Chapitre 2 : Rentrée

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J'avais eu le temps de demander à Antoine qui était vraiment cette Claire. C'était le genre de fille dont tout le monde parle, mais que personne ne connaît vraiment. Antoine m'a expliqué qu'elle était une de ses amies, et qu'en apprenant qu'elle était en vacances en Bretagne et qu'elle allait aussi étudier le droit, il lui avait envoyé mon adresse. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'elle débarquerait chez mes parents, à l'improviste, pour leur demander où je me trouvais. Évidemment, ils lui avaient dit que j'étais à la plage.

Quand je suis rentré ce soir-là, trempé de la brume salée, ma famille était prête à m'assaillir de questions. Ils étaient comme ça, toujours curieux, toujours un peu trop intrusifs à mon goût. J'ai deux petites sœurs, Emma et Louise, qui ont respectivement 10 et 8 ans, et qui trouvent que je suis une source inépuisable d'histoires. Mon grand frère, Thomas, venait juste de terminer ses études de communication, et il était revenu temporairement à la maison, en attendant de décrocher un job. Il était toujours là pour jouer les mentors, même quand personne ne lui demandait.

— Alors, c'était qui cette fille à la plage ? demanda Thomas, un sourire taquin aux lèvres, alors que je retirais mes chaussures humides.

— Personne d'important, dis-je en haussant les épaules, tentant d'éviter de trop en dire. Juste une camarade de classe.

— Une camarade qui te suit jusqu'en Bretagne, reprit-il, le sourire s'élargissant encore.

Emma et Louise me fixaient avec leurs grands yeux curieux, prêtes à sauter sur la moindre anecdote romantique que j'aurais pu partager.

— Elle a l'air sympa, ajouta ma mère en passant la tête par la porte de la cuisine. Elle a eu l'air déçue que tu ne sois pas là quand elle est venue te chercher.

J'aurais voulu disparaître sous terre à cet instant. Claire avait fait plus de vagues que je ne l'aurais cru. Il n'y avait pas grand-chose à dire, mais ma famille adorait tout dramatiser, et je savais que ces questions reviendraient à chaque fois que je poserais le pied dans la maison.

Le lendemain matin, c'était enfin le grand jour. La rentrée.

Mes parents m'avaient conduit jusqu'à Paris, où j'allais emménager dans l'appartement que je partageais avec mon cousin, Matthieu. Avant de partir, nous avons fait les courses nécessaires, et mes parents, comme à leur habitude, m'ont donné toutes sortes d'astuces de dernière minute sur la vie en colocation et la gestion des études.

Matthieu et moi, on s'entendait bien. Il était en deuxième année de sciences politiques, toujours un peu à côté de la plaque, mais brillant à sa manière. La colocation avec lui allait être un mélange de tranquillité et de joyeux chaos. Quand nous sommes arrivés à l'appartement, mes parents m'ont aidé à tout installer, vérifiant plusieurs fois que j'avais bien tout. C'était leur manière de dire au revoir, en se rendant utiles jusqu'au bout.

— Bon, je te fais confiance, m'a dit mon père en m'étreignant une dernière fois. Si t'as besoin de quoi que ce soit, tu sais où nous trouver.

— Ne t'en fais pas, ça ira, ai-je répondu avec un sourire.

Après leur départ, Matthieu est sorti de sa chambre, une tasse de café à la main.

— Bienvenue dans le chaos, mon cher cousin, dit Matthieu en haussant sa tasse de café pour me saluer. — On va s'éclater cette année.

Je lui souris, tout en commençant à défaire mes affaires. Ce soir-là, alors que je m'installais dans ma nouvelle chambre, mon téléphone vibra sur le bureau. C'était un message d'Antoine :
"On se retrouve à la grille de l'entrée demain matin."

Comment boire la mer?Where stories live. Discover now