Chapitre 2

12 1 2
                                    


« Rejoins-nous au loft 152, 22h tapante. A. »

Je ne sais pas qui est l'auteure de ce message mais je compte bien me rendre à cet endroit, malgré mes peurs. De toute façon qu'est-ce qu'il peut arriver de toute façon. Je me fais tuer... pas de problème il faut bien mourir de quelques chose. Je me fais kidnapper... ça rajoutera du piquant à ma vie. Je ne vois pas ce qui peut arriver de pire que ce que j'ai vécu.

Je sors pour repérer l'endroit où je dois me rendre ce soir, le loft se trouve juste en face du mien. Trois personne qui doivent avoir la vingtaine, sont adossés à la porte. Ils me regardent en fumant leur cigarette, un gars arrive et les interpelle, ils rentrent sans me lâcher du regard.

Je retourne chez moi et m'allonge sur mon lit, il est à peine dix-neuf heures, le temps va être long. Je sors mon bouquin et connecte mes écouteurs. Je lance ma playlist et commence à lire. Ce n'est que quand je jette un coup d'œil à mon téléphone car la playlist est arrivé à sa fin que je me rends compte qu'il est vingt et une heure trente. Je me dirige vers la cuisine et me prépare des pâtes.

Je mets un jogging pour être plus à l'aise et un teeshirt large violet pale. Je relève les cheveux en une queue de cheval haute et me passe de l'eau sur le visage. Je mange en vitesse et à vingt-et-une heure cinquante-neuf, je suis devant le loft 152.

Je toque et la femme qui m'a donné le papier m'accueille en souriant.

- Emma, entre ma chérie.

Comment connaît-elle mon nom ? Je ne l'ai dit à personne, hormis Léophel et la réception. La femme pose sa main sur le bas de mon dos et me pousse vers l'intérieur. Des gens sont assis en rond autour d'une table basse dans le salon, je reconnais les quatre personnes que j'ai aperçu devant la porte mais le reste me semble inconnu.

- Assis toi, déclare une voix grave derrière moi. Mimi va chercher à boire s'il te plaît, le spectacle risque d'être divertissant.

Je m'avance vers la chaise désignée et m'y assoit. Cette voix, je la connais, j'en suis sûre je ne sais pas d'où mais je la connais.

- Quand on m'a dit que tu étais ici, je ne le croyais pas... mais maintenant que je te vois.

La voix s'éloignait au fur et à mesure qu'il parlait, j'entendis une porte claquée, puis plus rien. Tout le monde me fixe à présent, un des jeunes que j'ai aperçu cette après-midi prend soudain la parole.

- Donc tu es Emma, me dit la jeune femme, moi non plus je n'y croyais pas quand Mathilde a dit t'avoir croisé dans les couloirs.

- Je n'y croyais pas non plus, avoue la dénommée Mathilde en revenant de la cuisine.

C'est la vieille femme que j'ai bousculée ce midi, celle qu'il a appelé « Mimi » Ça doit être quelqu'un de proche pour lui, car la femme a l'air de se faire respecter et nullement appelé par son surnom.

- Et tu es venue pour faire quoi cette fois-ci ?

Je sursaute, ces gens connaissent mon passé, ils savent ce que j'ai vécue. Ils savent tout ce que j'ai tenté d'oublier, ces gens vont me détruire.

Je reste muette, je ne veux pas répondre, il vienne de poser la question, celle qu'il ne fallait pas poser.

- Alors, tu as perdu ta langue ? Tu veux qu'on vérifie ? Me demande un homme qui doit avoir mon âge.

- Non, répondis-je simplement.

- Ah elle parle maintenant, s'étonne une femme qui doit avoir la trentaine.

- Ne fais pas attention à eux chérie.

La douce voix de Mathilde résonne dans mes oreilles, elle ne semble pas appartenir à ceux de ce groupe. Mais les apparences sont souvent trompeuses, cette femme pourrait-être d'une cruauté.

Les personnes commencent à discuter entre elles et je me sens exclue car comme à chaque fois je n'ai pas ma place.

