendra te voir dans tes rêves.
Jungkook quitta l'appartement sur la pointe des pieds et traversa le couloir jusqu'à son propre deux pièces : un salon, une chambre, une cuisine qu'il n'utilisait jamais et une salle de bains. « La tanière de l'ours », comme avait coutume de l'appeler Nari. Bon, d'accord, son intérieur ne ferait pas la couverture de La Maison du célibataire, mais il s'y sentait bien. L'imposant futon noir et blanc cassé qui trônait au milieu du salon accueillait à l'occasion un ami trop ivre pour rentrer ou un de ses collègues du central mis à la porte après une énième scène de ménage. Le reste du mobilier consistait principalement en piles de livres qui montaient le long des murs, couvraient la plupart des surfaces horizontales et faisaient même office de quatrième pied pour une table bancale. Des classiques, des livres de science-fiction et de suspense témoignaient de la deuxième passion de Jeon Jungkook après son métier. De temps en temps, ses collègues ne pouvaient s'empêcher de le taquiner à ce sujet, lui suggérant des loisirs plus... dynamiques. Mais, aux yeux de Jungkook, son travail d'inspecteur à la brigade criminelle lui procurait déjà son lot d'émotions fortes. Rien de tel qu'un bon bouquin pour décompresser...et le faire voyager.
