Chapitre 1

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Sloane.
Aujourd'hui.

   Putain mes stats ne sont pas à la hauteur de ce que l'équipe attend de moi. Elles sont bonnes certes mais pas excellentes et c'est ce qui me manque. Je dois être excellente, irréprochable, je dois gagner le championnat pour leur prouver à tous que oui, une femme en Formule 1 ou en n'importe quel sport automobile c'est possible. Que ce n'est pas seulement réservé aux hommes. Et que non la phrase “femme au volant, mort au tournant”, n'est pas ok et que c'est juste dégradant et sexiste de dire ça.

   Un des ingénieurs de l'équipe me prend à part pour étudier tous mes points de freinage ainsi que mes vitesses et toutes les petites erreurs que je peux corriger lors de ma conduite sur ce circuit. Effectivement, je vois que je prends mes virages bien trop serré et que si je me lance trop vite je pourrai même finir dans le bac, autant dire que c'est ce que je souhaite le moins. Finir dans le bac n'est pas une fin en soi mais le temps que cela peut nous faire perdre est assez conséquent même s'il vaut mieux ça qu'une sortie de piste définitive qui s'accompagne d'un drapeau rouge. 

   Voir toutes ses petites erreurs me crée une boule d'angoisse à l'intérieur de ma gorge. Je sais pourquoi je fais ces erreurs-cu et ça me tue. Ça me rappelle que la guérison n'est pas définitive et que malgré tout la douleur et les souvenirs sont parfois plus forts que le travail mental et qu'ils viennent nous pourrir la vie. 

   Pourquoi je fais ces conneries ? Tout simplement car on est au circuit Paul Ricard, en France et je sais que Jaxon y est également. Ça m'apprendra à espionner les réseaux sociaux des gens. Je n'aime pas le savoir ici, proche de moi, j'ai l'impression qu'il pourrait refaire surface à tout moment pour me jauger et surtout me juger. Je ne suis plus sur un piédestal pour lui. Je suis juste moi, alors qu'avant j'étais son monde et il était le mien. Il faut croire que toutes les fins ne sont pas heureuses et lui comme moi n'avons pas eu la chance d'en avoir une. 

   Mais je n'ai plus besoin de lui. Chacun a évolué de son côté, les amours d'enfance sont rarement infinis. Avant, je m'appuyant beaucoup trop sur lui, comme si sa respiration devait être aussi la mienne. Non. Cela me rassurait de savoir que je pouvais calquer mon cœur sur le sien mais aujourd'hui les battements de mes oreillettes se référent à vitesse avec laquelle je conduis.

   Après avoir passé en revue mes courbes avec mon ingénieur et avoir pris des notes mentales je pars du circuit. Il faut que je me repose et que je me détende si je veux être à pleine puissance pour les essais libres, la qualifs et ensuite évidemment la course. 

   Je rentre chez moi et avant de penser à quoi que ce soit d'autre je m'assois sur mon simulateur. 

   Oui je devais me détendre mais juste une petite session ne me fera pas de mal…

   À chaque erreur sur le simulateur, j'arrête et je recommence tout depuis le début, ceux qui ne s'y connaissent pas dirait que c'est bête et une perte de temps alors que c'est comme ça que se forge un mental, en recommençant et en persévérant.

   Je dois être à la hauteur à chaque entraînement, ma concentration ne doit jamais faillir, à aucun moment,  que ce soit pour mes objectifs personnels ou tout simplement pour ma survie. Ce n'est un secret pour personne que pilote automobile est un métier et un sport à risque. Je le savais dès que je m'y suis lancé. Mais, voir la mort de près nous le rappellent très bien. Nos vies sont liées aux voitures et notre fin peut l'être aussi.

   Après avoir enfin fini trois tours sans erreurs, je m'autorise à aller me coucher. C'est une grosse journée demain, on fait les essais libres alors je me dois d'être en pleine forme. Vraiment.

***

   Je gare ma voiture sur le parking et j'arrive à mon stand rapidement pour ne rater aucune info et ne faire perdre aucune minute à l'équipe.

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