- Je te sers quelques chose Emma ? Me demande un des hommes assis à la table.

- Non merci mais c'est très aimable de votre part.

- Et polie en plus je comprends pourquoi le patron a...

Le silence s'abat dans la pièce, plus personne ne parle, on pourrait entendre les mouches volées. L'homme qui me parlait s'est tue et a plaqué une main sur sa bouche, comme s'il avait compris qu'il avait fait une erreur. Il parlait de son patron mais je n'ai pas entendu la suite de sa phrase.

- Il serait temps de t'acheter un cerveau Mikael, intervient la brune qui m'a parlé au tout début, tu sais très bien quels sont les sujets tabous.

- Je suis désolé Océane, je... s'est sorti tout seul et...

- Tais-toi, promet juste que tu ne recommenceras plus et tout se passera bien.

- Promis.

Mikael baisse la tête, il a l'air tellement mal qu'il me fait penser à moi. Océane me fixe intensément, est-ce elle la patronne car ses attitudes autoritaires me font penser que oui. Pourtant il me semble qu'il a dit « le patron » et non « la patronne ». Cet homme dont la voix m'a semblé familière est peut-être le boss. Que de questions sans réponses.

- Sinon Emma, dit-elle en se tournant vers moi un air mauvais collé au visage, comment t'es-tu retrouvée ici ? Dans ce centre ? Plus de parents c'est ça.

Comment ose-t-elle parler de mes parents, si je suis là c'est à cause d'eux et elle le sait.

- Tu n'es qu'une salope ! M'écrie-je, comment oses-tu parlé de chose que tu ne comprends pas !

- Moi une salope, mais alors qu'est-ce que tu es toi, une traînée ? Une pute ? Et puis qui te dis que je ne comprends pas. Enfin Emma tu ne me reconnais pas j'ai tout vécu...

- Océane ! Hurle cette voix, viens ici tout de suite si tu ne veux pas finir en hachis.

Ok, il est définitivement le patron, sinon elle ne serait pas en train de se chier dessus, littéralement. La jeune femme se précipite dans la pièce et tout le monde la regarde partir avant de reporter leur regard sur moi. Je n'ai pas besoin d'autant d'attention, ça me fait stresser plus qu'autre chose.

Je me lève et me dirige vers la porte mais une main retient mon bras, m'empêchant de sortir.

- Tu ne vas pas t'en sortir comme ça toi, t'as mis le boss en colère et on va tous prendre cher, alors toi aussi, sale pute.

- Adam laisse-la partir, ce n'est pas sa faute.

Mathilde arrive à mon niveau et enlève la main du garçon de mon biceps.

- Elle n'a pas a payé des excès de colère du patron, vas-y ma chérie. Mais reviens demain à la même heure sinon nous irons te chercher de force. Nous savons où tu loges Emma ne l'oublies pas.

Je franchis la porte en tremblant, dans quel merdier je me suis encore fourrée, je n'aurais jamais dû me rendre à cet endroit enfin de mon plein gré car il serait certainement venu me chercher de force.

Je fais quelques pas pour atteindre mon loft et frappe un coup avant d'entrer, quand j'entre dans ma maison je m'allonge directement sur mon lit. Finalement ce n'étais pas une si bonne idée, je me suis dit que tout ce qui pourrait m'arriver ne serait pas grave. Mais je me suis trompée, rien ne pouvait m'arriver de pire que ça.

Je mets mon pyjama puis m'allonge sur mon lit, Léophel ne va se sûrement pas dormir ici ce soir, il profite sûrement de sa première soirée en tête à tête avec Carla, et il a bien raison.

Mais je ne peux pas dormir si personne n'est dans la même pièce que moi. Je vais dans la salle de bain pour prendre ma douche, l'eau fraîche m'aide à réfléchir et a faire le point sur tout ce qui s'est passé aujourd'hui.

Quand je retourne dans la chambre, une boulette de papier est posée sur mon oreiller. Je la déplie et me retourne aussitôt après avoir lu. Je regarde autour de moi d'un air paniqué et précipité. C'est quoi ce bordel ?!


PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant