Chapitre 44 : Heat

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Pour la énième fois, Sirius s'aspergea le visage à coup de trombe d'eau glacée. Une fois qu'il eut terminé, il s'appuya contre le lavabo et se regarda dans le miroir. Il avait vraiment une mine de déterrée ! Avec ses yeux dilatés et alertes qui ne tenaient pas en place, les épaisses cernes qui les soulignaient et son teint livide... Mais étant donné les nuits qu'il passait, ce n'était pas surprenant.

Il commençait à en avoir vraiment marre ! Encore et toujours, il faisait les mêmes fantasmes. Différents décors, différentes positions, différents accessoires... mais même personne. Même cheveux noirs, même peau pâle, mêmes courbes... Il était toujours dans l'incapacité de voir son visage et il le besognait chaque fois vivement comme un forcené. C'était toujours violent, brutal et puissant. Il ne lui faisait pas l'amour non, il le baisait purement et simplement. Le rêve qu'il avait fait l'avant-veille en était un parfait exemple ! Si l'objet de son fantasme n'avait pas été consentant, il aurait commis un viol en bonne et due forme... ! Que ce soit bien clair, il avait déjà eu des rapports sexuels brutaux mais ... C'était un peu poussé dans la domination ! On aurait dit qu'il... qu'il voulait vraiment lui faire du mal – en même temps que de lui faire du bien. Comme s'il voulait lui faire... payer quelque chose.

Sirius poussa un long soupir plaintif en passant ses mains dans ses cheveux mouillés.

Malgré tout, l'acte n'était pas moins lourd de sens et de beauté à son sens. Chaque coup de rein, chaque parole perverse susurrée à son oreille, chaque caresse un peu brusque, chaque suçon et petite morsure, tout était destiné à lui faire comprendre le même message. Et chaque cri de jouissance provenant de son amant, chaque cambrure de ses reins, chaque crispation de ses muscles, était une récompense pour l'animagus qui gagnait encore plus en ardeur.

Sirius ferma doucement les yeux. Merlin que ça avait été bon ! La meilleure partie de sexe possible, même s'il s'agissait d'un fantasme. Et Sirius voulait que ça reste juste ça : un fantasme.

L'ex-détenu rouvrit lentement ses yeux et les posa sur son sexe qui – malgré ses masturbations précédentes – commençait à durcir. Le problème, c'était son fantasme commençait à avoir des semblants de réalité... comme l'odeur de pain d'épice. Et la veille, il avait besogné son fantasme mystère dans un décor qui lui rappelait étrangement les appartements du potioniste. Il l'avait pris sur le même fauteuil sur lequel ils avaient sympathisé le soir de la Saint-Valentin...

Inconsciemment, il serra les poings à s'en faire blanchir les jointures, ferma ses paupières aussi forts que possible et un odieux juron sortit de sa bouche.

Plus les nuits passaient, plus son fantasme secret prenait les traits de Severus et ça ne lui disait rien de bon. Être en manque et fantasmer sur une personne dont il ne pouvait voir le visage passait encore mais être en manque et fantasmer sur une personne qu'il connaissait très bien et croisait sans arrêt... ça craignait vraiment. Ça craignait vraiment parce qu'à présent, au lieu de faire une fixette sur un anonyme... il commençait à faire une fixette sur quelqu'un en chair et en os.

Il ferma ensuite les yeux tellement forts que ses cils disparurent presque en totalité. Un peu perdu dans ses pensées, il décida de les mettre toutes de côté. Il reprit ainsi profondément sa respiration, s'habilla rapidement et sortit de la salle de bain. Il fut à peine surpris de voir Remus, tranquillement installé sur son lit, le nez plongé dans un livre. En l'entendant arriver, il leva les yeux sur lui.

« Wouha ! s'exclama-t-il en en notant la mine de déterrée de son ami. Eh bah merde alors, est-ce que tout va bien ? »

Seul un gargouillis plaintif et inintelligible sortit de la gorge de l'ex-détenu qui vint s'effondrer près de son ami.

Un avenir pour le moins surprenantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant