Fruit défendu

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Dans le jardin d'Eden, mon âme virevolte ;

Libre comme l'oiseau qui au matin prend son envol.

Mes cheveux longs se balancent dans mon dos

Et le vent caresse ma peau pure.

L'herbe que je sens sous mes pieds est recouverte de rosée

Le ciel au-dessus de ma tête me protège de tout danger.

Du moins jusqu'à ce jour.


Il est né d'un souffle qui souleva la terre.

Une poignée de sable,

Une goutte d'eau,

Et un souffle de vie.

C'est tout ce qu'il fallut pour le faire naître.

Trésor nouveau, né d'un amour sans faille.


Lorsqu'il ouvrit les yeux,

Mon cœur fut saisi d'un tressaillement.

Sa peau brune, comme la terre,

Ses cheveux blonds, comme le soleil,

Et ses yeux bleus comme le ciel,

Saisirent mon âme et me donnèrent un aperçu de l'univers.

Trésor inconnu, grandissant dans mon âme.


Un jour vint où mon amour grandissant

Prit possession de mes lèvres.

Les mots les franchirent

Caressant ses oreilles attentives.

Un sourire attendri, teinté d'une noirceur

Et le regard amoureux, parsemé de nuit.

Il répondit : « moi aussi ».


Ô quelle légèreté,

Ô bonheur infini.

Nos bras s'entrelacent.

Ma solitude éternelle prit fin.

Mais l'étreinte tendre devint prison.

Comme un oiseau en cage, je tente d'étendre mes ailes

Mais ses bras pourtant si réconfortants me tiennent en otage.


« Adam ? »

Ce nom si doux sonna inquiétant.

Ses baisers envoûtés devinrent persistants.

Ses mains délicates devinrent insectes rampants.

Et sa bouche aux mots si tendres prononça des paroles insultantes.

Ma peau brûlante d'amour devint froide comme le blizzard.

Le froid s'empara de moi et me figea.

Ô malédiction d'un amour innocent.


Le fruit défendu, désormais à portée de main,

Se replia, tordant mon estomac.

Jamais auparavant n'avais-je souhaité autre protection

Que cette feuille de vigne aux couleurs vives.

Ses doigts maléfiques s'emparèrent du fruit

Et d'un cri brisé je tentai de le retenir.

Mais lorsque son regard croisa le mien,

Il susurra d'un ton malin

« Tu me l'as offert, Eve ».


Il le mordit à pleine dents.

Ô fruit sacré, mûri trop tôt

Volé aussitôt.


-Ruby

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