Le réveil sonne, me tirant brutalement de mon sommeil. Je grogne, tentant d'ignorer la sonnerie stridente, mais les souvenirs de la veille m'assaillent déjà. Aya. Le projet. La bibliothèque. Cette tension électrique entre nous...
Je secoue la tête, essayant de chasser ces pensées. C'est ridicule. Je suis Jason Walker, le bad boy du lycée. Je ne tombe pas amoureux. Je ne m'attache pas. Et surtout pas à une fille comme Aya.
Pourtant, alors que je me prépare pour le lycée, son visage ne cesse de me hanter. Ses yeux profonds, son sourire timide, la façon dont elle fronce les sourcils quand elle se concentre... Stop. Je dois arrêter ça.
Je descends prendre mon petit-déjeuner, ignorant le silence pesant de la cuisine. Mon père est déjà parti travailler, comme d'habitude. Je mange rapidement, pressé de sortir de cette maison vide.
Sur ma moto, je sens enfin l'air frais du matin éclaircir mes idées. La vitesse, le vrombissement du moteur, c'est ça ma vraie passion. Pas une fille. Certainement pas Aya.
Arrivé au lycée, je gare ma moto et prends une profonde inspiration. Aujourd'hui, je vais remettre les choses en ordre. Je vais être le Jason que tout le monde connaît et attend. Froid, distant, désagréable s'il le faut. Tout pour repousser Aya et ces sentiments ridicules qu'elle éveille en moi.
Je traverse les couloirs d'un pas assuré, ignorant les regards admiratifs des filles et les hochements de tête respectueux des gars. Mon masque est en place, impénétrable.
C'est alors que je la vois. Aya, à son casier, en train de ranger ses livres. Mon cœur fait un bond malgré moi, et je sens ma résolution vaciller. Non. Je dois rester fort.
Je m'approche d'elle, forçant un sourire narquois sur mon visage. "Alors, Durand, prête pour une autre journée passionnante à étudier les histoires d'amour tragiques ?"
Elle se tourne vers moi, surprise par mon ton. Je vois une lueur de confusion dans ses yeux, rapidement remplacée par de la méfiance. Bien. C'est exactement ce que je veux.
"Bonjour à toi aussi, Jason," répond-elle calmement. "J'espère que tu as fait ta part du travail pour le projet."
Je ris, un son froid et moqueur qui ne me ressemble pas. "Oh, tu sais, j'avais des choses plus importantes à faire. Des vraies fêtes, des vraies filles... Tu comprends ?"
Je vois la douleur traverser son visage, et une partie de moi hurle de s'arrêter. Mais je ne peux pas. C'est pour le mieux. Pour elle. Pour moi.
"Je vois," dit-elle froidement. "Eh bien, la prochaine fois, préviens-moi si tu comptes me laisser faire tout le travail toute seule."
Elle ferme son casier d'un coup sec et s'éloigne. Je la regarde partir, ignorant la douleur dans ma poitrine. C'est mieux ainsi. Ça doit l'être.
La journée passe dans un brouillard de cours ennuyeux et de conversations superficielles. Je joue mon rôle à la perfection, riant aux blagues de mes potes, flirtant avec les cheerleaders, ignorant ostensiblement Aya chaque fois que nos chemins se croisent.
Mais c'est dur. Tellement dur. Chaque fois que je l'aperçois, mon cœur fait un bond. Chaque fois que j'entends sa voix, même de loin, je dois me retenir de me tourner vers elle. C'est comme si elle avait son propre champ gravitationnel, et que j'étais constamment attiré vers elle.
À la pause déjeuner, je suis assis avec mon groupe habituel, riant à une blague que je n'ai même pas écoutée, quand je la vois. Aya est à une table non loin, en grande conversation avec un gars que je ne reconnais pas. Il est penché vers elle, souriant, et elle rit à quelque chose qu'il vient de dire.
Je sens une vague de jalousie me submerger, si forte qu'elle me coupe le souffle. Qui est ce type ? Pourquoi est-il si proche d'elle ? Et pourquoi ça me dérange autant ?
Sans réfléchir, je me lève brusquement, ignorant les regards surpris de mes amis. Je me dirige vers leur table, le sang bouillonnant dans mes veines.
"Eh, Durand," je lance, ma voix plus dure que je ne le voulais. "On a du travail à faire pour le projet. Tu te rappelles ? Ou tu es trop occupée à flirter ?"
Aya me regarde, choquée par mon interruption. Le gars à côté d'elle fronce les sourcils, visiblement mécontent.
"Jason, qu'est-ce que tu fais ?" demande Aya, la confusion et la colère se mélangeant dans sa voix.
"Je te rappelle juste tes priorités," je réponds sèchement. "À moins que tu ne préfères que je fasse tout le travail seul ?"
Je vois la colère monter dans ses yeux, et une partie de moi exulte. Oui, sois en colère. Déteste-moi. C'est plus facile comme ça.
"Excuse-moi," intervient le gars. "On était en train de parler. Tu peux revenir plus tard ?"
Je me tourne vers lui, la rage bouillonnant en moi. "Et tu es qui, toi ?"
"Jason !" la voix d'Aya claque comme un fouet. "Ça suffit. Thomas est dans notre classe de littérature. On parlait du devoir à rendre la semaine prochaine. Et même si ce n'était pas le cas, ça ne te regarde pas."
Ses mots me frappent comme une gifle. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je recule d'un pas, soudain conscient des regards qui se tournent vers nous.
"Je... désolé," je marmonne, avant de tourner les talons et de sortir précipitamment de la cafétéria.
Je me réfugie dans les toilettes des garçons, m'appuyant lourdement contre le lavabo. Mon reflet dans le miroir me renvoie l'image d'un étranger. Qui suis-je devenu ? Qu'est-ce qu'Aya est en train de me faire ?
Je passe de l'eau froide sur mon visage, essayant de reprendre mes esprits. Cette fille me rend fou. Elle brise toutes mes défenses, fait ressortir des parties de moi que je croyais bien enfouies. Et ça me terrifie.
Le reste de la journée passe dans un brouillard. J'évite soigneusement Aya, ignorant les regards inquiets de mes amis et les chuchotements qui me suivent dans les couloirs. Mon comportement à la cafétéria n'est pas passé inaperçu.
Quand la dernière cloche sonne enfin, je me précipite vers ma moto, impatient de fuir cet endroit et mes pensées. Mais alors que je m'apprête à démarrer, une voix m'arrête.
"Jason."
Je me fige. Aya. Je me tourne lentement vers elle, incapable de la regarder dans les yeux.
"Qu'est-ce que tu veux ?" je demande, ma voix plus rauque que je ne l'aurais voulu.
"Une explication," dit-elle simplement. "Pour ton comportement d'aujourd'hui. Pour... tout ça."
Je reste silencieux un moment, ne sachant pas quoi dire. Comment lui expliquer que je suis terrifié par ce qu'elle me fait ressentir ? Que j'ai peur de m'attacher, de souffrir comme j'ai souffert quand ma mère est partie ?
"Il n'y a rien à expliquer," je dis finalement, forçant un ton détaché. "J'étais juste de mauvaise humeur. Ça arrive."
Elle me regarde longuement, et je sens son regard percer à travers mes défenses. "Tu sais, Jason," dit-elle doucement, "tu n'as pas à jouer un rôle avec moi. Je vois qui tu es vraiment, et ce gars-là... il vaut la peine d'être connu."
Ses mots me frappent en plein cœur. Je veux lui dire qu'elle a tort, que le vrai Jason est exactement celui qu'elle a vu aujourd'hui. Mais je n'y arrive pas. Pas face à ces yeux qui semblent lire en moi comme dans un livre ouvert.
"Tu ne me connais pas," je murmure finalement.
"Peut-être," répond-elle avec un petit sourire. "Mais j'aimerais apprendre à te connaître. Le vrai toi."
Elle s'éloigne avant que je ne puisse répondre, me laissant là, assis sur ma moto, le cœur battant et l'esprit en ébullition.
Alors que je démarre enfin ma moto et que je quitte le parking du lycée, une pensée me frappe. Peut-être que lutter contre cette attirance est inutile. Peut-être que, pour une fois dans ma vie, je devrais arrêter de me battre et simplement... ressentir.
L'idée est terrifiante. Mais alors que l'image d'Aya, de son sourire et de ses yeux compréhensifs, flotte dans mon esprit, je réalise que c'est peut-être exactement ce dont j'ai besoin.
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Sous le casque
RomanceAya, endeuillée par la perte de ses parents, trouve un nouveau départ dans une petite ville où elle rencontre Jason, le bad boy du lycée. Leur passion commune pour les motos les rapproche, révélant leurs âmes blessées derrière leurs façades rebelles...