Chapitre cinq

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Le soleil se levait tranquillement, tirant le monde de sa douce léthargie. Le froid de la nuit laissait place à la rosée du matin. Les travailleurs de nuit laissaient place aux travailleurs de jour. Les petites bêtes nocturnes laissaient place aux oiseaux qui pépiaient joyeusement dans les arbres, annonçant une belle journée. Le ciel se paraît de ses plus belles couleurs, allant du bleu royal au rose pastel. Le vent montait lentement, caressant les feuilles des arbres afin de les réveiller doucement. La nature était partout la même dans le quartier, dans la ville, dans le pays tout entier. Elle bénissait chaque être humain sur Terre de ses atouts, de ses secrets. Cependant, nous n'avons pas le même horizon. Chaque être, de par sa nature propre et son unicité, doit créer son chemin de vie, doit se donner les moyens d'être heureux et d'accomplir ce qu'il souhaite.

Comme l'arbre, doté d'une certaine volonté, pousse et pousse encore pour grandir et ressembler à ses congénères.

Comme l'arbre remue la terre pour mieux s'enraciner et déployer toute sa beauté à travers son tronc, ses branches et ses feuilles.

Comme l'arbre qui renaît, après chaque hiver, encore plus beau et plus grand.

Rosetta s'était levée plus tôt que d'habitude, ce samedi matin. C'était le week-end, elle n'avait pas cours. Mais elle savait par avance qu'elle allait s'ennuyer ferme, école ou pas école. Elle soupira une énième fois en laissant divaguer ses pensées dehors, comme prisonnière de son appartement. Elle ouvrit la fenêtre et s'accouda sur le rebord, elle huma l'air frais du matin. Elle ferma les yeux, se délectant du moment présent. Ne pas penser au passé, ne pas penser au futur, tel était le secret du bonheur dont tout le monde parlait. Mais c'était aussi une manière pour Rosetta d'oublier ce qu'elle était devenue, et ce qu'elle pourrait devenir si elle continuait sur cette lancée. Tout en promenant son regard au-dehors, elle se remémora le cours de sa vie de ces dernières années.

En prenant du recul, pourquoi avait-elle choisi cette vie ? Sûrement l'argent qui l'avait fait saliver et le Mac qui lui avait promis de belles choses. Elle se souviendrait toute sa vie de ce message qu’elle avait reçu sur les réseaux, lui promettant de l’argent si elle envoyait des photos. D’abord sans visage. Puis, on lui avait demandé d’autres photos, cette fois-ci avec le visage, et tout ça avait pris des proportions. Le Mac l’avait contacté par message, lui avait exposé tous les tarifs possibles et inimaginables, et le piège s’était refermé sur elle.

Quand on est jeune et ignorante, on peut nous faire croire n'importe quoi. Et ça, les adultes l'avaient bien compris, en vue des jeunettes qui peuplaient leur club. Ce qui s'était passé hier avec Amy l'avait franchement dégoûtée. Dans la vie, c'était chacun pour sa gueule. Personne ne l'aidera. Personne.

Sur cette dernière pensée, elle ferma la fenêtre et alla se recoucher, ne trouvant aucune motivation à se lever.

Elle continua à retourner ses pensées dans tous les sens, lovée dans les draps. Les yeux dans le vide, elle se demandait combien de temps ce « petit boulot » allait durer et si ça allait être facile de s'en défaire. Des doutes commencèrent à l'assaillir, essayant de la ramener à la raison en abandonnant cette vie qui n'était pas faite pour elle. Quelque chose de mieux l'attendait, pressentait-elle. De toute façon, on ne pouvait faire pire comme situation.

***

Malik entendit une fenêtre se refermer dans son dos. Il se retourna et scruta l'immeuble, se demandant si on ne l'espionnait pas. Il hocha simplement les épaules et repartit tranquillement vers la route pour aller faire son jogging du week-end. Il fallait qu'il se défoule, il s'était encore pris la tête avec ses parents. Chaque semaine, c'était la même chose. Dès que les petits étaient couchés, ils avaient une discussion d'adulte. Ils lui demandaient ce qu'il voulait faire dans sa vie, puisqu'il avait abandonné ses études, qu'est-ce qu'il allait devenir s'il ne se bougeait pas maintenant, là, tout de suite, et enfin, ce que Malik redoutait le plus... qui s'occuperait des petits si les parents venaient à disparaître et que Malik restait sans rien faire dans sa misère.

L'amour est ta plus grande richesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant