La blessure du temps.

Chapitre 4

21 heures

J'entre dans la boite et salue le videur, Jody qui me reconnait et me laisse passer sans vérifier ma carte. De toute façon, je ne la prends jamais. À l'intérieur, les basses de la musique résonnent dans mon corps et la fête bat son plein. Emma m'aperçoit et court vers moi, en difficulté flagrante pour marcher droit.

– Coucou Muriel ! "Je la rattrape par le bras et l'aide à se stabiliser. Je vois qu'elle a déjà bien commencé la soirée. Je n'imagine pas son état dans quatre heures, je le sais déjà.

– Tu veux danser avec moi ?

– Allons y.

On se fond dans la foule et on commence à sauter dans tous les sens en se tenant les mains. Je ne me sens jamais si bien que quand le son prends le dessus sur le reste. Je vois les émotions en couleurs, tout autour sans ne rien ressentir. Ça forme un arc-en-ciel. Je voudrais mourir comme ça, au milieu des gens qui dansent, dénués de gène. Au bout d'un moment, je sens l'envie monter et me rendre de moins bonne humeur.

– Emma vient avec moi, je vais prendre un verre ! " Criai-je de toute ma voix.

– Ok !

Au bar, je commande des shots de vodka. Je vois que c'est Noa le serveur aujourd'hui, c'est peu fréquent. Et ça me va très bien, car à chaque fois qu'il me voit revenir demander à boire, il me regarde comme si j'étais une cause désespérée. Si ça me dérange autant, c'est parce que je sais très bien qu'il a raison, mais je sais aussi que j'ai besoin de ça. Et il n'a pas le droit de me le refuser si je n'embête personne. Il me sert mes verres, me donne un quart de citron et du sel avant de passer à un autre client en poussant un long soupir.

– Il ne t'aime toujours pas hein?!

– Non, je crois qu'il me trouve conne de boire, comme d'habitude.

– Ce n'est pas son problème ! Allez vas y vite qu'on retourne danser !

Je pose le sel sur la paume de ma main et en lèche un peu avant de boire le verre. L'alcool me brule la gorge et la sensation de chaleur se répand, je me sens mieux. Je croque ensuite dans le citron. Je les enchaine à une vitesse peu recommandée et nous retournons au milieu des gens. Emma s'éloigne une seconde et de loin, je la vois donner de l'argent à un mec avant de revenir, un sachet contenant trois cachets blancs dans sa main. Elle est aux anges.

– T'en veux?! Cria-t-elle en me montrant le sachet. Elle me demande toujours si je veux en consommer, quoi que ce soit quand elle en a. Et comme toujours, je dis non.

– Non merci !

– Ah là là avec tout ce temps, tu restes toujours aussi sage !

– Oui, je sais ! Merci !

– C'était pas un compliment !" Je sais. Emma aimerait que je prenne des drogues avec elle, et ce, depuis notre rencontre. Je refuse parce que premièrement, pour certaines drogues spécifiques cela a pour effet une grosse euphorie, et je ne sais pas comment mon cerveau à fleur de peau pourrait réagir, si je ne ressentirais pas tout encore plus fort de façon permanente après ma prise. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. Je ne suis pas totalement stupide. Deuxièmement, je refuse l'idée de devenir addict à une autre substance. Je ne peux pas me le permettre. Elle hausse les épaules et casse un cachet en deux avant de le mettre sur sa langue et de l'avaler. Ah oui, j'ai oublié une raison spécifique à l'ecstasy, je hais les cachets.

– Tant pis pour toi !

– Ça t'en fait plus ! Je reviens, je vais au bar m'assoir un peu. Tu ne veux pas venir ?

– Non merci Madame coincée, je vais rester là !

– T'es sûre ? J'ai pas envie de te laisser seule, on sait jamais !