Chapitre 5

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Juan


Je sors de la pièce où la gamine d'Antonio se trouve encore attachée. Un mélange d'énervement et de frustration me suit alors que j'allume une cigarette. Cette fille sait des choses, mais elle est plus rusée qu'elle en a l'air. Je me demande si elle essaie de gagner du temps ou si elle est simplement terrifiée. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas encore toutes les réponses.

Riaño m'attend à quelques mètres, adossé contre un mur.

— Des nouvelles concernant cette attaque ? je lui demande en tirant sur ma cigarette.

, Juan. L'attaque, vue de l'extérieur, laisse penser que c'est nous qui nous sommes pris à eux. Je crois qu'un groupe veut nous mettre en conflit avec le cartel de Cali. Pietro va être furieux qu'un de ses sous-traitants ait été tué.

Je lâche une bouffée de fumée, mon esprit déjà en train de calculer les conséquences de ce bordel.

— Si Pietro pense que c'est nous, il va nous déclarer la guerre. Et ce ne sera pas bon pour les affaires.

Riaño hoche la tête gravement.

— Il faut qu'on trouve un moyen de s'en sortir propre. Pour l'instant, cette gamine est la seule survivante. Un coup de chance.

— Elle en sait plus qu'elle ne veut bien le dire, j'ajoute en jetant mon mégot au sol.

— D'ailleurs, son frère n'est pas mort, reprend-il. Nos gars l'ont suivi jusqu'à Guatapé, chez leur tante. Je ne voulais pas le dire devant elle, sans savoir ce que tu comptes faire de cette information.

Je hoche la tête, absorbant cette nouvelle. Son frère est vivant. Ça complique les choses, mais ça pourrait aussi jouer en notre faveur. Pour l'instant, je mets ça de côté.

— Va faire le nécessaire pour que tout soit réglé rapidement, continuer à suivre su hermano, dis-je en le regardant droit dans les yeux. On doit s'assurer que cette histoire ne nous explose pas à la gueule.

Riaño acquiesce avant de partir. Je me dirige ensuite vers un coin un peu plus calme de la propriété. Au loin, je vois ma grand-mère assise avec Diego. Elle est la seule personne pour laquelle j'ai encore un semblant d'humanité.

¿Cómo estás, abuela? (Comment tu vas, mamie ?) je lui demande en m'asseyant à côté d'elle.

Elle me sourit doucement, son regard encore vif malgré son âge.

Todavía estoy viva, deja de preocuparte por mí, mi niño. (Je suis encore en vie, arrête de t'inquiéter pour moi, mon garçon.)

Je lui rends un sourire, rare pour moi, avant de faire signe à mon cousin, Diego, de me suivre. En route vers le bureau, je compose le numéro de mon oncle, Tommaso.

Une fois dans mon bureau, je referme la porte derrière moi et commence à parler avec Tommaso au téléphone.

— Il y a eu un autre problème à Jericó, je commence.

— Je sais, la DEA. Ils ont attaqué l'un de nos entrepôts. Ces gamins qui surveillaient la zone n'ont pas pu résister, m'annonce-t-il, les mots lourds de reproches.

Je fronce les sourcils. Les gamins n'étaient que des pions. Les pertes il y en a toujours eu, ce qui m'intéresse c'est ce qu'elles signifient pour les affaires. Tommaso arrive peu de temps après avec un dossier sous le bras. Il le dépose sur mon bureau.

— Jette un œil. Voilà les photos de la fusillade.

Je feuillette rapidement les images de cadavres et de dégâts. Ce n'est qu'une partie du problème. Je regarde Tommaso, et une idée se forme dans mon esprit.

Muñoz por ÁbregoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant