𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝙽𝙴𝚄𝙵

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La veuve noire et le pholque phalangide.

Daniela

Mon cœur battait encore la chamade dans ma poitrine, j'avais l'impression que je ne me calmerais pas. Les filles m'avaient emmené à l'infirmerie et j'étais censée me reposer, mais je n'arrivais même pas à fermer un œil. J'avais été soulagée au moment où j'avais vu un rat et pourtant, ça ne m'avait pas empêché de me jeter dans ces bras protecteurs et d'y verser toutes les larmes de mon corps. J'en avais bien besoin et malgré tout, ça ne me suffisait pas.

Chaque seconde qui passait, j'avais envie de soulager mon cœur. Encore et encore. Mais où était donc passé cet individu qui m'avait serré si fort contre lui ? Je ne m'étais jamais sentie aussi... réconfortée qu'à ce moment-là. Je n'avais même pas eu le temps de voir son visage, trop occupée à pleurer comme une madeleine à l'instar d'une fontaine.

Quelques minutes plus tard, l'infirmière passa la porte avec un plateau entre les mains. Je n'avais même pas faim. Elle me força à mâcher un bout de tomates à coup de « Vous devez manger. » ou de « Si ça continue, je vais devoir appeler vos parents pour leur dire que vous refusez de vous nourrir. ». Elle pouvait toujours essayer, je voulais trouver celui qui m'avait fait ça et lui rendre la monnaie de sa pièce. Mais quelle idiote ! Dans un accès de colère, j'avais détruit la seule et unique preuve. Ce mot. Mais un nom me trottait encore dans la tête et pas question qu'il n'échappe à mon interrogatoire.

Paris Tomily Lancaster.

Si c'était ce salopard qui m'avait tordu ce coup foireux pour se venger de l'avoir retiré des inscriptions, il allait m'entendre. En parlant du loup, voilà qu'il venait d'ouvrir la porte de l'infirmerie. Ce culot ! Je m'emparai de ma pomme et la lui jetai avec rage. Il la rattrapa assez facilement, ce qui m'énerva encore plus, et je lui lançai alors des bouts de tomates qui tâchèrent sa chemise blanche. Si j'avais pu jeter ma soupe, je l'aurais fait.

Il avait arrêté de bouger et avait levé les mains en l'air, attendant patiemment que je finisse ma crise de nerf sur lui. Au bout d'un moment, il en eut assez marre pour me demander de sa voix rauque :

— C'est bon, t'as fini ?

Je lui balançai une dernière tomate, avant de reposer les bras le long de mon corps, sur le lit aux draps immaculés. Mon effort m'avait coûté de l'énergie alors que je n'avais rien fait qui puisse en temps normal m'épuiser. J'avais besoin de manger et de dormir, c'était certain.

— Pourquoi est-ce que tu m'as fait ça ? osai-je.

— Qu'est-ce que j'ai fait ? me demanda-t-il innocemment, en fronçant les sourcils.

Le fait qu'il prenne cet air stupide m'agaçait au plus haut point.

— M'enfermer dans ce putain de placard à balais ! criai-je en perdant mon sang froid et en me relevant un peu sur le lit. C'est parce que j'ai pris ta putain d'inscription ? Désolée mais dans ce cas-là, nos vengeances ne sont pas équitables.

Il enleva les derniers bouts de tomates de son haut, qui maintenant était parsemé de petites tâches rosées.

— Tu ne sembles pas vraiment savoir ce qu'est le concept de vengeance, toi qui la pratique si souvent. Une vengeance n'est jamais équitable, une vengeance c'est rendre le coup encore plus fort. Je me doutais que c'était toi derrière le coup de l'inscription et j'avoue que l'idée du placard à balai m'aurait sans doute traversé l'esprit si jamais j'avais pensé une seule seconde à me venger. Sauf que, dommage pour toi, je ne me venge jamais.

— Donc, ce n'est pas toi derrière tout ça ? demandai-je. Et comment ça « tu ne te venges jamais » ? Donc si quelqu'un te fait du mal, tu le laisses s'en tirer comme ça ?

All the Woodton suspectsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant