Ecrin de soie au théâtre

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Mention de rapport intime.

Un rideau de velours rouge. Une robe de soie couleur vermeil scintille. Du rouge à lèvres sanglant orne ses lèvres. Ses mains, telles celles d'une poupée, sont finement gantées. Ses cheveux noirs sont relevés en chignon. À l'ouverture du rideau, ses yeux brillent. C'est la beauté fugace d'une soirée au théâtre. Depuis le balcon, surplombant le monde, son regard glisse du parterre à la scène. Mes yeux lui appartiennent, mon souffle est sien. Malgré moi, je prononce ces mots :

"Allons-nous en."

Ses lèvres s'étirent en un sourire délicat. Je lui tends la main, qu'elle saisit avec une curiosité empreinte de douceur. Dans un recoin secret, je l'entraîne dans la folie de mes désirs.

« Embrasse-moi.»

Elle obéit, et la vague tumultueuse de son baiser vient se briser contre mes lèvres ardentes. Son souffle saccadé, comme une brise légère, chatouille mon menton. Je prends du recul pour l'admirer. Une œuvre vivante, victime de son propre succès. Si une vitre avait empêché l'accès à ce péché, je l'aurais brisée en mille morceaux. Sa respiration fait gonfler sa poitrine, dissimulée sous le drapé rouge qu'elle a choisi pour la soirée. Du bout du doigt, je desserre la cravate qui obstrue mon souffle. À quoi bon respirer quand une telle merveille se dévoile devant nous ?

"Tourne-toi."

Une fois encore, elle obéit, silencieuse. Désormais, son dos se dévoile à mes yeux. Sa colonne dénudée, sa nuque offerte, m'invitent d'un murmure, comme un chant lointain de sirènes. Je retiens mon souffle, suspendu à l'instant, pour mieux savourer sa beauté. Sa peau, blanche et délicate telle la dentelle, frissonne sous l'attente, prête à recevoir la chaleur brûlante de mes mains. Je soulève doucement le bas de sa robe. L'attente est interminable et enivrante. Le rouge sang laisse place au blanc nacré de ses longues jambes. Je l'entends pousser un soupir ; du miel pour mes oreilles. Mes sens sont en alerte. Serais-je la proie et non le prédateur ? Victime des ondulations naturelles de sa silhouette, me voilà ensorcelé à jamais. 

Un bref mouvement suffit pour déplacer la dentelle délicate de ses bas. Se dévoile désormais à moi un écrin de velours. Il palpite, demandeur et une rosée nocturne coule lentement telle la pluie le long des pétales des fleurs. Au toucher, c'est aussi doux qu'un fruit. Est-il interdit comme celui du jardin d'Eden ? Il n'y a qu'un moyen de le savoir. Mes lèvres entrent en contact avec cette chair juteuse. C'est un nectar sucré qui coule le long de ma gorge. Ses jambes frémissent à ce contact et je les maintiens pour qu'elles ne faillissent point. C'est comme une oasis en plein désert. Jamais pareil sirop n'a jamais étanché ma soif. 

Désaltéré mais non pas rassasié, je me redresse. Les dernières barrières de tissu qui séparaient nos intimités ne sont plus. Ma main parcourt sa nuque, puis ses cheveux de jais. Son dos se creuse et son trésor caché m'accueille enfin. Notre valse autrefois douce devient endiablée. Les vagues puissantes de désir qui sans cesse nous poussent jusqu'au rivage la font gémir et bientôt ses chants s'élèvent dans la nuit. 

Je pourrais périr ainsi que je n'aurais nul regret. Je ne vois pas son regard mais je sais qu'à travers ses yeux mi-clos brille une étincelle fougueuse. Le feu de sa robe envahit mon bas-ventre. Le cœur de sa féminité reçoit la récompense de notre effort et alors que je m'écarte, ses jambes lâchent. Je m'accroupis pour la rejoindre au sol et à nouveau, nos bouches se rencontrent pour ne faire plus qu'un. 

-Cairo


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