Miaou à Tout Prix

Chapitre 3 : L'Errant

Humilié et apeuré, Josh s'enfuit du restaurant, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine féline. Il détale à travers les rues de Westwood, ses pattes frappant le trottoir avec une rapidité désespérée. Les lumières de la ville scintillent autour de lui, un kaléidoscope éblouissant qui l'aveugle et le désoriente. Le vacarme de la circulation l'assaille, chaque klaxon, chaque crissement de pneus lui arrachant un sursaut nerveux. L'odeur âcre des gaz d'échappement se mêle aux effluves alléchants de nourriture qui s'échappent des restaurants et des food trucks, le tentant cruellement.

Il erre sans but, une ombre furtive dans la nuit urbaine. Chaque recoin sombre, chaque portail entrouvert, chaque buisson touffu devient un refuge potentiel, une promesse de sécurité éphémère. Chaque passant, chaque silhouette qui se dessine dans la pénombre, est un danger potentiel, une menace pour sa survie fragile.

Soudain, un grondement rauque déchire le silence de la nuit. Josh se fige, les poils hérissés, le cœur battant à tout rompre.Un chien errant, massif et menaçant, surgit de l'ombre, ses yeux injectés de sang fixés sur lui. Il aboie furieusement,dévoilant des crocs acérés. Josh n'a pas le temps de réfléchir. Il prend ses pattes à son cou, zigzaguant entre les poubelles et les voitures garées, le chien à ses trousses. L'adrénaline le pousse à courir plus vite, à sauter plus haut, à se faufiler dans une ruelle étroite où le chien, trop imposant, ne peut le suivre. Il s'écroule derrière une benne à ordures, haletant, le cœur battant la chamade.

À peine a-t-il repris son souffle qu'un autre danger le guette. Une voiture déboule dans la rue, ses phares balayant l'asphalte. Josh tente de traverser, mais ses pattes se dérobent sous lui, paralysées par la peur. Il ferme les yeux, attendant l'impact inévitable. Un crissement de pneus, un klaxon strident, et la voiture le frôle de près, le manquant de quelques centimètres. Josh se plaque contre le mur, tremblant de tout son corps, le souffle coupé.

Il réalise alors à quel point il est vulnérable dans cette nouvelle forme, à quel point le monde peut être cruel et impitoyable. Lui qui se croyait invincible, maître de son destin, se retrouve réduit à un simple chat errant, luttant pour sa survie dans la jungle urbaine.Des images de sa vie passée lui reviennent en flashs : les rires de ses amis, les regards admiratifs des filles, les applaudissements après ses discours brillants. Il se souvient de sa chambre luxueuse, de ses vêtements de marque, de sa voiture flambant neuve. Tout cela lui semble désormais si lointain, si irréel. Il n'est plus Josh Evans, le golden boy du lycée. Il est juste un chat errant, seul et vulnérable, perdu dans un monde qui lui est soudain devenu hostile. Il essaie de miauler, de crier son désespoir, mais seuls des sons rauques et inarticulés sortent de sa gorge. Les passants l'ignorent, le prennent pour un simple chat de gouttière en quête de nourriture. Il se sent invisible, transparent, comme si sa véritable identité s'était évaporée avec sa forme humaine.

C'est alors qu'il l'aperçoit, une silhouette solitaire baignée dans la douce lumière d'un lampadaire. Assise sur un banc, un livre ouvert sur ses genoux, se trouve Sarah, la fille timide de sa classe de littérature. La même Sara qu'il avait si impitoyablement humiliée quelques heures plus tôt, réduisant ses mots à néant d'un revers de main arrogant. Elle semble perdue dans son livre, les sourcils légèrement froncés, les lèvres bougeant imperceptiblement tandis qu'elle lit silencieusement. Une mèche de cheveux châtains tombe sur son front, lui donnant un air à la fois vulnérable et concentré. Elle porte un simple jean et un pull ample, une tenue qui reflète sa discrétion et son manque d'intérêt pour les artifices de la mode.

Josh observe cette scène avec un mélange de surprise et de culpabilité. Il se souvient de la façon dont Sara avait baissé la tête, les larmes aux yeux, après son commentaire cinglant. Il se souvient du silence gêné qui avait suivi, du regard désapprobateur du professeur. Pour la première fois, il réalise l'impact de ses paroles, la douleur qu'il a infligée à cette fille fragile et sensible. Il hésite un instant, se demandant s'il doit s'approcher, s'excuser, essayer de réparer les dégâts. Mais l'orgueil le retient, la peur de paraître faible et vulnérable. Il se contente de l'observer de loin, un chat errant attiré par une lumière dans la nuit, cherchant un peu de chaleur et de réconfort dans ce monde qui lui est soudain devenu étranger.