Un jour à la fois suffit à chacun...Petit embryon, ou devrais-je plutôt t'appeler blastocyste, tu es déjà une petite merveille de la nature avec ta structure cellulaire complexe composée d'environ 200 cellules. C'est fascinant et étrange à la fois de réaliser ce que la science peut accomplir pour donner la vie. Ce qui nous paraît si compliqué devient presque simple entre les mains des équipes médicales, qui t'appellent par ce terme scientifique de « blastocyste »..
Je me souviens avoir déjà entendu ce mot en cours de sciences, mais à l'époque, il ne m'évoquait rien de personnel. Les cours de biologie étaient obligatoires, et le chapitre sur la reproduction déclenchait toujours quelques rires nerveux dans la classe. Jamais je n'aurais imaginé que cela me concernerait un jour aussi directement, que je finirais par m'engager dans un parcours de procréation assistée. Sache que j'ai bien retenu la leçon : ce chemin est loin d'être simple.
Ton papa et moi avons reçu un premier retour de l'hôpital par mail. Un dossier à remplir, une série de papiers à envoyer : cartes d'identité, livret de famille, photos, résultats de nos tests d'infertilité s'il y en a. Ce n'était que le début.
– Madame et Monsieur Gallot, entrez, je vous en prie, nous a dit la doctoresse Emmanuelle, accompagné de plusieurs internes en gynécologie. Elle nous a posée des questions, beaucoup de questions.
Nous répondîmes en accord c'était le stresse mélanger à l'excitation qui nous réunîmes sur cette accord parfait. Il n'y a pas eu une micro seconde de décalage entre nos deux voix, ni une qui prendrait plus de place que l'autre. Nous étions à nouveau la, face aux médecins, en équipe.
– Pourquoi avez-vous entamé un parcours PMA ? a-t-elle demandée.
– Le docteur Karlupe nous a orientés vers vous après un spermogramme négatif, a répondu ton père.
– Vous êtes suivis à Lille ?
– Oui.
-D'accord, depuis combien de temps êtes vous en rémission ?
-2 ans
-Quel cancer ?
-Sarcome d'Ewing, le 1er en 2014 localisé et en 2019 c'était une rechute généralisé.
On pouvait lire dans leur regards de la compréhension. Leurs signe de tête viennent acquiescer notre choix délibérer de procréer.
– Vous êtes mariés ? Depuis quand ?
– Le 31 août 2019, avons-nous répondu.
Tout cela ressemblait à un entretien d'embauche, mais je savais qu'une fois maman, il n'y aurait pas de démission possible. Est-ce que les médecins nous analysaient, décortiquaient nos faits et gestes ? Se demandaient-ils si j'étais une bonne candidate pour ce rôle ? Ont-ils remarqué mes gestes nerveux, la mèche de cheveux que je remettais sans cesse en place ? S'aperçoivent ils de la douleur qui nous incombent encore quand le mot cancer est prononcé ?
-Et vous madame, avez-vous des antécédents ?
-Non répondis je
-Dans votre famille y'a 'il des maladies à nous signaler ?
-Oui plusieurs cancers, ma mère à l'utérus et ma tante à l'estomac.
-Vous monsieur ?
-Non.
Puis la question tant redoutée est tombée :
– À quelle fréquence avez-vous des rapports ?
Le ton de l'entretien s'était soudain corsé, comme un café trop fort. Je ne m'attendais pas à cette question, invasive, presque déstabilisante.
-Une moyenne ? Ajouta le docteur
Comme si je détenais une vérité absolue, ou dans le but que l'homme ne sur-estime pas un résultat afin de combler un égo. Le docteur à les résultats sous les yeux alors je tente de comprendre le sens de la question qui ne doit être qu'une simple formalité. Ils attendaient un chiffre, une réponse statistique. Peut-être enverraient t-ils des rapports rapports à l'INSEE? Ça expliquerait pourquoi le président parlerait de réarmement démographique. J'ai souri, gênée, et j'ai donné une estimation, tout en me demandant si l'on attendait vraiment que je sois précise.
-Depuis combien de temps désirez vous un enfant?
C'était sans doute la question la plus importante pour moi. Parce qu'au fond, si nous étions assis dans cette pièce, c'était bien pour ça. J'y avais pensé, de temps en temps, surtout après que les travaux de la maison étaient bien avancés. La stabilité que m'offrait mon nouveau travail à côté de chez nous avait aussi renforcé cette envie. L'image de la maman idéale s'était doucement dessinée dans mon esprit : celle qui finit sa journée de travail à temps pour aller chercher ses enfants à l'école, qui prépare des goûters équilibrés, et qui, parfois, lutte pour maintenir l'équilibre entre les rôles de mère et d'amante. Dans notre société c'est compliqué de tenir ces deux rôles parce qu'il y' en un troisièmes qui s'est greffer, celui de la femme carriériste. On prône la femme libre indépendante alors forcément régulièrement je médite sur la maman que je deviendrai.
Je rêve d'être cette maman, même si je sais que la perfection n'existe pas. Comme le bonheur, qui ne peut exister sans un peu de malheur....
Ton papa et moi, nous nous sommes disputés un soir d'hiver, après une longue journée de travaux dans la maison. C'était à propos de la cuisine que nous montions ensemble, celle que nous avions choisie avec soin. Nous avions arpentés tous les rayons des magasins de bricolages pour tomber d'accord. Lui avait opté pour la couleur, moi pour le design. Ce soir-là, la colonne principale a cédé, et une vis est partie, emportant avec elle un morceau de bois. Ce n'était pas vraiment la cuisine le problème, il y avait plus profond. Elle comportait trop de rangement pour nous deux, et le projet que nous repoussions est venu très rapidement au centre de la discussion.
C'est là que, pour la première fois avec une sincérité déconcertante, j'ai crié :
– Je veux un bébé !
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Petit embryon, tu n'es pas encore tout à fait là, mais déjà, je ferais tout pour que tu ne connaisses que des moments de joie. J'imagine ton rire, qui pourrait guérir toutes mes peines.
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Petit embryon devient grand papillon
Short StoryPetit Embryon, Grand Papillon : Chronique d'une Métamorphose" raconte le parcours intime et bouleversant d'une femme et de son compagnon face aux épreuves de la procréation médicalement assistée et à la rechute du cancer. À travers des lettres adres...