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Ce matin, nous avons reçu un mail de notre directeur avec comme objet : "Réunion importante concernant le projet de Londres". De quoi nous rassurer, vu les dernières nouvelles, vous direz-vous, et c'est ce qu'on s'apprête à découvrir après le déjeuner.

- Ça ne me rassure pas des masses cette histoire.

N - Et moi donc. Pourquoi j'ai l'impression que Tom, Karina, et même Léa nous évitent depuis quelques jours ?

- Maintenant que tu le dis... soit c'est une surprise super secrète, soit c'est un très gros problème.

N - Je parierais sur la seconde option, je ne sais pas pourquoi.

On se regarde, un peu déprimées, avant d'aller ensemble à la réunion.

En entrant dans la salle, je remarque immédiatement le directeur, son assistant, et nos trois "déserteurs" déjà installés. Leurs visages sont fermés, peu rassurants. L'atmosphère est tendue, et je sens l'inquiétude monter. Nous nous installons à notre tour, tentant de rester calmes, puis le directeur prend enfin la parole, un sourire sur le visage.

PDG - Bonjour mesdames, je vous ai donc convoquées, en plus de vos collègues ici présents, pour vous annoncer des nouvelles qui devraient vous faire plaisir. Ningning et moi nous regardons, étonnées. Tout d'abord, commençons par les moins importantes... *roulement de tambour* : le projet est annulé.

Ningning ouvre de grands yeux, tandis que mon cœur rate un battement, et pendant un instant, le silence est si lourd qu'on pourrait presque l'entendre.

Je suis bouche bée, ne sachant pas quoi dire. Un sourire nerveux commence à se dessiner sur mon visage tandis que je fixe notre directeur, toujours avec son grand sourire. Il continue, imperturbable :

PDG - Pour explication, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais il y a eu un changement de direction chez eux. Nous avions signé le contrat avec leur accord, mais il y a eu un changement de dernière minute. Malgré les efforts de Karina pour les convaincre après avoir reçu leur décision d'abandonner le projet, ils n'ont pas cédé. Bien sûr, j'ai été aussi surpris que vous. Mais attendez, j'ai une très bonne nouvelle. Puisque le contrat avait été signé avec leur accord, il incluait une clause en cas de non-finalisation. Nous avons investi du temps et de l'argent qui, on peut le dire, sont finalement perdus. Roulement de tambour : vous aurez une semaine tous frais payés à Londres, offerte par leurs soins, en plus d'une compensation financière pour l'entreprise. Cela va de soi. Je vous laisse donc voir les détails avec Lea. Merci d'avoir travaillé sur ce projet, qui nous a tout de même permis d'observer vos performances sur ce type de travail. Les retours sont positifs, donc cela reste un bon point pour vous en termes d'expérience. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée.

Et sans plus attendre, il nous salue et quitte la salle avec son assistant.

Encore en train d'assimiler les informations, Ning me tape sur le bras, me sortant de ma rêverie.

N - Mais pardon ? Donc on a fait tout ça pour rien en soi ?

K - Non, comme l'a dit le big boss, ça vous a apporté de l'expérience, et il a une très bonne image de vous. C'est bien, ça, non ?

N - Attends, ça fait un mois qu'on nous met la pression et qu'on commence tout de zéro pour qu'à mi-parcours ils arrêtent ? J'aurais tellement pu faire des missions qui m'auraient moins pris la tête.

L - Je ne peux pas te contredire, c'est vrai. Mais regarde, une semaine tous frais payés...

N - À Londres ! Aux Canaries, d'accord, mais si c'est pour me taper la pluie, non merci.

Sa remarque ne manque pas de nous faire rire.

N - Nan mais on est d'accord, pas vrai Winter ?

- Je ne vais pas te contredire, mais si c'est des vacances gratuites sans déduction de congés payés en plus ? Je regarde intensément Lea à ce moment-là, hochant la tête pour valider ce détail. Je ne vais pas me plaindre plus que ça. Mais dès qu'on a su que Giselle avait quitté la boîte, on s'était dit qu'il y avait anguille sous roche.

K - J'ai vraiment essayé de les faire changer d'avis, ça m'a pourri ma journée aussi. Mais même après coup, ils n'ont pas voulu. Mais dites-vous qu'après l'effort, le réconfort, non ?

N - Un effort même pas achevé...

T - Sur ce coup-là, je suis bien content de ne pas avoir été dessus.

Karina lui donne un coup de coude, lui intimant de ne pas enfoncer le couteau dans la plaie.

N - Léa, je ne peux pas transformer ce voyage en compensation monétaire plutôt ?

L - Je savais que tu allais me poser cette question. Ça peut s'arranger, mais tu n'aurais pas ta semaine de vacances en plus, par contre.

On se lève tous, petit à petit pour sortir de la salle. Pendant que Ningning et Léa partent vers son bureau pour continuer la discussion, Tom, Karina et moi nous dirigeons vers la salle à manger pour prendre à boire.

- C'est pour ça que tu étais contrariée l'autre fois ? demandé-je à Karina.

K - Oui, ça m'avait fatiguée de parler à un mur, répond-elle en soupirant.

- Et c'est pour ça que vous nous évitiez ?

K - Pas consciemment pour moi, dit Karina.

T - J'étais sûr que j'allais cracher le morceau, pour ma part oui, ajoute Tom en riant légèrement.

- Tu viens aussi à Londres, Tom ? 

T - Ça me tente bien, mais j'aimerais amener ma femme aussi, ça la détendrait un peu, dit-il avec un sourire.

- Ah mais oui, avec le bébé en route, ça doit pas être facile, dis-je en hochant la tête.

T - Je vais voir avec elle, et si elle accepte, je saute sur l'occasion de vacances gratuites, surtout que je n'ai rien fait pour ce projet, dit-il avec un clin d'œil avant de partir.

Je le regarde partir en buvant mon thé et remarque Karina observer la pièce rapidement avant de me prendre délicatement dans les bras, toujours avec un gloussement dont je ne connais pas la cause, pendant que je rougis sûrement.

Je réalise qu'elle est de plus en plus démonstrative quand on est seuls. Cette facette de sa personnalité, qui contraste avec son sérieux et son professionnalisme, me fait fondre. Elle est comme un grand bébé qu'on veut protéger et choyer.

- Tu es de plus en plus câline, dis-moi.

- Ça te dérange ?

- Pas le moins du monde.

- Tant mieux, parce que je ne comptais pas arrêter, dit-elle un air espiègle sur le visage.

- Tu veux profiter du voyage offert, toi aussi ?

- Je ne sais pas, il me reste pas mal de travail à faire malgré ça. Tu y vas, toi ?

- Je ne dis pas non, et si en plus je peux profiter avec toi, je ne vois pas pourquoi refuser.

- Maintenant que tu le dis, l'idée d'une semaine ensemble me plaît bien. Tu m'influences beaucoup trop facilement, ça en est perturbant.

- C'est un charme que je ne peux contrôler. Du coup, tu voudrais partir quand ?

- On peut choisir en plus ?

- Il n'a pas précisé, donc je suppose que oui.

- Je ne sais pas vraiment, peut-être le mois prochain, puisqu'on revient à peine de vacances ?

- Ça fait déjà trois semaines, mais c'est vrai, autant étaler nos vacances. Va pour le mois prochain.

Je regarde l'heure et remarque que ça fait déjà une bonne demi-heure qu'on est là.

- Je pense qu'on devrait y aller. Maintenant que ce projet qui me prenait la tête est fini, je suis bien contente de reprendre des missions que j'aurais choisies.

Karina resserre sa prise sur moi, refusant de me laisser partir.

- Tu ne veux pas me laisser, hein ? Et si on reprenait ça ce soir ? Elle fait une moue extrêmement mignonne avant d'acquiescer avec un grand sourire. Je me reprends et la tire pour l'amener à aller travailler aussi.

Je ne peux pasm'empêcher de sourire en repensant à son regard et à la façon dont elle seblottit contre moi, peut-être que je suis amoureuse.

𝑬𝒍𝒍𝒆 °ʷᶤᶰʳᶤᶰᵃ°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant