17h
Je rentre enfin chez moi. Cette journée a été fatigante, j'ai été confrontée à deux clients colériques, une femme que je soupçonne d'avoir perdu son bébé récemment et un enfant en pleine crise de larmes, qui ne se calmait pas malgré les efforts de ses parents. Ça arrive, parfois les journées sont très dures à vivre et d'autres sont plus douces. Si ce n'était que l'épuisement, ça irait j'y suis habituée. Mais j'ai bu. J'avais bu entre chaque client. C'est de plus en plus fréquent, je ne peux pas plus vivre sans cet apport régulier. Mes émotions me paraissent de plus en plus violentes et celles des autres se répercutent, comme des ondes dans mon crâne. L'alcool me donne la sensation d'être sous l'eau, j'entends moins fort les sons, je ressens les émotions comme si elles étaient loin de moi. Mais physiquement, je suis au bout. J'ai la nausée constamment et je me sens dissociée de mon corps. Et plus je bois, plus je plonge sous l'eau et moins, je n'ai de force pour remonter, ne serait ce qu'un peu. Je m'assois sur mon lit et je pleure. Je pleure pour mes parents que j'ai honte de regarder dans les yeux, pour mon frère que je suis à deux doigts de perdre tous les jours et pour moi, la jeune femme qui se déteste et a honte d'elle. Pour l'enfant qui détestait les autres gosses à cause de leurs émotions, trop jeune pour comprendre que ça ne se décide pas. Pour l'adolescente qui voulait disparaitre pour respirer. Je m'assois par terre et je tente de reprendre mon souffle. J'ai un repas. Je dois me préparer, je dois cacher tout ça et passer un bon moment en famille. Je me maquille d'un peu de crayon noir et d'un rouge à lèvre nude et attache mes cheveux en une queue de cheval. J'allume Spotify sur mon téléphone en me préparant. La musique me détend. J'enlève mes vêtements cramoisis et enfile un jean et un sweat noir. Un message s'affiche sur mon téléphone. C'est Emma, j'espère que tout va bien. " Je crois qu'il s'est passé quelque chose, j'ai besoin de toi." Elle ne m'a jamais envoyé un message de ce genre, ça pourrait vraiment être grave. Mais j'ai pris un engagement avec ma famille et mon frère, je ne peux pas annuler au dernier moment. " Merde meuf. Ne t'inquiète pas, je viens chez toi vers 22h, tu me raconteras." Je m'en veux de ne pas pouvoir l'aider tout de suite. Je fini de me préparer et prends le métro pour aller à ce diner.
18 h 13
– Bonjour Maman. Salut papa." dis-je en entrant dans la maison de mon enfance. Mon père est en train de mettre la table et maman est sur le canapé en train de regarder une émission.
– Bonsoir ma puce, viens t'assoir avec moi me raconter un peu comment va la vie.
– Coucou Mumu. Mon père part en direction de la cuisine et je m'assieds sur le canapé, le juste milieu entre l'autre bout et près de ma mère afin qu'elle ne me renifle pas de près.
– Eh bien ça va. Au travail, je m'entends bien avec mes collègues et M. Guérand passe souvent.
– Ah ce Monsieur Guérand! Il faudra que nous le rencontrions un jour, tu en parles continuellement. Propose-lui de venir manger. Ou alors, on peut boire un verre aussi.
– Euh maman, en fait, je ne pense pas que ça l'enchanterait. Il n'aime pas trop les gens, sortir de chez lui. Mais je peux toujours lui passer le mot oui.
– Oui fais-le, je ne me vexerai pas s'il n'en a pas envie, à son âge, il a bien le droit d'envoyer bouler des inconnus s'il aime sa solitude. Et dans ta vie personnelle ? Tu as rencontré un garçon ? Ou de nouveaux amis ?
– Non maman, je n'ai pas trop le temps, tu sais. Quand je ne travaille pas, je me repose un maximum.
– C'est vrai que tu fais un boulot drainant, mais c'est important que tu fasses des rencontres. À 23 ans, je suis sûre que tu peux rencontrer des personnes douces et gentilles qui t'aimeront comme tu l'es. Souviens-toi tout le travail que tu as fait avec ta psychologue. Prends confiance en toi.

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La blessure du temps.
Ficção AdolescenteMuriel as 23 ans, elle est garagiste et reçoit fréquemment un viel homme avec qui nait une amitié. d apparence tout semble aller très bien, mais elle cache plusieurs visages. En effet, de fille parfaite à femme bouffée par ces angoisses il n y a ri...