Chapitre 3

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(image : Thomas)

*Thomas*

Je vois Emie au loin sur un banc du parc. Elle a ouvert un livre. Je détourne les yeux quelques secondes, et je regarde Emie de nouveau. Son livre est fermé à côté d'elle et elle a le visage enfouit dans ses genoux. Elle a l'air de pleurer. Je me dirige doucement vers elle. Elle a senti ma présence car elle relève sa tête. Elle me regarde et je vois ses yeux rougis par ses pleures. Elle s'essuie les joues pour ne pas que je vois qu'elle a pleuré, mais c'est trop tard, je l'ai vu.

Pendant un instant, je ne dis rien, pour la laisser reprendre ses esprits, même si je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je soutiens son regard avant de parler :

- Tu veux en parler ?

- Non ! répond-elle sèchement.

- Bon, je ne vais pas parler, alors.

- Pourquoi est-ce que tu restes ici ? demande Emie, les yeux brillants.

- Je n'ai pas le droit ?

- Si, mais... tu ne m'aime pas. Tu me détestes. Et maintenant... tu veux rester avec moi.

- Qui a dit que je te déteste ? demandé-je, même si, c'est vrai, je n'aime pas la jeune adolescente.

- Tu l'as dit toi même en me méprisant, répond-elle au tac au tac.

- Je t'ai méprisé, parce que tu l'as fait.

- Non. Il y a erreur. JE t'ai méprisé, parce que TU l'as fait.

- Nous allons vraiment nous prendre la tête pour ça ? demandé-je, énervé.

- Non...

Après sa réponse, le silence s'abat sur nous. Je n'ose plus parler et Emie non plus. Un malaise s'installe entre nous, mais je ne le relève pas. Emie semble songer. Elle a le regard dans le vide et ses yeux redeviennent brillant, quand de nouvelles larmes commencent à couler le long de ses joues. Je me risque à poser ma main sur la sienne. Je pense qu'elle va me rejeter, mais elle ne le fait pas. En situation normale, elle m'aurait toisé et aurait poussé ma main. Elle doit être tellement brisée... Ce n'est pourtant pas la chose la plus surprenante. Elle entrelace ses doigts entre les miens et me serre la main avec une telle force que j'en ai mal. Mon bras se contracte et l'adolescente doit s'en rendre compte car elle lève les yeux précipitamment dans ma direction. Elle regarde nos mains entrelacées, avant de lâcher un gros sanglot. Je la fixe un instant, elle doit être tellement mal...

- Dis-moi ce qu'il y a, l'incité-je à parler.

- Je... Je n'ai plus personne.

- Comment ça ? Ta famille est décédée ?

- Pas en vrai, mais dans mon cœur oui...

- Que s'est-il passé ? demandé-je, un peu inquiet.

- Je... Ce n'est pas grand chose... j'ai largué Gaspard... mais cela a fait remonté des choses enfouies...

- Quelles choses ?

- Je... je préfère ne pas t'en parler pour le moment, répond Emie. Si je ne te le dit pas, ce n'est pas contre toi, c'est parce que je ne me sens pas prête à le dire. Je voudrais le garder pour moi, pour l'instant.

Ich verstehe, dis-je, le regard dur. (Je comprends)

Ce qu'elle me dit me fait penser à Alexander. Nous sommes tous les deux brisés et nous ne voulons pas en parler. Nous voulons le cacher par des mensonges ou juste en refusant de voir la réalité en face. Alexander, le simple fait de penser à lui, me fait froid dans le dos. Mes yeux me menacent de faire couler des larmes et ils me brulent. Emie doit s'en rendre compte, car elle me fixe un instant, avant de serrer ma main encore plus fort. Elle me sourit timidement pour me donner de la force, mais la perte de mon frère aîné est bien trop douloureuse.

PrinzessinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant