Le dernier chasseur de sorcières

24 septembre 2024, gare d'Aurillac, 13h30

La sorcière descendit du train en provenance d'Aurillac et se dirigea vers la gare. Elle déposa ses valises près de l'entrée et se rendit dans le petit café situé à côté de la sortie. Là, elle commanda une boisson chaude : un chocolat chaud. En remuant doucement sa cuillère dans le lait chocolaté, elle scruta les passants du regard. Ses yeux verts parcouraient la foule sans s'attarder sur personne en particulier. Ses lèvres restaient immobiles tandis qu'elle observait les mimiques des gens, affairés à leurs téléphones comme s'ils ne vivaient que pour travailler, ou pour posséder la plus grande maison ou la plus grosse voiture. Elle trouvait leur comportement complètement absurde. Comme si l'argent pouvait rendre heureux !

Elle attendait quelqu'un. Jetant un coup d'œil dans la salle, elle chercha du regard la personne qu'elle devait rencontrer. Mais il n'était toujours pas là, et la sorcière se demandait s'il viendrait. Elle but une gorgée de sa boisson et fixa son attention sur le petit bar, derrière lequel se tenait une femme rondelette mais charmante. Elle termina son bol et c'est à ce moment-là qu'un homme entra dans le café. La sorcière, qui s'apprêtait à commander un autre verre, en profita pour commander celui de l'homme en même temps.

L'inconnu s'assit en face d'elle, et elle lui adressa un sourire crispé.

— Vous êtes Magdalena ?

Elle le dévisagea avant d'acquiescer d'un léger hochement de tête. Sa robe noire et rouge épousait ses formes fines et gracieuses. L'homme sortit un objet de sa valise et posa sur la table un étui.

— J'ai eu un certain mal à le trouver... mais il est là. Vous pouvez l'utiliser, mais faites attention ! Il est capricieux !

La sorcière passa sa main sur le bois de l'étui avant de le ranger dans son sac à main, orné de fleurs. L'homme porta son verre à ses lèvres et but une gorgée de gentiane. Après avoir reposé son verre, il plongea son regard dans celui de la jeune femme.

— Vous êtes certaine de ce que vous faites ?

Elle le fixa intensément avant de répondre par un signe presque imperceptible. Son visage, délicatement maquillé, accentuait la beauté de ses yeux bridés et de ses lèvres. Elle était très sophistiquée, ce qui ne laissait pas l'homme indifférent, visible à ses coups d'œil intéressés.

— Quand est-ce que cela va se passer ? demanda-t-il.

Les lèvres de la sorcière s'animèrent, sans exagération.

— Je préfère ne rien dire à personne. J'agirai au moment opportun.

L'homme se leva. Il rassembla ses affaires et s'en alla aussitôt. La sorcière remarqua, collé à son sac en cuir, le drapeau vietnamien, son pays d'origine. Elle éprouvait un certain regret pour Hanoï et son passé colonial français, mais la mission était trop importante pour qu'elle se laisse distraire. Elle devait la mener à bien.

Elle se leva, paya, puis quitta les lieux. La sortie étant située près du bar, elle attrapa ses affaires et disparut rapidement.