Animateur de télévision, Jimin propose chaque semaine à ses concitoyens de réfléchir sur les circonstances d'un crime. Mais un jour, il découvre qu'un psychopathe reproduit dans les moindres détails les crimes décrits dans son émission. Heureusement...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Quand Jin monta au pas de charge les marches de la station de métro et déboucha dans la rue, il n'était pas d'humeur guillerette, loin de là. La demi-bouteille de Jack Daniel's qu'il avait engloutie la nuit précédente continuait de circuler paresseusement dans ses veines, provoquant des battements sourds à ses tempes. Il allait lui falloir au moins trois tasses de café bien serré pour parvenir à décoller sa langue du palais. Bon sang, dix ans plus tôt, il aurait pu boire trois fois plus, passer le reste de la nuit à faire des galipettes dans le foin avec un bel étalon et se réveiller frais comme une rose le lendemain matin. Voilà ce que c'est de vieillir, se dit-il avec un soupir désabusé.
Il tourna au coin de la rue, et la vague d'émotion de la nuit le submergea de nouveau, lui rappelant pourquoi il avait ressenti le besoin de régler son compte à sa bouteille de whisky et pourquoi ce matin il devait se retenir de faire une tête au carré à tout le monde. Il repensa à sa conversation au téléphone avec Jimin et sentit monter en lui une irrésistible envie de pleurer.
Depuis le début, il avait soupçonné une faille chez son ami. Cette façade sophistiquée, intelligente et assurée dissimulait en réalité une âme d'enfant profondément meurtrie. La nuit précédente, il avait écouté pendant deux heures Jimin lui raconter le noir secret qu'il avait gardé enfoui au plus profond de son cœur pendant toutes ces années. L'horreur, le chagrin, la culpabilité...
Quand il aperçut les manifestants devant les portes des studios, le sang de Jin ne fit qu'un tour. Ne laisseraient-ils donc jamais Jimin tranquille ? Parmi toutes les émissions diffusées chaque semaine sur les dizaines de chaînes américaines, ne pouvaient-ils trouver une autre cible, juste pour changer ? Voyant Jimin pris à partie, Jin plongea la tête la première dans la mêlée. Et puis où étaient donc passés ces maudits vigiles employés par YBS ? Il se fraya un passage d'un coude vengeur et parvint à la hauteur de son ami acculé contre le mur de l'immeuble, en butte à des protestations virulentes. Pâle et les traits tirés, Jimin paraissait beaucoup plus vulnérable que d'ordinaire et l'instinct maternel de Jin s'enflamma.
_ Laissez-le tranquille, bande d'hypocrites ! Vous prêchez contre la violence, mais regardez-vous un peu !
_ Ça va, Jin, dit Jimin, lui serrant la main. C'est leur droit d'exprimer leur opinion. Et moi, j'ai le droit d'aller travailler... même si vous désapprouvez mon émission, poursuivit-il, fixant l'homme le plus proche avec tant de détermination qu'il détourna les yeux. Alors laissez-moi passer, je vous prie !
Comme il se dirigeait d'un pas résolu vers l'entrée des studios, il fut intercepté par un individu d'une cinquantaine d'années à l'épaisse chevelure gris argenté. De haute stature et plutôt bel homme dans son luxueux costume anthracite visiblement taillé sur mesure, il émanait de sa personne une indéniable aura. Mais le sourire supérieur qu'il arborait avec insistance agaça d'emblée Jimin.
_ Pardonnez à mes ouailles, commença-t-il d'une chaude voix de basse, mais, quand il s'agit de défendre Notre Seigneur, leur ferveur est sans limites.
