La Pierre Mystérieuse L'élue

Chapitre 1 : Rencontre

Violaine

Si elle avait été l'héroïne d'un conte épique, elle aurait souhaité qu'il commence ainsi :

" Il était une fois dans une contrée lointaine, une jouvencelle téméraire prénommée Violaine. Elle ne connaissait pas la peur. Armée de son épée Vaillance, elle pourfendait tous les horribles monstres qui osaient se trouver sur son chemin. Nul n'était plus brave qu'elle. Son courage n'avait d'égal que sa loyauté."

On lui avait dit : « Ça te passera en grandissant ! »

Mais que nenni ! 

Bercée depuis sa plus tendre enfance par toutes ces histoires fantastiques puisées dans les livres qu'elle dévorait, son imagination n'avait aucune limite. Tant de rêveries occupaient en effet ses pensées.

Le monde l'attendait et elle comptait bien le conquérir à sa façon, espiègle et joyeuse. Grande adepte de jeux de rôles, rien ne lui plaisait plus que de partir explorer des contrées lointaines afin d'occire toutes les créatures infernales qu'elle avait imaginées.

Les princes charmants n'étaient pour elle que des personnages secondaires inutiles, périmés, obsolètes. Nul besoin d'eux pour vivre sa vie. Au contraire, ils auraient été une entrave à son besoin vital de liberté. Son ami d'enfance Tarsis, lui suffisait bien. Lui, au moins, la suivrait jusqu'au bout du monde, sans chercher à la séduire...

À l'aube de ses seize ans, elle n'aurait pu imaginer en accompagnant ses parents chiner à Duras, ce matin-là, qu'une rencontre allait totalement bouleverser sa petite vie bien organisée... Le lieu était pittoresque. Toutes ces vieilles pierres et ces ruelles pavées la plongeaient directement dans une atmosphère médiévale qu'elle adorait. Un château magnifique, témoin glorieux du passé, trônait non loin de là. Elle musardait de stand en stand à la recherche d'une bonne affaire, sous le soleil du Sud-Ouest qui tentait de percer péniblement la couche de brume matinale. Une belle journée fraîche s'annonçait. Ce vide-greniers avec sa centaine de stands, promettait d'être intéressant. Certains marchands ambulants ou camelots animaient les rues à grand renfort de cris. Certains curieux s'étaient même rassemblés autour d'eux.

Violaine quant à elle virevoltait tel un petit papillon, de table en table, déambulant dans les vieilles rues pavées.

Ici, des bijoux faits main. Pas son style ! Là, des tonnes de livres à un euro. Elle s'arrêta pour en feuilleter quelques-uns.

Ils sentaient bon le vieux livre, mais aucun n'attira véritablement son attention. Là-bas, tout un portant avec des vêtements de luxe. Elle aimait les étoffes soyeuses et elle faillit se laisser tenter. Le prix fut rédhibitoire. Trente euros ? Bien trop cher pour son maigre budget ! Elle s'en détourna assez vite.

Elle fut soudain aveuglée par un reflet étrange. Elle balaya des yeux, les étals autour d'elle, à la recherche de ce qui avait pu l'éblouir.

Elle l'aperçut enfin et s'approcha. Il s'agissait d'une petite pierre, un peu étrange, posée parmi d'autres, sur le stand juste en face d'elle.

Elle reflétait les couleurs de l'arc-en-ciel, et malgré ses connaissances en la matière (elle avait une collection interminable de pierres à la maison), elle dut se rendre à l'évidence : elle n'en avait jamais vu de semblable, même dans ses livres.

Intriguée, elle se tourna alors vers le marchand pour lui demander son prix. Il avait le regard las, semblait si vieux et si fatigué qu'elle hésita à le déranger. Leurs regards se croisèrent et les yeux du vieil homme s'illuminèrent. Il lui dit alors :

— Bonjour, jeune demoiselle. Si vous êtes venue chercher la perle rare parmi mes pierres, vous êtes au bon endroit. Laquelle désirez-vous ?

La jeune fille tendit son doigt, sans hésitation, vers la pierre multicolore.