Le vrombissement des motos remplit l'air alors que je me tiens au bord de la piste d'entraînement. C'est une journée comme les autres depuis ma dispute avec Aya. Je suis revenu à mes anciennes habitudes, traînant avec mon ancien groupe, faisant semblant que rien n'a changé. Mais au fond de moi, je sais que tout est différent.
Alex s'approche de moi, un sourire narquois aux lèvres. "Hé, Walker ! T'as entendu la nouvelle ?"
Je secoue la tête, peu intéressé par les derniers potins.
"Ta petite copine, Aya," continue-t-il, ignorant mon manque d'enthousiasme. "Il paraît qu'elle va participer à la grande course ce week-end."
Mon cœur rate un battement. Aya ? Dans une course ? Je me tourne brusquement vers Alex, essayant de garder un visage impassible.
"Qu'est-ce que tu racontes ?" je demande, ma voix plus dure que je ne le voulais.
Alex hausse les épaules. "C'est ce que tout le monde dit. Apparemment, elle a une vieille Harley qu'elle a retapée elle-même. Qui l'aurait cru, hein ?"
Je reste silencieux, mon esprit tourbillonnant. Aya, sur une moto. Aya, participant à une course. Une partie de moi est impressionnée, admirative même. Je me souviens de notre conversation sur sa passion pour la mécanique, héritée de son père. Mais une autre partie de moi est terrifiée. Les courses clandestines sont dangereuses. J'ai vu des accidents, des blessures graves...
"Tu vas participer, pas vrai ?" demande Alex, me tirant de mes pensées.
Je cligne des yeux, surpris par la question. "Je... je ne sais pas," je réponds honnêtement.
Alex me regarde comme si j'avais perdu la tête. "Allez, mec ! C'est l'occasion parfaite de montrer à tout le monde qui est le meilleur pilote de Millau !"
Ses mots résonnent en moi, mais pas de la façon dont il l'entend. Tout ce à quoi je peux penser, c'est Aya. Aya sur une moto. Aya risquant sa vie dans une course dangereuse.
"Je vais y réfléchir," je marmonne avant de m'éloigner, ignorant les appels d'Alex.
Je monte sur ma moto et je roule, sans but précis. Mon esprit est un tourbillon de pensées et d'émotions contradictoires. L'admiration se mêle à l'inquiétude, la fierté à la peur.
Sans m'en rendre compte, je me retrouve devant la maison d'Aya. Je ralentis, observant la façade familière. La lumière du garage est allumée, et je peux entendre le bruit distant d'outils.
Une partie de moi veut descendre de ma moto, entrer dans ce garage et parler à Aya. Lui dire que je suis désolé, que j'ai été un idiot, que je m'inquiète pour elle. Mais une autre partie, celle qui a pris le dessus ces derniers jours, me retient.
Je reste là, immobile sur ma moto, pendant ce qui semble être une éternité. Finalement, je redémarre et m'éloigne, le cœur lourd.
De retour chez moi, je me dirige directement vers le garage. Ma propre Harley m'attend, rutilante et puissante. Je commence à la vérifier méticuleusement, chaque geste familier et réconfortant.
Alors que je travaille, mes pensées dérivent vers Aya. Je me souviens de son sourire quand elle parlait de mécanique, de la passion dans sa voix quand elle évoquait les balades en moto avec son père. Comment ai-je pu être aussi aveugle ? Comment ai-je pu ne pas voir cette partie d'elle ?
La culpabilité me ronge. J'ai laissé ma jalousie et mes insécurités prendre le dessus, blessant la seule personne qui a vraiment vu au-delà de mon image de bad boy.
Soudain, une idée me frappe. Je pourrais participer à la course. Non pas pour prouver que je suis le meilleur, comme Alex le suggérait, mais pour veiller sur Aya. Pour m'assurer qu'elle soit en sécurité.
Cette pensée me réconforte et m'effraie en même temps. Être sur la même piste qu'Aya, la voir dans son élément... L'idée est à la fois exaltante et terrifiante.
Je passe les jours suivants à préparer intensivement ma moto. Chaque boulon est vérifié, chaque pièce est nettoyée et huilée. Je veux être sûr que ma machine soit en parfait état, pas seulement pour la course, mais pour pouvoir réagir rapidement si Aya a besoin d'aide.
La veille de la course, je suis assis dans mon garage, fixant ma moto. Le doute m'assaille. Et si ma présence ne faisait qu'aggraver les choses ? Et si Aya pensait que je ne lui faisais pas confiance, que je la sous-estimais ?
Je sors mon téléphone, fixant l'écran. Aucun message d'Aya. Pas depuis notre dispute. Mon pouce hésite au-dessus de son nom dans mes contacts. Devrais-je lui envoyer un message ? Lui dire que je serai là ? Lui souhaiter bonne chance ?
Finalement, je range mon téléphone sans rien envoyer. Demain, sur la piste, elle saura que je suis là. Et peut-être, juste peut-être, que ce sera l'occasion de recoller les morceaux.
Le matin de la course arrive. L'air est chargé d'excitation et de tension. Les motards se rassemblent, vérifiant une dernière fois leurs machines, échangeant des regards de défi.
Et puis je la vois. Aya. Elle est magnifique, vêtue d'une combinaison de cuir noir, ses longs cheveux attachés en une tresse serrée. Elle se tient à côté d'une Harley vintage, probablement celle de son père. Même de loin, je peux voir la détermination dans son regard.
Mon cœur se serre. Je voudrais aller vers elle, lui parler. Mais je me retiens. Ce n'est ni le moment ni l'endroit.
Alors que nous nous alignons sur la ligne de départ, je me positionne non loin d'Aya. Elle me remarque enfin, et nos regards se croisent. Je vois la surprise dans ses yeux, puis quelque chose d'autre... de l'inquiétude ? De la colère ? Je n'arrive pas à le déchiffrer.
Le signal de départ retentit, et nous nous élançons dans un rugissement assourdissant de moteurs. La course commence, et avec elle, une nouvelle phase de notre histoire.
Alors que nous filons sur la route sinueuse, je garde un œil attentif sur Aya. Elle pilote avec une grâce et une assurance qui me coupent le souffle. Chaque virage, chaque accélération est parfaitement maîtrisée.
Une partie de moi veut gagner cette course, prouver que je suis toujours le meilleur. Mais une autre partie, plus forte, ne se soucie que de la sécurité d'Aya. Je reste près d'elle, prêt à intervenir au moindre problème.
Alors que nous approchons du dernier virage, je réalise quelque chose. Cette course n'est pas sur la victoire. Elle n'est pas sur la fierté ou la réputation. Elle est sur la rédemption. Sur la possibilité de montrer à Aya que je suis toujours là pour elle, même quand je suis un idiot fini.
Dans un dernier effort, je pousse ma moto à fond. Non pas pour dépasser Aya, mais pour rester à ses côtés. Pour lui montrer que je suis là, que je serai toujours là.
Nous franchissons la ligne d'arrivée presque simultanément, dans un rugissement de moteurs et une explosion d'adrénaline. Alors que nous ralentissons, nos regards se croisent à nouveau. Et cette fois, je vois quelque chose de différent dans les yeux d'Aya. De la compréhension, peut-être. Et un début de pardon.
Quoi qu'il arrive maintenant, je sais une chose avec certitude. Cette course n'était que le début. Le début de ma rédemption, le début de notre réconciliation. Et je suis prêt à faire tout ce qu'il faut pour regagner la confiance d'Aya.
Parce qu'elle en vaut la peine. Parce que nous en valons la peine.
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Sous le casque
RomanceAya, endeuillée par la perte de ses parents, trouve un nouveau départ dans une petite ville où elle rencontre Jason, le bad boy du lycée. Leur passion commune pour les motos les rapproche, révélant leurs âmes blessées derrière leurs façades rebelles...