Révélation

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Quelques années plus tôt

La cérémonie venait de s'achever, et Jordan sentait encore l'euphorie de la journée courir dans ses veines. Il était enfin promu, un honneur qu'il attendait depuis des années. L'ordre des opérations spéciales. Son uniforme était plus lourd, pas à cause des galons supplémentaires mais de la responsabilité qu'ils représentaient. Il avait enfin atteint un rang qu'il n'avait pu qu'imaginer lorsqu'il s'était enrôlé des années plus tôt. Sa fierté était palpable, mais il savait qu'il devait garder la tête froide, ne pas laisser cette nouvelle notoriété le distraire.

Il traversa la grande salle d'apparat, serrant des mains, saluant des visages familiers. Il savourait cette reconnaissance, même s'il restait attentif aux protocoles, au respect des formes. Il savait que la cérémonie avait attiré du beau monde, des politiques et des hauts gradés, venus pour montrer leur soutien aux forces armées.

C'est en pivotant légèrement, cherchant du regard la sortie, que Jordan aperçut une figure un peu en retrait, parmi les invités les plus prestigieux. Un homme qu'il connaissait vaguement de nom : Alexandre Beaumont. Il l'avait vu dans les journaux, cet homme à la silhouette droite, au costume impeccable, visage politique en pleine ascension. Les regards se croisèrent brièvement. Jordan sentit un frisson de méfiance qu'il ne s'expliquait pas. Ce n'était pas un regard vide ou simplement bienveillant, c'était autre chose : un regard d'évaluation.

Un politicien comme les autres ? Ou un peu plus calculateur ? Il préférait ne pas s'y attarder, même si cette sensation étrange persistait.

Il ne s'attendait pas à être abordé, et encore moins par cet homme. Pourtant, quelques minutes plus tard, alors qu'il s'apprêtait à sortir pour profiter du calme des couloirs de la base, Alexandre Beaumont se planta devant lui. Une approche maîtrisée, un sourire professionnel.

« Capitaine Jordan, n'est-ce pas ? » Sa voix était posée, assurée. Bien sûr qu'il sait qui je suis.

« Colonel à présent, mais oui, c'est moi. » Jordan répondit, un peu plus sec qu'il ne l'avait prévu.

« Félicitations pour votre promotion. Votre dossier est impressionnant. On parle beaucoup de vous, même en dehors des cercles militaires. »

Jordan hocha la tête, ne sachant pas trop comment réagir à ce genre de compliments venant d'un politique. C'était inhabituel.

« Merci. » Le mot fut simple, dépouillé d'émotion.

« J'aimerais discuter avec vous, » continua Alexandre d'une voix plus basse. « Si vous avez un moment, bien sûr. Bureau 3A, dans une demi-heure. J'imagine que cela pourrait être... intéressant. »

Sans laisser à Jordan le temps de répondre, Beaumont tourna les talons, déjà absorbé par une autre conversation.

Intéressant ? Jordan fronça les sourcils, troublé. Qu'est-ce qu'un homme comme lui pouvait vouloir à un militaire comme moi ? Il sentait en lui une certaine méfiance, mais également une curiosité involontaire. La proposition avait éveillé son intérêt, malgré lui. Il ne connaissait rien de cet homme en dehors de ses apparitions médiatiques, mais une chose était certaine : Beaumont n'était pas là par hasard, ni dans cette salle, ni dans cette base.

Jordan se dirigea vers l'un des bureaux de la base. Le long des couloirs, ses bottes martelant le sol dans un rythme régulier, il tenta de calmer l'agitation naissante dans son esprit. Il était maintenant habitué à faire face à des situations complexes, dangereuses, mais cette fois-ci, ce n'était pas sur le terrain. C'était une arène différente. Les politiciens, les manœuvres en coulisses, ce n'était pas son domaine. Il préférait l'action, les missions claires. Beaumont, en revanche, évoluait dans un monde où tout n'était que nuances.

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