𝐔𝐍𝐅𝐎𝐑𝐆𝐈𝐕𝐄𝐍

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏

Hope, Baltimore

Le bruit sourd des coups résonne dans mes oreilles. Chaque impact, chaque cri dans la salle me fait frissonner. Casey est sur le ring, dominant son adversaire avec une précision remarquable, ça en devient presque irréel. J'ai toujours assisté à ses combats mais je ne l'avais jamais vu porter des coups aussi puissants à ses adversaires. Toute la salle est en délire criant le nom de Casey, l'encouragent à poursuivre ce rythme là, mais je reste la immobile, incapable de regarder le combat qui se déroule sous mes yeux sans ressentir une pointe de dégout.

Casey est pour eux une star, un héros, que l'on adule, mais pour moi, il reste le même, celui que j'ai quitté il y a de ça quelques années, celui qui aujourd'hui me paraît comme un étranger.

J'ai le sentiment de ne plus le reconnaître, comme si depuis tout ce temps tout à changer complètement, sauf moi, qui est la sensation d'être une figure du passé vivant dans le présent.

Je suis tout au fond de la salle, assise sur une chaise aux pieds craquelés qui semble sur le point de s'écrouler sous mon poids, je serre mon téléphone contre moi, tentant de gérer ma crise d'angoisse qui monte de plus en plus. Mes oreilles bourdonnent à chaque coup qui résonne, me nouant l'estomac. Je ne suis que spectatrice de cette brutalité, l'adversaire de Casey est méconnaissable, son visage est tuméfiée de bleu, recouvert de sang, on ne distingue presque plus son nez tellement il semble enfoncé dans son visage.

J'ai toujours détesté ce sport, je m'y intéressais uniquement pour attirer l'attention de papa qui semblait n'avoir dieu que pour Casey. Papa. J'ai toujours eu le sentiment de n'être que son second choix, trouvant en moi tous les défauts qui, chez Casey, étonnamment, ne sont que des qualités. Toute ma vie, j'ai vécu dans l'ombre de mon frère, lui recevait les éloges de la famille, tandis que moi, on me blâmer à chaque erreur.

" Hope, prends exemple sur ton frère "

Cette phrase est un murmure qui me hante encore aujourd'hui.

Malgré ce sentiment d'infériorité, d'injustice, j'ai toujours été là pour lui. Quand il m'a demandé de revenir à Baltimore, je n'ai pas hésité une seule seconde, malgré son absence d'explications, juste un simple appel et quelques mots m'ont convaincu de quitter la vie que je m'étais construite au Minnesota.

Le combat semble interminable. Je ne peux pas m'empêcher de détourner le regard, mon frère assène un violent coup au visage de son adversaire qui s'écroule de tout son poids sur le ring, je grince des dents, comment peut-il aimer tant cette violence ? J'observe la foule qui hurle, scandant la potentielle victoire de Casey, mais mon regard s'attarde sur le fond de la salle, du côté opposé au miens, un groupe d'hommes, les yeux rivés sur mon frère, mais avec une intensité étrange, presque inquiétante. Ils sont les seuls à ne pas crier, ils sont assis sans un mot, un air impassible scotché au visage. Quelque chose dans leurs regards me met mal à l'aise. Je n'arrive pas à détourner le regard, mes yeux sont rivés sur un des hommes qui me semble familier, sans que je m'y attendes sont regard s'ancre dans le mien et un sourire en coin naît sur ses lèvres.

Un cri strident me sort de mes pensées, me faisant détourner le regard de cet homme. L'arbitre vient de déclarer la fin du combat. Le combat est remporté par mon frère rien d'étonnant puisque lui sans sort seulement avec quelques égratignures tandis que son adversaire n'a pas eu cette chance, il est cloué au sol dans un profond sommeil. Je devrais être fière de lui, l'admirer à chacune de ses victoires, mais tout ce que je ressens en ce moment même, c'est uniquement du dégoût et une envie viscérale de fuir. Fuir cette salle, ce monde ou la violence semble plaire. Mon regard s'attarde quelques instants sur son adversaire presque mort allongé sur le sol, une vague de nausée m'envahit. Je me lève brusquement, poussant la chaise derrière moi. Sans un regard en arrière, je me dirige vers la sortie, bien décidé à fuir cet endroit le plus vite possible.