Tant qu'on en parle pas, ça n'existe pas.

Marqué par la perte

Bonjour à tous,

Après plusieurs semaines d'hésitation, j'ai finalement décidé de partager cette histoire. Une histoire que j'espère pourra apporter un soutien à ceux qui traversent cette période difficile, mais inévitable qu'est le deuil. Chacun d'entre nous y fait face de manière plus ou moins intense, avec un impact variable sur nos vies. Cependant, il ne nous laisse jamais indifférents face aux émotions que nous avons pu éprouver.

Je n'ai jamais vraiment aimé aborder ce sujet, mais le deuil a représenté pour moi une phase longue, marquante et douloureuse. En écrivant ces lignes, j'y vois un moyen personnel de faire la paix avec la perte de ceux qui nous ont quittés, et de leur rendre hommage.

J'espère que mes mots sauront transmettre les émotions que je souhaite partager. N'oubliez jamais que même si une personne s'en va, elle ne vous oubliera pas. Vous avez fait partie de sa vie, elle vous aimait, et elle est partie avec de précieux souvenirs de vous. Prenez soin de vous.

Je vois recommande aussi de lire les chapitres avec de la musique, pour celui ci je vous propose Home Édith whiskers

Je déambule dans les couloirs de l'hôpital, envahi par cette odeur caractéristique : un mélange de nourriture sous vide, de produits désinfectants et de médicaments. Une lumière jaunâtre éclaire le couloir, formant un contraste permanent avec la noirceur extérieure de cette saison. Le bruit de la pluie tambourinant contre les fenêtres accompagne le clapotis des gouttes dans les gouttières. L'horloge, quant à elle, rythme l'attente avec son TIC-TIC-TIC incessant. C'était un jeudi, un jour inhabituel pour rendre visite à papi à l'hôpital, car le jeudi évoquait plutôt la fin de semaine, les devoirs d'anglais et l'attente du week-end. Mais ce jour-là, il se mêlait à la pluie et à une visite hospitalière. Nous reviendrons sur ce jeudi, sans savoir encore qu'il allait marquer un tournant décisif dans ma vie.

Revenons quelques mois en arrière, en mai 2021, précisément le jour de mon 14e anniversaire. J’étais entouré de la famille de mon père : mes arrière-grands-parents, mon oncle, ma tante, ma grande cousine et mes petits cousins. L’atmosphère était joyeuse, et nous partagions un repas chaleureux qui nous redonnait de l’énergie pour la semaine à venir. L’anniversaire célébré avec la famille de ma mère avait été, quant à lui, plus triste et morose. C’était le week-end de l'Ascension, une occasion idéale pour nous retrouver et faire la fête. Nous nous amusions avec mes cousins et cousines, jouant dehors sur le trampoline ou testant nos nouvelles trottinettes électriques. À un moment, j’ai remarqué ma tante, la plus jeune sœur de ma mère, qui emmenait ma grand-mère à l'écart dans le jardin. Bien que cela ait éveillé ma curiosité, je n’y ai pas prêté plus d'attention, intrigué tout de même par l'expression inhabituelle de ma tante.

Après une balade en trottinette avec ma cousine, je suis rentré dans la maison où un silence étrange régnait. Je sentais qu'il s'était passé quelque chose, sans savoir exactement quoi. Je me suis alors souvenu de la conversation entre ma tante et ma grand-mère. Ma mère m'a demandé si je comprenais ce qui se passait. Perdu dans mes pensées, je suis resté silencieux, frappé par l'atmosphère pesante. C'est alors qu'elle m'a annoncé que mon arrière-grand-mère était décédée pendant la nuit. Mon cœur s'est serré à cette nouvelle, et j'ai croisé le regard de ma cousine, rempli de larmes.

En quelques instants, la joie de mon anniversaire s'était transformée en une profonde tristesse. Tout le monde était silencieux, absorbé par la douleur de cette perte. Ma grand-mère, le visage marqué par le chagrin, s'est approchée de moi et m'a serré dans ses bras. Elle m'a murmuré que mon arrière-grand-mère était partie paisiblement dans son sommeil, sans souffrir.

Désemparé, je me retrouvais partagé entre l'incompréhension et la tristesse. Autour de moi, les adultes chuchotaient, se remémorant des souvenirs partagés avec elle. J’ai retenu mes larmes pour ne pas inquiéter mes cousins, encore trop jeunes pour comprendre ce qui se passait vraiment. Ma cousine m'a pris la main et m'a entraîné à l'extérieur, loin de l'atmosphère pesante de la maison. Nous nous sommes assis, et elle m'a raconté des moments passés avec notre arrière-grand-mère, évoquant son sourire et ses histoires d'un autre temps. Elle me disait qu'elle était sûrement mieux là où elle était, auprès de son mari décédé près de 20 ans auparavant. Petit à petit, les larmes sont venues, et nous sommes restés là, silencieux, réconfortés par la présence l'un de l'autre. J'ai pris conscience à quel point ce moment était précieux. Malgré la douleur de la perte, je ressentais une immense gratitude pour les souvenirs et l'amour qui nous unissaient tous en ce jour particulier.

Cet anniversaire passé avec la famille de mon père restera un souvenir  inoubliable passé au cote de mes proches recréant une ambiance festive dans ce moment difficile.