Soya & Dante (réédition)

Chapitre 7 : Le point de non-retour(2)

Le silence de la nuit était trompeur, le vent soufflait doucement dans la ruelle tandis que Soya, Dante et Léo marchaient vers la voiture. Leurs visages fermés témoignaient de la tension qui régnait entre eux. Les révélations de Léo avaient frappé fort. Soya sentait la lourdeur des regards invisibles peser sur ses épaules, comme si chaque mouvement était observé, chaque souffle surveillé.

— Ton contact, il est fiable ? demanda Dante en brisant le silence, ses pas résonnant sur le béton humide.

— Aussi fiable qu'on peut l'être dans ce business, répondit Léo sans détourner les yeux de la route devant lui. Il sait des choses. Des choses que personne d'autre n'oserait divulguer. Si quelqu'un peut nous aider, c'est lui.

Soya était inquiet. Son instinct lui criait que quelque chose ne tournait pas rond, mais il ne pouvait se permettre de douter de Léo. Pas maintenant. Ils étaient trop avancés, trop enfoncés dans ce monde pour faire marche arrière.

— Où est-il ? demanda Soya d'une voix plus calme, essayant de dissimuler son anxiété.

Léo sortit un téléphone de sa poche et tapa rapidement quelques messages avant de relever la tête.

— Il nous attend dans un entrepôt abandonné à quelques rues d'ici. On doit être discrets, évitez d'attirer l'attention.

Dante serra les poings, son regard durci par la détermination. Pour lui, cette rencontre représentait une opportunité de montrer qu'ils ne se laisseraient pas intimider, mais Soya voyait les choses autrement. Ils étaient sur une pente glissante, et chaque faux pas pouvait les faire basculer.

Ils arrivèrent enfin devant l'entrepôt. Le bâtiment délabré se dressait devant eux, ses murs couverts de graffitis et ses fenêtres brisées donnant l'impression que l'endroit avait été abandonné depuis des années. Pourtant, une lumière vacillante brillait à l'intérieur.

— On est là, murmura Léo en s'arrêtant.

Dante passa devant, ouvrant la porte en métal qui grinça sous la pression. L'intérieur était sombre, à peine éclairé par quelques ampoules suspendues au plafond. Un homme se tenait au fond de la pièce, assis sur une caisse en bois. Il portait un long manteau noir et fumait tranquillement une cigarette. Son visage était à peine visible sous l'ombre de sa capuche.

— C'est lui ? demanda Soya, méfiant.

Léo acquiesça et s'avança prudemment, suivi de près par Dante. Soya, quant à lui, restait légèrement en retrait, observant attentivement les moindres mouvements de l'homme. Il ne faisait confiance à personne.

— Vous devez être les fameux Soya et Dante, dit l'homme en soufflant une épaisse fumée qui se dissipait lentement dans l'air froid. Léo m'a beaucoup parlé de vous.

Sa voix était rauque, teintée d'ironie, et un sourire en coin apparut brièvement sous sa capuche.

— On n'est pas là pour faire la conversation, lança Dante d'un ton tranchant. Léo dit que tu as des informations. Alors parle.

L'homme lâcha un petit rire avant de se lever. Il s'avança doucement vers eux, son regard perçant scrutant chaque détail de leurs visages.

— Du calme, mon ami. Je vais tout vous dire. Mais avant, vous devez comprendre que le jeu auquel vous jouez est bien plus dangereux que vous ne le pensez.

Soya sentit un frisson le parcourir. Il avait déjà entendu ce genre de discours auparavant, mais cette fois, cela semblait plus réel. Plus menaçant.

— On sait dans quoi on s'embarque, répondit Soya, d'une voix plus posée que celle de Dante. Mais si tu sais quelque chose qui peut nous aider à rester en vie, on est prêts à écouter.

L'homme acquiesça lentement avant de jeter sa cigarette sur le sol et de l'écraser du bout de sa botte.

— Très bien. Voilà ce que je sais. Vos actions récentes n'ont pas seulement attiré l'attention du cartel. D'autres groupes commencent à s'inquiéter de votre montée en puissance. Ils vous considèrent comme des menaces potentielles, et certains sont déjà prêts à vous éliminer.

Dante croisa les bras, l'air impassible.

— Rien de nouveau. Qu'est-ce que tu as d'autre ?

L'homme fit un pas de plus vers eux, baissant légèrement la voix.

— Ce n'est pas juste des hommes de main qui sont après vous. Il y a des figures bien plus puissantes impliquées. Des gens que vous ne voudriez jamais croiser. Vous avez mis les pieds sur un terrain miné, et si vous ne faites pas attention, ils vous écraseront sans hésitation.

Soya et Dante échangèrent un regard. C'était pire que ce qu'ils imaginaient. Ils savaient qu'ils avaient des ennemis, mais s'ils étaient maintenant la cible des plus grands... la situation devenait incontrôlable.

— Alors, que doit-on faire ? demanda Soya, essayant de garder son calme malgré la panique qui montait en lui.

L'homme haussa les épaules, un sourire énigmatique sur le visage.

— Pour l'instant, restez sous le radar. Ne faites rien qui puisse attirer davantage l'attention. Et surtout, soyez prêts. La tempête arrive, et quand elle frappera, vous devrez être plus malins que vos ennemis si vous voulez survivre.

Le silence qui suivit ses paroles était assourdissant. Soya sentit son cœur battre à tout rompre. Il regarda Dante, espérant y trouver un signe de réconfort, mais son ami restait impassible, comme s'il acceptait déjà leur sort.

— On s'en sortira, déclara finalement Dante en se tournant vers Soya. On a toujours réussi à s'en sortir.

Mais cette fois, Soya n'en était plus aussi sûr.