Ellipse

Chapitre 3

- Tu as fait le bon choix.

- Quoi ?

J'adressai un regard dérouté au garde qui se tenait devant moi.

- Retourner vers nous, précisa-t-il.

Je hochai lentement la tête. Tim avait tué tous les gardes, me laissant ainsi sans surveillance. Je ne savais pas s'il avait fait ça par colère ou pour me rendre ma liberté, mais de toute façon, avec les gardes à l'entrée du village il m'était impossible de partir. J'ignorais d'ailleurs comment Tim avait réussi. J'avais longuement hésité à tenter le coup et à abattre les gardes, mais même sans tueur à mes trousses, je ne savais rien du monde extérieur. Il valait mieux d'abord retrouver mes souvenirs. Mon ventre se serra à cette pensée. Allaient-ils tenir parole ? Allais-je me souvenir de ma vie passée, mes parents, ma maison... ? Nous marchâmes quelques minutes jusqu'à arriver à destination. C'était la première fois que je voyais le bâtiment de l'extérieur. Il était grand et si imposant que je me demandai comment personne n'avait pu le remarquer. Était-ce légal ? Est-ce que tout le monde savait que ce bâtiment existait et qu'il prenait des gens contre leur volonté pour tuer ? Le monde était-il si fou ?

- Vous venez ? me dit un garde.

Je me mordis la lèvre inférieure. J'avais peur. Terriblement peur. Mettre un pied dans ce bâtiment me rendrait de nouveau prisonnière. Et en un sens...

- Oui, déglutis-je.

Il fallait que je me souvienne. Je pris sur moi et avançai à l'intérieur. Ne pas avoir Tim à mes côtés me fit tout drôle, même s'il n'était pas resté longtemps. M'en voulait-il ? Je chassai cette idée de ma tête et suivis les gardes. Nous refîmes la traversée du long couloir jusqu'à arriver de nouveau devant les cellules. La majorité des femmes était déjà revenue.

- Et... Et mes souvenirs ? paniquai-je.

Le garde me tira par le bras jusqu'à la cellule et ouvrit la porte.

- On viendra vous chercher quand ce sera prêt.

Il me poussa à l'intérieur et ferma la porte, à une vitesse étonnante.

- Vous avez intérêt à tenir parole, criai-je.

Le garde ne m'adressa aucun regard et partit. Je me blottis dans mon lit, bougeant chaque seconde. Être assise à même le sol ne changerait rien. Je plantai mes ongles dans mes paumes de main. J'avais tué quelqu'un. Je refoulai des larmes.

Tout va bien Aline.

Je sursautai. Qui avait dit ça ? Qui était Aline ? Mes jambes furent agitées de tremblement. Était-ce moi ?

N'aie pas peur Aline.

Encore. Je marchais dans ma cellule, regardant partout autour de moi. Cette voix était ancrée dans ma tête. C'était une voix grave, profonde et sûre d'elle. J'étais certaine de connaître celui qui m'avait dit ça.

- Bah... Ça va ?

Je me tournai en direction de la blonde. Elle m'adressa un regard interrogateur. Ce n'était pas elle qui venait de parler.

- Eh ! Je suis là.

Je me tournai vers la cellule de gauche, qui était jusque-là inoccupée. Une jeune fille fluette qui ne devait pas avoir plus de 15 ans y résidait. Ses boucles brunes tombaient sur son front, soulignant son visage. Elle est très jolie, et j'en eu le souffle coupé. Je me cachai derrière une couverture, me rappelant mon visage hideux. La jeune fille sourit, et j'en déduis qu'elle devait avoir l'habitude d'intimider les gens.

- Mon nom est Hope, dit-elle d'un ton compatissant.

La blonde claqua de la langue.

- Non, là, tu te fourres le doigt dans l'œil, grinça-t-elle entre ses dents. Ton nom, c'est numéro_256.