— Elle ne peut pas mourir !Je hurle sur l'écran de télé. C'est ce que je déteste dans The Walking Dead : j'ai tout le temps peur qu'un de mes personnages préférés ne meure sans crier gare.Yoshi mange des Doritos à côté de moi.
— L'épisode va finir et on ne saura pas qui meurt.Je lui arrache le paquet de tortillas des mains.
— Tais-toi. Si c'est ce qui se passe, je jure que je ne regarderai plus jamais cette série.Mon meilleur ami lève les yeux au ciel et ajuste ses lunettes.
— C'est ce que tu dis depuis la première saison.
— Je ne suis pas parfaite, d'accord ?Nous sommes tous les deux assis sur le sol, le dos contre mon lit.
Comme il fait chaud, je porte juste un short et un T-shirt blanc sans soutien-gorge. J'ai l'habitude de me mettre à l'aise avec Yoshi et lui aussi. Rocky dort paisiblement près de la fenêtre.Ma chambre a une taille respectable, j'ai un lit de 160, et des posters de mes fandoms préférés sont collés sur les murs violets.
J'ai suspendu de petites guirlandes lumineuses de Noël tout en haut, près du plafond, elles sont magnifiques la nuit. L'écran plat est placé devant mon lit ; d'un côté de la télé se trouve la fenêtre et, de l'autre, la porte de ma salle de bains.Nous sommes super concentrés sur l'écran lorsque l'épisode s'arrête abruptement et que le générique commence à défiler.
— Nooooon ! Je hais les producteurs et scénaristes de The Walking Dead ! Je les déteste !
— Je te l'avais bien dit, grogne Yoshi en faisant le malin.Je lui balance une claque à l'arrière de la tête.
— Aïe ! Ne t'en prends pas à moi.
— Comment ils peuvent nous faire ça ? Ça ne peut pas finir comme ça !! Qui va mourir ?Yoshi me frotte gentiment le dos.
— C'est bon, ça va aller.
Il me tend un verre de Pepsi glacé.
— Tiens, bois un coup.
— Je vais mourir.
— Détends-toi, c'est juste une série.J'éteins la télé, le moral à plat, et je m'assieds face à Yoshi.
Il a l'air tracassé et je sais que ce n'est pas à cause de The Walking Dead. Ses petits yeux couleur miel scintillent d'un éclat que je n'avais jamais observé.
Il m'adresse un sourire nerveux.
— Il y a un problème ?
— Oui.L'atmosphère est lourde pour une raison étrange. Je ne sais pas ce qu'il a à me dire, mais ça me met mal à l'aise de le voir si hésitant.
J'ai envie de lui demander ce qu'il a, même si je sais que je dois lui laisser le temps.Yoshi passe sa langue sur sa lèvre avant de se lancer :
— Je voudrais avoir ton avis.
— Je t'écoute.Il retire sa casquette, libérant ses cheveux en désordre.
— Qu'est-ce que tu ferais si tu étais amoureuse d'une amie ?Mon cœur bondit, mais j'essaie de réagir normalement.
— J'en profiterais pour explorer la face lesbienne de ma personnalité.Je souris, mais ma réponse n'amuse pas Yoshi. Son expression devient plus grave encore.
— Je suis sérieux, Raquel.
— D'accord, c'est bon, monsieur Austère.Je me tiens le menton comme si je voulais me concentrer.
— Je le lui dirais, je crois.
— Tu n'aurais pas peur de perdre son amitié ?Tout à coup, le déclic se produit dans mon esprit et je réalise ce que Yoshi est sur le point d'avouer.Cette amie dont il est amoureux, ce ne serait pas moi ? Il n'a pas d'autre amie, il a juste quelques vagues copines.Oh... Mon estomac se noue alors que mon BFF me regarde attentivement, attendant mes conseils.
— Tu es sûr de tes sentiments ? je demande, en jouant avec mes doigts.Ses beaux yeux sont fixés sur moi.
— Oui, certain, elle me plaît beaucoup.Ma gorge devient sèche.
— Quand est-ce que tu as réalisé que tu l'aimais ?
— Je pense que je l'ai toujours su, j'ai été lâche, mais je ne peux plus le cacher.Il baisse les yeux, soupire et, quand il les relève, ils sont brillants d'émotion.
— Je meurs d'envie de l'embrasser, ajoute-t-il.
Instinctivement, je me mords la lèvre.
— Ah oui ?Yoshi se rapproche un peu plus.
— Oui, sa bouche est attirante, elle me rend fou.
— Elle doit avoir de très belles lèvres, alors.
— Les plus belles que j'aie jamais vues de ma vie. Elle m'ensorcelle.Ensorcelle...Sorcière...Ares...Non ! Non ! Ne pense pas à Ares !Pas maintenant !Inévitablement, me viennent à l'esprit les yeux aussi bleus que la mer, le sourire moqueur et arrogant, les lèvres si douces qui explorent mon cou...Ah non ! Je te déteste, fichu cerveau !Mon meilleur ami depuis l'enfance est enfin sur le point de m'avouer son amour et je pense à mon imbécile de voisin, ce dieu grec prétentieux.
— Raquel ?
La voix de Yoshi me ramène à la réalité ; il a l'air perdu et ce n'est pas étonnant, car j'ai choisi le pire moment pour me déconnecter mentalement.
En le voyant si vulnérable en face de moi, je réalise que je ne peux pas supporter une confession, pas tout de suite en tout cas.
— Je dois aller aux toilettes.
Je me lève avant qu'il ne puisse répliquer.Je rentre dans la salle de bains et je m'adosse à la porte. Je secoue mes cheveux de frustration.
Je suis lâche et complètement débile. Je n'ai même pas emporté mon téléphone pour appeler Dani. Qui va aux toilettes sans son téléphone de nos jours ?Personne. Juste moi. Je grogne et je me masse le visage en réfléchissant. J'entends Yoshi m'appeler de l'autre côté du battant.
— Raquel ? Je dois y aller, on se reparle plus tard.Non ! J'ouvre la porte aussi vite que possible, mais je vois juste son dos disparaître alors qu'il sort de ma chambre.— Raah !
Je me jette sur mon lit et je laisse le sommeil m'envahir. Je ne veux plus penser à ce que Yoshi allait me dire, je veux juste permettre à mon cerveau de se reposer. Je ferme les yeux et je tombe rapidement dans les bras de Morphée.*Je suis réveillée brutalement par les aboiements de Rocky.
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À travers ma fenêtre
Historia CortaAmoureuse de son voisin depuis longtemps, Raquel découvre enfin ses sentiments sont réciproque..