L'Allemagne s'éloignait à mesure que l'avion progressait dans les airs. Markus Klein se rendait au Mexique, seul. Il avait enquêté sur plusieurs indices, ce qui l'avait d'abord conduit au Tibet. Il ne s'y était pas rendu, car un autre s'en était déjà chargé et lui avait fait un rapport des plus détaillés. Des moines bouddhistes avaient été retrouvés morts dans plusieurs villes du monde, à des endroits sans rapport avec leur religion. En creusant plus profondément, Markus avait découvert l'existence d'un réseau très puissant, travaillant en coopération avec la Triade chinoise. Ces femmes — car il s'agissait bien de femmes — avaient des ramifications à travers le monde et des hommes de main infiltrés dans de nombreux gouvernements. C'est pour cette raison qu'il avait quitté son pays, sans prévenir ses supérieurs, prétextant un rendez-vous familial à Mexico, où il avait grandi avec ses parents. Il parlait couramment l'espagnol et connaissait la ville comme sa poche. Il savait que c'était là-bas qu'il découvrirait des informations sur les criminels qui avaient tué plus de trente femmes dans des pays voisins de l'Allemagne. Il ne rentrerait pas avant d'avoir élucidé ce mystère.
Une fois arrivé à l'aéroport de Mexico, il se rendit à son hôtel. Il déposa ses affaires dans une armoire cabossée et s'allongea sur le lit pour examiner les documents qu'il avait emportés. Les rapports s'enchaînaient, ainsi que les photos. Il finit par s'endormir au milieu des dossiers. Lorsqu'il se réveilla, il faisait jour depuis des heures. Il enfila ses chaussures et décida de se rendre au bar à proximité. Commandant un cognac, il se plongea dans le dernier dossier qu'il n'avait pas encore étudié en détail. Il y apprit des informations fascinantes : des moines chasseurs de sorcières, une organisation secrète du Vatican et un réseau de sorcières prêtes à tout pour détruire l'humanité. La question qui le taraudait était de savoir quel lien existait entre ces éléments. Pourquoi le Lotus Noir avait-il été démantelé par le gouvernement chinois et d'autres pays du tiers-monde ? Quelle était cette organisation de prêtres chasseurs de sorcières ? Y avait-il des survivants ? Et où pouvait-il trouver des membres de ces réseaux ?
Après avoir quitté le bar, accompagné de quelques chocolatines chaudes, Markus se rendit à la bibliothèque de Mexico pour approfondir ses recherches sur ces prêtres guerriers. En arrivant devant le grand bâtiment coloré, il constata qu'il était en travaux. Il héla alors un taxi et se dirigea vers un quartier mal famé. Là, il descendit du véhicule et observa les lieux. C'était ici qu'il avait grandi. Il se rendit à la maison familiale où son père se trouvait sur une chaise à bascule, fumant un cigare. Markus s'approcha, mais le vieil homme ne lui prêta aucune attention.
— Bonjour, papa !
Le vieillard continua de fumer sans répondre. Markus n'y prêta pas attention et entra dans la maison.
— Alejandro !
Une petite femme aux cheveux noirs, légèrement ronde, déboula dans le salon.
— Maman !
Elle l'étreignit malgré ses deux mètres, visiblement heureuse de le voir.
— Tu ne donnes aucune nouvelle, tu ne téléphones pas, on s'inquiétait !
Elle retourna aux fourneaux, tandis qu'Alejandro, ou plutôt Markus, la suivait. Une douce odeur de repas emplissait la pièce.
— Tu as faim ? Tu manges avec nous !
— Non, maman, je...
— Tais-toi donc ! Tu nous fais tourner en bourrique ! Tu pars dans un pays lointain, tu changes de nom et de prénom... Tu as peut-être même une famille sans qu'on le sache !
— Appelle ton père ! On mange !
Markus sortit sur le perron.
— Papa... On mange !
Le vieil homme ne répondit pas. Markus s'installa à table pendant que sa mère lui servait un plat très épicé dont il se resservit trois fois. Son père, lui, ne lui accordait toujours aucun regard.
— Connaissez-vous le Lotus Noir ? Ou la Lux Veritatis ?
Sa mère laissa tomber un morceau de pain. Elle se baissa pour le ramasser, le nettoya et s'assit à nouveau, visiblement troublée.
— Qu'est-ce qui t'arrive, maman ?
Elle semblait fuir son regard, comme si elle dissimulait un secret. Markus insista, mais son père frappa la table du poing.
— Ne parle pas de ça à notre table ! Je te l'interdis !
Markus était perplexe. Il chercha des réponses dans les yeux de sa mère, mais elle se réfugia derrière ses tâches culinaires. Il sortit alors des documents de sa serviette et les posa sur la table.
— Je cherche un criminel qui opère à Berlin. Il a tué de jeunes femmes en les vidant de leur sang. Savez-vous quelque chose ?
Sa mère, de plus en plus mal à l'aise, nettoyait son couteau comme pour éviter la conversation. Cependant, lorsqu'elle jeta un coup d'œil à une des photos, elle reconnut un visage.
— C'est Jeanne la Fourbe.
— Qui est-elle ?
Elle hésita avant de répondre, la voix tremblante :
— Une sorcière.
Markus éclata de rire, ce qui irrita sa mère, qui le gifla.
— Quand j'étais adolescente, elle a voulu me tuer... Mais la police est intervenue à temps. Sans eux, je serais morte aujourd'hui !
— Une sorcière ?
Elle hocha la tête en silence, les larmes aux yeux. En pleurant, elle mouilla le document, effaçant quelques mots écrits à l'encre bleue.
— Il y a eu des meurtres à Mexico, Alejandro ! Des victimes vidées de leur sang. Va voir Carlos, il saura te dire ce qu'il sait !
— Où puis-je le trouver ?
Elle le fixa intensément.
— En prison.
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Le dernier chasseur de sorcières
ParanormalTenzin, un moine bouddhiste dévoué, vivait paisiblement avec sa communauté dans les montagnes tibétaines, loin des conflits du monde. Leur temple n'était pas qu'un sanctuaire spirituel : c'était le dernier bastion d'un ancien ordre secret, les Chass...