Chapitre 2

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Les jours se sont écoulés sans se ressembler. Après l'annonce de l'incendie aux informations, il ne s'est presque rien passé. Comme si chacun, à San Vegas, réalisait l'ampleur de la chose, d'un nouvel "accident" visant des Ashes. Ce que ça impliquait. Dès le lendemain, leur groupe avait été rejoint à Asgard par des Porteurs de Cendre en quête de sécurité et dès le lendemain encore, des manifestations arpentaient les rues. Les adeptes, ceux qui depuis le début vouaient presque un culte à la Cendre, marchaient dans la ville dans un silence mortuaire respectueux. Sans surprise, les anti-Ashes s'opposent farouchement à eux et n'hésitent pas à rompre cette marque de respect envers les victimes innocentes, qui ont seulement voulu garder leur liberté sans apparaître sur ces foutues listes. Loki refusait toujours d'envisager de mettre son nom et sa Cendre sur un papier ; pourtant, il y eut une nouvelle vague de recensements de Cendres, comme à chaque fois. Les gens craignaient d'être les prochaines cibles.

***

— Votre ronde n'aurait pas dû se rapprocher davantage d'Auditore ? demande Odin, penché sur la carte manuscrite de la ville étendue sur son bureau, ses mains posées sur le bois, la tête baissée.

Loki, assise sur une chaise à l'autre bout de la pièce, garde les yeux rivés au sol, bras croisés autour de ses jambes ramenées contre elle. Bien sûr qu'elle a pensé qu'ils auraient pu entendre l'incendie, ou même sa préparation. Elle était là pour ça, à vrai dire ; pour entendre, grâce à sa Cendre. Mais avouer qu'ils sont allés jouer auprès de soldats gouvernementaux - certes, tous pourris jusqu'à l'os et inutiles d'après elle - c'est s'assurer qu'Odin et Freya, assise de l'autre côté du bureau par rapport à l'homme, lui fassent la morale. Encore.

— Loki ?

Menton posé sur ses genoux, une main pendante vient jouer avec le lacet défait de ses rangers à ses pieds et la brune fait claquer sa langue, relevant les yeux vers Freya. Croiser l'iris ambré bienveillant lui tord le ventre, alors elle préfère s'attarder sur Odin, qui s'obstine à ne pas la regarder. C'est à lui qu'elle lance sa bravade :

— Non. On était au sud.

Freya hausse les sourcils, quittant Loki des yeux pour regarder le géant de longues secondes. Le bras tatoué du meneur se défait de la table, sa main venant pincer l'arrête de son nez ; il sait qu'il n'aimera pas la suite de ce que lui annonce la plus jeune.

— Pourquoi donc ? il demande, d'une voix calme.

Il fulmine, Loki le sait. Elle s'humecte les lèvres et resserre un peu ses jambes contre elle, tandis que Freya croise les siennes, mal à l'aise de toute évidence.

— J'ai eu vent d'une soirée de jeu. On est allés glaner des infos là-bas.

Quand un son rauque s'échappe de la poitrine d'Odin, Loki l'associe à un grognement. Sa mâchoire, sous sa barbe, se crispe alors que les muscles de son cou se tendent. Les doigts du brun se serrent sur l'arrête de son nez, ses yeux se froncent et la jeune femme se retient de bouger, pour ne pas s'enfuir. Il va la tuer, c'est sûr.

— Tu n'es pas allée utiliser ta Cendre pour jouer au poker, quand même ? tente Freya, d'une voix qu'elle veut douce, et Loki sait qu'elle essaie de ne pas utiliser son pouvoir hormonal contre elle.

La Cendre de Freya est capable de ressentir les émotions à travers les hormones mais également de les manipuler, pouvant ainsi manipuler ses cibles.

— Si. Et on s'est fait un paquet de thunes, tente la jeune femme en se redressant de sa posture, sachant très bien que ça ne change rien à la situation.

— Parce que c'est censé t'excuser ?! tonne Odin, relevant les yeux vers les siens. T'es complètement inconsciente ou tu le fais exprès ?!

— On a pas donné nos noms, si tu crains qu'on soit si stupides !

Ashes of the Aesir : LokiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant