Le groupe de filles s'éloignait de l'école, après une journée scolaire bien remplie. Elles s'étaient donné rendez-vous à la grille pour partir tous ensemble au centre commercial pour y faire quelques emplettes. Avec l'argent de poche des unes, l'argent gagné des autres, comme c'était le cas pour Rosetta. Celles qui habitaient le même quartier qu’elle s’appelaient Yasmine, Dounia et Amel. Plus tard, Maxine et Aude avaient rejoint leur petite bande. Elles étaient toutes issues d’horizon différents mais partageaient les mêmes centres d’intérêts et étaient unis par une amitié certaine.
Ses copines lui avaient demandé plusieurs fois ce qu'elle faisait comme « petit boulot » mais elle était restée évasive, donnait parfois le même motif qu’à sa mère : le baby-sitting. Elles n'avaient pas plus cherché et l'avaient très vite laissée tranquille, surtout quand c'était elle qui payait un coup à boire, histoire qu'elles ne posent pas plus de questions.
Elles se baladaient le long des vitrines, s'arrêtaient quelquefois pour baver d'envie ou juste admirer les produits en vitrine. Quand l'une avait décidé de rentrer dans un magasin, les autres suivaient. Comme un essaim d'abeilles. Elles se tenaient par le bras, chahutaient, se tiraient par la main pour montrer tel vêtement ou tel bijou. Une complicité liait toutes ces filles. Dans cette bande si joyeuse, Rosetta était le loup solitaire. Elle les rejoignait pour quelques sorties, discutaient parfois sur leur conversation, mais sans plus. Elle aimait aussi sa quiétude.
Les filles entrèrent dans une friperie où on pouvait trouver des vêtements pas chers et stylés. Rosetta n'avait pas trop le goût pour la mode, elle aimait simplement un vêtement parce qu'elle l'aimait : par sa couleur, sa forme, sa texture, ses coutures. Un vêtement, c'était une pièce d'art. On aimait ou on n'aimait pas. Mais il ne fallait pas acheter parce que c'était à la mode, il fallait acheter parce qu'on aimait et qu’on voulait le porter, tout simplement. Alors qu'elle parcourait une partie du rayonnage, on l'appela :
- Rosetta ! Viens, on fait un défilé !
- Maintenant, là ?
- Ouais ! Allez viens, on va s'amuser. Le thème, c'est... sexy !
Les autres roucoulèrent de plaisir. Elles se lançaient souvent des défis vestimentaires, et tout cela finissait à la caisse, bien entendu. On n'achète pas quand on est déprimé, en règle générale. La propriétaire de la boutique connaissait ce petit groupe d'habituées et les laissa faire, un petit sourire sur les lèvres. Ça lui rappelait ses belles années d'insouciance, loin des problèmes d'adulte, ou la seule notion de plaire et surtout de se plaire à soi-même comptait pour une jeune fille. Elle les aida même à choisir les vêtements les plus astucieux pour certaines, en les conseillant par rapport à leur morphologie ou leur couleur de peau, de cheveux, d'yeux.
Rosetta excellait dans ce domaine. Pour elle, « sexy » voulait bien sous-entendre le désir, susciter l'envie rien que par le physique avantageux mis en valeur par les tissus portés. Elle jeta son dévolu sur un body noir à dentelle formant un décolleté qu'elle recouvrait d'une veste type costard grise. Quant au bas, elle choisit une jupe courte de la même couleur que la veste qu'elle accompagna avec des collants résilles. Pour les chaussures, elle prit des bottines à talons. Elle se voulait avant tout chic, belle, mais ne voulait pas que le premier mot qu'on se dise en la voyant serait « pétasse ». On avait le droit de porter une jupe ou des bas résilles sans se faire juger tout de même. Un peu d'ouverture d'esprit. Surtout qu'un corps exaltant la passion n'appelait pas forcément le premier venu qui justifierait son envie par la tenue. On avait tout à fait le droit d’être sexy rien que pour soi.
Il était temps à présent de passer au défilé. Il y avait six cabines, les filles étaient justement au nombre de six. Elles sourirent avec un regard complice ; la vie était bien faite. Elles déposèrent leurs vêtements dans leur cabine puis revinrent au milieu du salon d'essayage. Elles décidèrent alors l'ordre de passage afin d'être noté. Rosetta était la dernière. La première alla se changer ; quand elle ressortit, elle fut accueillie par des exclamations. La jeune fille avait pris le terme « sexy » au bas mot en choisissant un ensemble imprimé léopard avec un bustier blanc. Elle avait accompagné sa tenue par une paire d'escarpins beige et un petit sac du même coloris. La deuxième alla se changer quand la première prit sa place dans les fauteuils. Chacune leur tour, elles allaient se changer pour surprendre le public par leur choix vestimentaire. Quand ce fut le tour de Rosetta, le cœur de celle-ci battait fort. Elle prenait ces petits jeux du quotidien comme des défis pour surprendre. Elle revêtit son body, sa jupe, ses bas résilles, sa veste et ses bottines et sortit de la cabine. Ses amies n'eurent dans un premier temps qu'une bouche grande ouverte. Puis Aude se leva.
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L'amour est ta plus grande richesse
Teen FictionIl y a les riches, il y a les pauvres. Il y a la vie aisée ou modeste, il y a la misère ou la rue. Il y a l'argent, et il n'y a pas l'argent. L'argent ne fait pas le bonheur et le bonheur, c'est à nous de le trouver, parfois de le créer. L'amour est...