𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝙾𝙽𝚉𝙴

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Vengeance annulée.

Daniela

J'avais passé la nuit à réfléchir à ce que je pourrais faire à Sophie. Elle m'avait déjà fait des coups tordus, mais pas à ce point-là. Alors nous étions là, Madison, Jessica et moi, assises sur une table au réfectoire, énumérant toutes les idées qui nous passaient par la tête. Personne n'avait encore réussi à me pousser à l'insomnie mis à part mes démons, à croire que Sophie chérie était devenue l'un d'eux.

Non, ils étaient bien trop démoniaques pour que Sophie puisse rivaliser ne serait-ce qu'une seule seconde avec eux. Ils m'avaient appris bien trop de coups bas pour que je sois incapable de répondre à la peur qu'elle m'avait fichu. Elle ne savait pas à qui elle s'en était prise, j'avais une envie indescriptible de lui provoquer l'une des pires hontes de sa vie, si ce n'était la pire, ou la plus grande frayeur qu'elle puisse connaître avant la fin de ses jours.

Elle m'avait fait trop de mal, remonter trop de souvenirs, souffrir comme jamais elle ne l'avait réussi auparavant. Ce n'était plus, pour moi, une petite querelle de lycée. Elle ne l'avait peut-être pas encore compris, mais je ne rigolais plus.

— On pourrait essayer de savoir ce qui l'effraie le plus, proposa Jessica. Je ne sais pas, Madison, tu pourrais voir avec Chandler.

— Quoi ? T'es folle, il ne me dira rien, on n'a fait que coucher ensemble. Et puis, il se douterait de quelque chose. Je n'en ai rien à faire de Sophie, d'habitude.

Je hochai la tête, c'était une mauvaise idée. De toute manière, il serait bientôt au courant de ma prétendue vengeance à cause de James. Je l'avais croisé hier soir, il était avec Jessica. J'avais compris pourquoi cette dernière ne nous avait pas donné de raison avant de partir comme une voleuse. Elle devait le retrouver. Ils s'étaient dit au revoir sans nous avoir vu, et lorsque les yeux de James s'étaient posés sur moi, j'avais compris que j'allais avoir droit à son sermon habituel. Cela n'avait pas loupé.

— Ce serait trop indiscret, ajoutai-je.

À force de réfléchir, une migraine me prenait déjà tout le haut du crâne. Voilà ce qu'il me coûtait de me venger d'une sale petite peste. La veille, j'avais été sûrement trop fatiguée au point de ne pas me souvenir de m'être couchée, mais je me rappelais bien m'être réveillée sans jamais pouvoir me rendormir.

Une seule personne hantait la blancheur de mon plafond cette nuit : Sophie Braun.

— Salut les filles.

Une voix masculine derrière moi me surprit. Mes copines lancèrent un vague sourire à cette personne que je ne reconnus pas directement. Je me retournai et tombai nez à nez avec Tom Reebs. C'était l'un des amis de Chandler et j'espérais secrètement qu'il ne l'avait pas envoyé pour me dissuader de me venger. Ce qui était hors de question, soit dit en passant.

— Salut, dis-je, méfiante.

Il me demanda s'il pouvait s'installer à mes côtés, et je me déplaçai lentement en lui faisant un vague geste de la main pour l'autoriser. Il nous regarda tour à tour avant de poser son regard sur moi. Dans ses yeux marrons, je pus discerner une lueur étrange, presque malicieuse.

Alors là, c'était carrément bizarre. Tom Reebs ne m'avait jamais adressé la parole, peut-être même qu'il pensait comme tous les autres, et qu'il me détestait. Mais qu'est-ce qui pouvait expliquer cette lueur dans son regard ? Tom n'avait jamais été quelqu'un de mauvais.

Je dévisageai ses cheveux presque noirs fins et à moitié bouclés, son apparence toujours aussi bien soignée, son air mature qui rappelait sans cesse aux autres qu'il était plus âgé. Il devait avoir la vingtaine, maintenant.

All the Woodton suspectsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant