La blessure du temps.

Chapitre 6

Une fois certaine que mon frère dort profondément, je le quitte et descends les marches d'escaliers. Ma mère est sûrement allée se coucher, mon père boit son café les yeux dans le vide, seul. Mamie est déjà partie. Je vais m'assoir en face de lui et nous soupirons en même temps, avant de nous regarder et de sourire de dépit. Il me fait de la peine. Il fait tout ce qu'il peut pour mon frère, mais il ne peut pas le changer. L'impuissance nous tue tous face à quelqu'un qui est souffrant.

-C'était une mauvaise idée de l'inviter alors qu'il était là. Elle croyait bien faire tu sais. Mais elle est d'une autre époque. " Je secoue la tête.

-N'essaie pas de la défendre parce que tu l'aimes. Tu sais qu'elle ne pouvait pas dire ça. C'était inconscient.

-Oui, je sais. Avec ta mère, on va lui expliquer la situation pour ce que ça n'arrive plus. Ne t'en fais pas.

-Merci pour lui." Je sers la main qu'il me tend et ma fatigue me rappelle à l'ordre. J'aimerais tellement me confier à mon père en cet instant. Il serait là pour moi. Mais il n'y a pas que moi qui suis épuisée. Et je suis la sœur ainée, qui a son indépendance. Je peux m'en sortir toute seule. Je me lève de la chaise.

-Bonne nuit papa.

-Bonne nuit ma fille. Dors, tu en as besoin." Je lui souris et hoche la tête avant de quitter la maison. Il est... 22:15! Emma m'attend chez elle. Je me dépêche et prends le 1er bus.

Domicile d'Emma

Je cours et arrive enfin à la porte de son appartement. Je toque et elle m'ouvre, le teint vampirique, les yeux injectés de sang. Je la prends dans mes bras, elle est tremblante et referme la porte derrière nous.

-Qu'est-ce qui s'est passé Emma ? Tu as pris quoi ? Hein ? Dis-moi ce que tu as pris !" Elle est totalement stone, le corps lourd sur mon épaule. J'imagine le pire.

-Je... Des boites. " dit-elle en éclatant en sanglots sans larmes.

-Quelles boites?! Ou ça? Montre-moi où elles sont !" Elle me montre la console sous sa télé. Je la pose sur le canapé le plus doucement possible en cet instant et me précipite sur les tiroirs du meuble. Je fouille parmi les babioles et trouve enfin une boite remplie de pleins de boites de médicaments différentes, légalisées ou non. Quelle merde. Je pose la boite en carton sur la table basse et vérifie qu'elle est toujours avec moi.

-Écoutes Emma, je vais te montrer chaque boite et tu vas hocher la tête si c'est la bonne." Je commence et elle ne réagit pas jusqu'àa ce que j'arrive à une boite d'anxiolytiques.

-C'est ça ?" Elle hoche la tête et me montre le nombre 12 avec ces doigts. Putain.

C'est triste, mais je suis habituée à cette situation, c'est la 6ᵉ fois et je sais exactement comment faire, bien que je sache aussi qu'elle va me détester comme pour les précédentes. Je la mets en pls sur le canapé et appelle les secours.

-Oui allo ? Mon amie fait peut-être une overdose. 31 boulevard des Parigot. Je sais, je l'ai déjà mise en pls. " Je reste en appel avec l'urgentiste et lui caresse la joue, son regard vide dans le mien. Je commence à pleurer de fatigue, de peur et de colère. Je pare les coups, mais les bleus s'accumulent.

-Emma, pourquoi ?

-Je suis désolée. Je te jure. J'allais pas bien. Mais heureusement que tu es là pour me sauver de moi-même hein ? " Sa voix est presque inaudible. Je hoche la tête et serre sa main par accout pour qu'elle ne perde pas connaissance. Je suis là pour toi, je vais te sauver. Jusqu'à ce que je ne puisse plus tenir debout.