Antidote

QUATORZE

GLACIER, MANHATTAN

Je regarde Arlo avec interrogation alors que nous quittons le glacier.

- Tu aimes les fêtes, pas vrai ?

- Ouai...

Elle me sourit et me fait signe de la suivre. Nous nous rendons à son logement étudiant, non loin du mien.

Elle m'invite à m'installer sur son lit, je m'exécute pendant qu'elle se rend dans la salle de bain avant d'en sortir les bras chargés de maquillage en tout genre. Je grimace.

- Je vais te maquiller pour notre première soirée depuis longtemps !

Son sourire me fait céder, je souris légèrement en retour.

- Si tu veux...

Je m'allonge à contre-cœur pendant qu'elle dépose tout son matériel autour de ma tête.

- Je ne veux pas de ro-

- Oui, je sais, tu détestes le rose.

Je lève les yeux vers son visage en souriant, elle me chatouille avec son pinceau sur le bout du nez.

- C'est fou... Tu as toujours eu une belle peau.

Je ferme les yeux pendant qu'elle s'attelle à me changer.

- Ça m'avait manqué de te maquiller...

Je ne dis rien, je la laisse passer le pinceau sur mon visage.

- Tu m'as manqué...

J'ouvre un œil, surprise.

- Ne me regarde pas...

Je vois des larmes dans le coin de ses yeux, mais je referme rapidement mes paupières.

- Toi aussi...

Elle ne touche plus mon visage à l'aide de ses pinceaux et un silence s'installe.

J'ouvre à nouveau les yeux et me redresse pour la regarder en face. Ses yeux sont rougis et sa bouche tremble.

Je la serre soudainement dans mes bras. Je sens sa tête se poser sur mon épaule et nous restons ainsi quelques instants. Ça faisait si longtemps...

Quand vient l'heure de partir, je m'observe dans le miroir, une robe courte à fleurs sur le dos. Vraiment pas mon style.

- Aller ! Tu es parfaite dans cette robe, allons-y !

Nous nous rendons dans la rue des maisons de fraternité et à ma grande surprise, nous passons la porte de l'une des fraternités les plus populaires.

La musique me submerge, nous nous faufilons parmi le monde qui remplit la maison, des jeux de lumière tapissent les murs, des tables sont disposées où trônent des jeux de beer pong.

- Tu vois, c'est cool !

Elle me prend par la main et m'entraîne au milieu des étudiants qui dansent. Nous dansons pendant ce qui me semble des heures, je commence à avoir soif, je m'éclipse alors pour piquer une bouteille d'alcool et me dirige à l'étage, vers les toilettes.

Lorsque j'entre dans la pièce, un jeune homme et deux jeunes femmes fument un joint, entassés dans la baignoire. Je bois une gorgée de vodka et leur échange la bouteille contre le joint. Ma tête tourne à cause du manque, cela fait longtemps que je n'ai pas pris de kétamine pour contrer les effets du craving. Peut-être que ce joint m'aidera à ne plus y penser.

Après avoir fumé et bu en compagnie des trois jeunes défoncés, je traverse le couloir dans un état différent de celui dans lequel je suis entrée dans ces sanitaires.