7

34 3 8
                                    

« Quel est le programme de la journée, professeur Rogue ? Demanda Harry d'un ton taquin.

- Cela fait longtemps que j'ai abandonné cet horrible titre.

- Comment devrais-je vous appelez, alors, dites le moi ? »

Il y eut un court silence.

« Vous ne savez pas quel jour nous sommes, n'est-ce pas ? Reprit Severus en élucidant la question précédente.

- En effet ? La cécité n'aide pas mes difficultés à me repérer dans le temps. »

Harry ménagea une brève pause avant de reprendre :

« Pourquoi ? Quel jour sommes-nous ?

- Nous sommes le 31 octobre, Harry.

- Oh... »

Severus ne répondit rien et regarda le visage de son interlocuteur se figer. Soudainement, la lumière s'était retirée de ses traits et Harry abordait désormais une expression fermée. Severus s'en voulut d'avoir fait disparaître la joie du jeune homme. Il hésita un instant avant de confier :

« Je me rends habituellement sur la tombe de Lily... Je me suis dit que peut-être vous voudriez vous joindre à moi. »

Il y eut un moment de flottement.

« Bien sûr, si vous ne voulez pas, je comprendrais parfaitement...

- J'aimerais beaucoup, répondit Harry d'une voix qui semblait lointaine. »

Severus ne releva pas, cependant. Il se contenta de hocher la tête. Puis, se rappelant que son interlocuteur était aveugle, il reprit :

« Nous partons dans une heure, dans ce cas. »

Une heure plus tard, Harry se tenait là, dans le salon. Un instant, Severus trouva bien incongru de voir le sorcier dans l'abri de sa maison. Le refuge et la prison qu'il s'était forgé puis qui s'était refermé sur lui. Severus prit soudainement conscience que ce n'était plus le cas : qu'il n'était plus retenu par sa maison. La présence d'Harry l'avait quelque part enjolivée. C'était dans des petites touches. Le violon qui avait trouvé sa place sous la table basse. Le cuir légèrement élimé d'un fauteuil qui n'avait jamais accueilli personne avant Harry.

Harry lui avait rendu sa liberté, en un sens. Ce qui était très ironique quand on savait qu'il avait aussi provoqué son handicap et son enfermement.

Ce n'était plus une prison. C'était une maison à nouveau. Sa maison. Leur maison.

Severus se secoua et proposa son bras à Harry. La chaleur de la main qui attrapa fermement son poignet l'ancra à la réalité, à quelque chose de tangible. Tout était très réel soudainement. Harry. Severus. Leurs mains. Et l'absence. Le creux. La mort, qui tâche le corps de Severus.

Il les fit transplaner hors de la chaleur de la maison.

.

Harry fit de son mieux pour retrouver son sens de l'équilibre. Il n'aimait déjà pas le transplanage auparavant. Mais depuis qu'il avait perdu la vue, c'était devenu encore pire.

Il fut cependant vite envahi par une forte odeur de fleur. Il sentit Rogue avancer et il resta bêtement suspendu à son bras.

« Bonjour M. Rogue, nous sommes déjà le 31 octobre, n'est-ce pas ?

- C'est exact, oui.

- Vous êtes accompagné aujourd'hui ? À qui ai-je l'honneur ? »

Un bruit de papier froissé accompagna les paroles. Harry devina qu'ils étaient chez le fleuriste. Moldu, qui plus est, si on lui demandait de décliner son identité.

Histoires De RémissionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant