Chapitre 11

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Alma


Cela fait peut-être une semaine que je suis ici. Ou plus. Le temps ne passe pas, ou du moins, je ne le sens plus. Chaque journée ressemble à la précédente, chaque nuit à un gouffre sans fin. La vieille entre deux fois par jour pour m'apporter à manger, toujours la même routine, les mêmes gestes. Je la déteste. La odio (Je la déteste). C'est plus fort que moi. Son regard condescendant, son silence presque suffocant. Elle me fait sentir comme une prisonnière dans un monde qui n'a plus de sens.

Je me suis imaginée des dizaines de façons de m'enfuir, mais à chaque plan, la même conclusion s'impose : ils me retrouveront et me tueront. Et s'ils ne me retrouvent pas, ils trouveront Danilo et le tueront. Cette idée me hante, me dévore à chaque seconde.

J'entends la porte s'ouvrir. Je ne bouge même pas. Je pense que c'est encore cette vieille femme, alors je continue de fixer le plafond, perdue dans mes pensées, comme si mes yeux pouvaient percer les couches de peinture pour atteindre un autre monde, un monde où je suis libre.

Mais cette fois, ce n'est pas elle.

Levántate. (Lève-toi.)

La voix est masculine, sèche, tranchante. Mon corps se fige. Lentement, je tourne la tête et aperçois Riaño, l'homme qui m'a enfermée ici. Mon cœur s'emballe et, par réflexe, je serre mes vêtements contre moi. Je ne peux m'empêcher de penser à l'autre enfoiré, celui qui m'a maltraitée, et à la peur qui m'a envahie. Maldito. (Salaud.)

Je me lève, mes jambes tremblent légèrement. Je n'ose pas poser de questions, je n'ose rien dire. Je fais ce qu'il me dit, avancée par la peur et l'incertitude. Où est-ce qu'il m'emmène ? La seule chose que je peux faire, c'est suivre.

En avançant dans les couloirs, je remarque pour la première fois les murs ornés de tableaux de grands peintres. Des œuvres que je reconnais à peine, d'autres que je n'ai jamais vues. Des couloirs immenses qui semblent ne jamais finir. Le silence pèse sur mes épaules, tout comme cette maison.

Au bout du couloir, Riaño toque à une porte et l'ouvre sans attendre de réponse. Deux voix masculines me parviennent de l'intérieur, parlant d'un certain Samuel. Leur conversation est lointaine, mais je capte des bribes.

— ...Samuel va faire ce qu'on lui a dit. Il n'a pas le choix.

— Je ne fais pas confiance à cet idiot Ricardo.

Les voix s'arrêtent brusquement lorsque nous entrons. Riaño s'avance de quelques pas et annonce :

Patrón, ella está aquí. (Patron, elle est ici.)

Mon corps se tend, mes mains moites cherchent une prise, n'importe quoi, pour ne pas vaciller.

La voix qui résonne dans la pièce, je la reconnais immédiatement. Juan Ábrego. Mon cœur rate un battement, mais je reste impassible. Il n'a pas besoin de voir la panique qui me traverse à chaque fois que je pense à lui.

Il se tourne vers les deux hommes dans la pièce et leur ordonne de sortir. L'un d'eux, celui qui était avec lui au bureau, me semble familier. C'est l'homme que j'ai entrevu l'autre soir, celui qui ressemblait à Juan au loin. En sortant, il me fait une révérence légère, sarcastique, et me lance :

Señora. (Madame.)

Je lève les yeux au ciel, un geste que j'essaie de rendre discret, mais il le remarque immédiatement. Un sourire ironique se dessine sur ses lèvres alors qu'il rétorque :

— Eh, pas de ça avec moi. Je suis un gentil, moi.

Je lui adresse un sourire mauvais, presque un rictus, et entre dans le bureau, la tête haute malgré la tension qui me serre la gorge. La porte se referme derrière moi, dans un claquement sec qui résonne dans la pièce.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 02 ⏰

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Muñoz por ÁbregoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant