Sous le casque

Chapitre 8 : Perturbations intérieures (POV Jason)

Je cours dans les couloirs du lycée, maudissant mon réveil qui n'a pas sonné. Ou peut-être que je l'ai éteint dans mon sommeil, je ne sais plus. Tout ce que je sais, c'est que je suis en retard pour le cours de littérature, et que le vieux Harper va encore me faire une scène.

J'arrive devant la salle de classe, essoufflé, et prends une seconde pour reprendre mon souffle et recomposer mon attitude nonchalante habituelle. Pas question de montrer que je me suis dépêché pour arriver à l'heure. Jason le bad boy n'en a rien à faire des cours, pas vrai ?

J'entre dans la salle juste au moment où Harper s'apprête à fermer la porte. Son regard désapprobateur me suit alors que je scanne rapidement la pièce à la recherche d'une place libre.

C'est là que je la vois. Aya. La seule place disponible est à côté d'elle.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, mais je m'efforce de garder un visage impassible. Je m'avance vers elle, sentant tous les regards sur moi.

"Cette place est libre ?" je demande, essayant de paraître détaché.

Elle hoche la tête, ses grands yeux sombres me regardant avec une intensité qui me déstabilise. Je m'assois à côté d'elle, sentant immédiatement la tension dans l'air s'épaissir. C'est comme si toute la pièce avait disparu, ne laissant que nous deux dans notre propre bulle électrique.

Harper commence son cours, parlant de Roméo et Juliette. Je fais semblant d'écouter, mais mon esprit est ailleurs. Je suis hyper-conscient de la présence d'Aya à côté de moi. Je peux sentir son parfum léger, entendre le grattement de son stylo sur le papier alors qu'elle prend des notes.

C'est... agaçant. Comment suis-je censé me concentrer avec elle juste là ? Et pourquoi est-ce que ça me dérange autant ? Ce n'est qu'une fille, bon sang. J'ai côtoyé des dizaines de filles sans que ça ne me fasse cet effet.

Frustré par mes propres pensées, je sors mon carnet de croquis et commence à dessiner distraitement. Les lignes fluides d'une moto prennent forme sous mon crayon, m'aidant à canaliser cette énergie nerveuse qui me traverse.

Du coin de l'œil, je vois Aya jeter un coup d'œil à mon dessin. Je tourne légèrement la tête, nos regards se croisent, et je sens mon cœur s'accélérer. Il y a de la curiosité dans ses yeux, et peut-être même de l'admiration. Pendant une fraction de seconde, je me sens... vu. Comme si elle regardait au-delà de mon image de bad boy et voyait vraiment qui je suis.

Cette pensée me terrifie et m'excite en même temps. Je me retourne brusquement vers le tableau, essayant de me reconcentrer sur le cours. Mais c'est peine perdue. Chaque fibre de mon être est consciente d'Aya, de sa présence à mes côtés.

Harper nous demande de former des binômes pour discuter d'une scène. Avant que je ne puisse réfléchir, je me tourne vers Aya.

"Partenaires ?" je demande, essayant de garder un ton désinvolte.

Elle hoche la tête, et nous commençons à discuter de la scène. Je suis surpris de découvrir qu'elle a des opinions intéressantes, allant au-delà des interprétations superficielles que la plupart des gens font de cette pièce.

"Tu penses vraiment que Roméo et Juliette étaient amoureux ?" demande-t-elle. "Ou juste pris dans l'excitation du moment, de l'interdit ?"

Sa question me frappe de plein fouet, faisant écho à mes propres interrogations. Pas seulement sur la pièce, mais sur... nous. Sur ce truc étrange qui se passe entre nous.

"Je pense que parfois, on rencontre quelqu'un qui change tout," je réponds doucement, surpris par ma propre honnêteté. "Quelqu'un qui nous voit vraiment, au-delà des masques et des apparences. Et ça, ça peut être effrayant comme l'enfer."