Excellence

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Gabriel se réveilla tard ce matin-là, bien après l'heure habituelle. Le soleil déjà haut dans le ciel perçait à travers les rideaux épais de sa chambre, éclairant doucement les draps froissés autour de lui. Son téléphone posé sur la table de chevet affichait 10h12. Il poussa un soupir en s'étirant, une légère tension dans le corps, un reste de la nuit agitée qu'il avait vécue.

Les échanges avec Jordan la veille l'avaient laissé avec un étrange mélange de satisfaction. L'audace de ses messages et photos, inhabituelle pour lui, résonnait encore dans son esprit, mais ce matin, l'excitation avait fait place à une certaine gêne. Le jeu de la veille était terminé, et maintenant, la réalité le rattrapait. Il avait d'autres préoccupations plus lourdes, plus sérieuses, à gérer.

Gabriel prit quelques minutes pour émerger complètement, puis il se leva, traînant un peu les pieds jusqu'à la salle de bain. Le miroir reflétait son visage fatigué, ses traits marqués par le manque de sommeil. Après une douche rapide et revigorante, il s'habilla sobrement : une chemise bleu pâle, un pantalon noir bien ajusté. Ce matin, il devait être impeccable. Il avait rendez-vous avec un médecin renommé, spécialiste dans le traitement des cancers avancés. Gabriel espérait que cette rencontre apporterait un semblant de solution, un espoir, aussi mince soit-il.

Avant de partir, il s'assura d'avoir tous les documents nécessaires pour le rendez-vous. Les rapports médicaux de son père, les scans et bilans, tout était soigneusement rangé dans une pochette en cuir. Il regarda une dernière fois son téléphone, hésitant à envoyer un message à Jordan. Finalement, il décida de le mettre en mode silencieux et le glissa dans sa poche. Il y avait plus urgent aujourd'hui.

Il sortit de chez lui et prit la direction du cabinet médical, une clinique privée au cœur de la ville, réputée pour accueillir les plus grands spécialistes. La course en taxi fut rapide, et à 11h30, Gabriel se tenait devant l'imposant bâtiment de verre. Il inspira profondément avant d'entrer, essayant de contenir l'inquiétude qui grandissait en lui.

Une fois à l'intérieur, il fut conduit dans une salle d'attente luxueuse, où chaque détail semblait pensé pour apaiser les patients et leurs proches. Après quelques minutes, un assistant lui indiqua que le Dr. Lefebvre, l'oncologue en charge, était prêt à le recevoir. Gabriel se leva d'un bond, les nerfs tendus.

Dans le bureau du médecin, tout était d'une froide sobriété. Le Docteur, un homme dans la cinquantaine, aux cheveux grisonnants et à l'air sérieux, feuilletait les documents que Gabriel avait apportés. Après quelques minutes de silence, il leva enfin les yeux sur lui.

« Monsieur Attal, j'ai bien étudié le dossier de votre père » dit-il d'une voix mesurée. « Le cancer est à un stade trop avancé. Je crains que les options thérapeutiques classiques ne soient plus viables dans son cas. »

Le cœur de Gabriel s'alourdit immédiatement, mais il s'efforça de rester calme. « Il y a forcément quelque chose à faire, non ? Vous avez des traitements expérimentaux, des essais cliniques... On peut essayer quelque chose. »

Le Dr. Lefebvre soupira légèrement, posant ses mains jointes sur le bureau. « Je comprends votre désir de trouver une solution, mais les chances de succès, même avec des traitements expérimentaux, seraient extrêmement faibles. Et ces traitements peuvent être très invasifs, avec des effets secondaires lourds. À ce stade, il s'agit surtout de garantir une qualité de vie acceptable pour le temps qu'il lui reste. »

Les mots du médecin frappèrent Gabriel de plein fouet. Ses mains tremblaient alors qu'il se penchait en avant, ses pensées s'embrouillant.

« Alors... vous refusez de prendre son cas ? » demanda-t-il, sa voix plus faible, presque brisée.

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